CRUSH ( carter )

Tu ne sais pas vraiment ce que tu fais là, au milieu de cette foule, un flyers à la main. T'es paumée au milieu d'une pièce, une estrade un peu plus loin et des bannières accrochées au mur qui semble vouloir dire Carter Evrett. Gênée t'as les doigts qui s'accrochent à l'ourlet de ta jupe, tirer sur un fil qui dépasse, pour essayer de canaliser ton stress.
Ta dernière expérience en pleine foule s'est mal terminée, le 4 juillet qui résonne encore dans ton crâne, t'observe autour de toi pour vérifier qu'il n'y pas de soldats, que personne est armé, que t'es en sécurité.
Tout ça pour quoi ? On t'as promis des gateaux et à boire, quand on t'as refilé l'invitation : une jolie brune déterminée qui t'as demandé de venir ici à telle heure sans vraiment t'expliquer.
On a besoin de jeunes comme toi, différentes
Qu'elle avait dit en passant une main dans tes cheveux au rose délavé. T'avais pas vraiment compris le pourquoi du comment, t'avais juste retenu la promesse de la nourriture et ça t'avais suffit.
Jusqu'à maintenant.
Parce que la nourriture ne semble pas être en vue, et qu'il y a beaucoup de gens à la discussion enflammée, ils parlent de changer l'avenir de la ville, d'un certains Carter (( le fameux )) et du fait qu'Arthur semble être dépassé.
Bon sang.
C'est ennuyant.
Doucement tu te faufile entre les gens, longer le mur à la recherche de ce fameux buffet, les yeux baissés pour ne rencontrer le regard de personne, éviter d'engager la conversation. Et tu dirais quoi de toute façon ? Jolie cravate ?

Il y a une porte sur le côté de l'estrade, personne ne semble prêter attention à toi alors que tu l'ouvre, arrivant dans une pièce bien plus calme.
Tu ne peux t'empêcher de soupirer, l'envie de parler tout haut qui revient, tu garde tes mots sur ta langue, car t'as bien compris qu'il ne fallait plus que tu fasse ça sans être certaine qu'il n'y ai personne pour te regarder marmonner. Parait que t'as l'air folle quand tu fais ça (( quelle blague )).
Ton regard semble s'illuminer, quand tu vois devant toi une table remplie de nourriture, le genre de chose qu'il n'y a pas à l'Eglise (( t'en as assez des pommes de terres )). Sans te faire prier tu commence à te servir, et il te faut un moment pour comprendre que tu n'es pas seule. Tu manque de t'étouffer à moitié entre surprise et panique, le coeur qui manque un battement quand tu dévisage un peu plus la personne qui se tient là.
Et le rouge qui te monte aux joues.
Impossible à contrôler.
C'est toujours pareil quand t'as le coeur qui chavire au premier regard.
Si tu pouvais tu lui dirais d'arrêter.
Tais toi mon coeur.
Fleur bleue impressionnable, tu te sens soudain stupide, avec ton gateau dans la main et ta robe un peu trop gamine.
Pardon
C'est tout ce que t'arrive à marmonner, entre deux toux sèches, réussir à ne pas t'étouffer avec ce foutu gâteau.
Ah non Divina, tu vas pas recommencer
Monsieur Cornes qui s'invite à la danse, toujours là quand tu perds le contrôle, tu deviens surement, un peu trop blanche.

T'as l'impression d'avoir les joue sen feu, toujours mauvaise face aux adultes, faces aux hommes, face à leur voix, à leur sourire, à leur regard. t'as le coeur qui joue au chamboule-tout, une fois, deux fois, trois fois par jour. Suffit qu'on te regarde un peu trop, qu'on te parle comme si t'étais quelqu'un et t'as le palpitant qui danse la java. Devant toi Monsieur Cornes fait les gros yeux, il n'en peut plus de te voir te transformer en gamine trop naïve à chaque fois. Il n'en peut plus de te perdre pour une mâchoire bien dessinée ou une barbe de trois jours. Il n'en peut juste plus.
Mais toi t'y peux rien.
c'est comme ça depuis toujours.
Trop longtemps.
Divina au cœur marshmallow, des heures à imaginer des romances qui n'arriveront jamais, trop impressionnable, parait que c'est une maladie. (( Et ton médecin qu'en serait la cause )).
Ha. Pendant un instant tu repense à ton docteur caramel, boule dans la gorge parce que tu n'avais pas prévu. T'as le gâteau dans la bouche qui prend un goût amer alors que l'homme devant toi prend enfin la parole.
Bonjour ! je ne suis pas sur que les personnes qui ont préparé ceci .. soit très contente de voir qu'il manque du gâteau avant le meeting.
Tu déglutis lentement et commence à reposer le reste de la part, peut être que personne ne remarquera rien si tu fais ça, peut être que l'homme charmant ne te dénonceras pas.
mais c'est vrai qu'il a l'air si bon qu'on a envie d'y goûter.
Non. peut être qu'il ne te dénonceras pas en effet.
Tu tousses un peu, t'éclaircis la gorge pour prendre la parole.
Je pensais qu'on avait le droit...
La justification stupide qui sort de tes lèvres, tu te sens idiote. Bon sang. Si idiote.
C'est juste qu'Heather. Non. Harper ? Celle qui m'a donné le flyers m'a dit qu'il y aurait à manger
Que tu bafouille tant bien que mal, retrace tes souvenirs dans la rue, de la femme qui t'as convaincue de venir à ce meeting alors que toi la politique t'y comprends rien de rien, tout ça pour du gâteau et être au chaud un moment.
T'es vraiment débile Divina, elle t'as parlé de gâteau pour te faire venir, mais je pense que là on est pas au bon endroit
Les mots de ton ami qui te font grimacer, tu tournes la tête pour le fusiller du regard, avant de te rappeler que tu n'es plus seule.
Mais il est bon, vous devriez y goûter...
Le rose qui revient aux joues alors que tu le regarde droit dans les yeux, il te dit quelque chose mais tu ne sais pas d'où, la mémoire stupide, vacillante.
Ca pourrait être notre secret ?
Entre innocence et complicité, t'es la reine des yeux de biches et des regards suppliants, t'es la reine des mensonges et des faux semblants.
S'il tombe dans ton panneau d'enfant perdue, il est vraiment con.
tais toi pensé très fort, tu ignore Monsieur Cornes, le coeur qui bat.