A Series of Unfortunate Events

“In this book, not only is there no happy ending, there is no happy beginning and very few happy things in the middle.”
― Lemony Snicket,

Être seul avec ses pensées, quelque chose dont il aurait rêvé il y a encore quelques mois. Be careful what you wish for eh ? Dos au mur de béton gris, face au mur tout aussi gris. Les yeux clos, la silhouette de Stanislas respire la tranquillité. On pourrait presque croire qu’il médite, ou qu’il dort, une jambe repliée, sa main posée sur son genou. On l’imagine presque sous un arbre en pleine été, a apprécié les rayons du soleil sur sa peau gelée.

La réalité ? Elle est tout autre. Puisque cette silhouette si tranquille, est couverte de bleu, plus ou moins rouge, plus ou moins noir, plus ou moins jaune, plus ou moins rouge … un fabuleux canva. Pas que le russe soit étranger au trace de coup non. C’était même habituel chez lui d’avoir un corps marqué. Peut être juste pas à ce point, pas avec des nouveautés constantes. Son corps, d’habitude si robuste, si enclin à ne pas montrer le moindre signe de faiblesse, n’entend plus l’intérêt de cacher les stigmates derrière une rigidité inutile.

Il tremble Stanislas, et s’il ne bouge pas, c’est parce que le moindre geste lui tire une grimace, lui donne des envies de s’éclater le crâne contre le mur. Il y a pensé, plusieurs fois, mais la peur de se louper surpasse l’intérêt du geste. Ils lui feraient regrettés toute tentative d’échapper à leur torture. Il le sait. La compris dès l’instant où son ancien collègue l’a marqué. Dès l’instant où sa nuque a arboré ce M dégoutant. Il a su. Ce n’est plus lui qui décide de sa vie. Ce n’est plus lui qui a les cartes en main. Lui, il peut juste apprendre à faire avec.
Combien de jour ? De nuit ? D’heure ? De minutes ou de seconde ? Il aimerait dire qu’il sait, qu’il a compté, que son cerveau habituellement si bon avec les chiffres avait suivi, mais non. Il n’avait aucune idée du temps qui était passé depuis son entrée dans cette cellule sans lumière naturelle. Dans cet environnement ultra contrôlé où les seules interactions qu’il avait été avec ces bourreaux.

Parfois, aussi, il voit des choses Stan, des choses qui n’existent pas, des angoisses qui se dessinent sur les murs, des voix qui n’appartiennent à rien d’humain. On lui a dit que c’était à cause du sevrage brutal de « toutes ses merdes ». Enfin, on, elle. Elle lui a dit. Elle lui a fait comprendre que c’était terminé pour lui, qu’elle le ferait parler, qu’importe s’il y laissait sa sanité.
Le gel tapisse les parois, toujours aussi indomptable, hurlant face à cette captivité. Le russe n’a plus retrouvé ne serait-ce qu’une once de contrôle depuis cette horrible soirée. Depuis ce geste duquel sa culpabilité ne fait que se nourrir.
Peut-être est-ce pour ça qu’il ne le vit pas aussi mal que ces voix qu’il entend à l’extérieur, qu’il n’hurle pas comme les autres mutant, qu’il n’a jamais chercher à se débattre ou s’enfuir. Peut-être n’est-ce pas juste son instinct de survie. ((puisqu’il n’est pas idiot, il a vu les armes, il a entendu les coups, il a saisi que les voix les plus proche de lui avait déjà changé, il sait qu’il ne fera pas de vieux os)). Peut-être est-ce cette certitude que finalement… il est là où il devrait être entre ces murs.

Là où il ne peut faire de mal à personne, sauf à lui-même.

Les dents serrés par la douleur, il s'était hissé à la petite échelle de la sortie de secours, pour la remonter jusqu'au toit.  Son regard qui avait balayé l'étendue vide, guettant le moindre bruit qui signalerait qu'on l'avait remarqué et qu'il devait partir vite. De longues minutes à juste attendre, sentant son cœur s'accélérer légèrement à la pensée de ce qui pouvait arriver si jamais quelqu'un l'avait entendu. Un gardien mécontent s'il avait de la chance, les flics s'il avait un peu moins, une brigade juste pour lui s'il n'en avait pas du tout. Un long quart d'heure à attendre, les coups d’œil qu'il avait aussi jeté en contrebas, sur ce qui avait jadis été une école à quelques centaines de mètres, avant de finalement décider que personne ne l'avait remarqué. La couverture qu'il avait sortie du sac, suivi d'un épais bloc-note et d'un marqueur, posés sur le sol avec la boite de aspirine et la bouteille d'eau, avant de s'asseoir par terre, appuyé contre le mur de l'accès à l'escalier intérieur. Il aurait aimé une autre solution qui n'impliquait pas d'être autant à découvert, mais c'était toujours mieux que le parc. La montre qu'il avait enlevé de son poignet, avant de la poser avec le reste. 14h30. Largement le temps pour ce qu'il voulait faire, avec un peu de rab pour être sur de disparaître du secteur avant le début du couvre-feu. Un dernier regard aux alentours alors qu'il s'enroulait dans la couverture et se calait mieux contre le mur avant de fermer les yeux. D'invoquer ses pires angoisses, sa réalité depuis quelques semaines, et les laisser prendre le dessus sans même essayer de lutter un peu.

Ces derniers temps c'était l'absence des tiraillements qui l'assurait qu'il était passé sur le plan astral, et il ne s'était pas attardé sur le toit plus longtemps. La prison qu'il avait rejointe presque sans y penser, remontant les rues qui y menaient sans même y prêter attention, jusqu'à se retrouver devant la porte qu'ils avaient emprunté le soir de l'évasion. Pas venu depuis, autant pour éviter de se faire remarquer quand ça n'était pas le moment que pour éviter de retourner le couteau dans la plaie toujours béante de l'absence. Mais maintenant c'était plus calme, les recherches n'étaient plus aussi drastiques qu'au début, et puis il voulait savoir. Quelles conséquences ça avait eu sur la sécurité du lieu, sur son fonctionnement. Sur ceux qui étaient toujours prisonniers. Les couloirs qu'il avait parcouru, notant les différences ou leurs absences, avant de revenir à son corps un peu plus d'une heure plus tard pour consigner ce qu'il avait trouvé. D'en repartir, pour explorer plus avant, s'aventurer du côté des cellules. De leurs locataires, beaucoup qu'il avait déjà vu lors de ses précédentes visites, trop de nouveaux visages, mais il avait préféré ne pas se faire remarquer et rester invisible. Pas de gorge, mais ça ne l'avait pas empêché de se serrer alors qu'il traversait les murs pour compter. Trop, beaucoup trop, et personne dehors pour lever le petit doigt. Cette même idée qui revenait tournoyer, comme des mois auparavant quand il s'était retrouvé à l'intérieur de cet endroit, et ce que ça lui avait coûté ensuite, mais ça ne l'empêchait pas d'être là.

Et puis le vide soudain, brutal, alors que son regard se posait sur les murs de la cellule où il se trouvait. Blancs de glace. No... No no no... Le demi-tour soudain, dans un coin de la cellule puis à l'opposé, avant de finalement trouver la silhouette dans la pénombre. Non, ça n'était pas possible, ça ne pouvait pas, c'était un autre avec un pouvoir similaire, pas... No... Le retour au couloir, de l'autre côté de la première porte, avant de revenir presque aussi vite là où il était quelques secondes auparavant. Ce qu'il avait essayé d'oublier, d'accepter, depuis des semaines qui refaisait surface, accompagné d'autres angoisses, nouvelles, anciennes, peu importe. L'envie de hurler, pour au moins défouler ce qui lui faisait si mal, mais ça n'aurait servi à rien sur ce plan, pas d'air à expulser pour essayer de canaliser un peu. Pas de larmes malgré celles qui brûlaient ses yeux astraux, pas de bras pour le serrer contre lui, pas de corps pour l'aider à se réchauffer, au moins un peu. Rien, juste du vent, qui s'était approché, à genoux dans le sol, les yeux rivés à ce qu'il voyait. Zuva... I'm so sorry... I should've come sooner... Parce que ça faisait un moment qu'il était là, les différentes couleurs sur sa peau qu'il pouvait distinguer malgré la pénombre le prouvaient, mais combien de temps exactement? Quand? Sa main qui s'était tendue vers lui, instinctive, avant qu'il ne la retire, sachant que ça ne servirait à rien. Le regarder encore un moment, avant de réussir à se concentrer pour rester au même endroit, un peu plus pour qu'un murmure se fasse entendre sur l'autre plan. Stan... I'm here...

« Stan… »

Il a les muscles qui se tendent le russe. Cette voix, il la connait trop bien, son nom prononçait ainsi par lui. Il l’entend beaucoup trop souvent. C’est juste plus calme aujourd’hui. Ce n’est pas un cri, c’est pas une supplique. Ce n’est pas un hurlement. Il a le cœur qui s’emballe, terrifié à l’idée d’ouvrir les yeux, de le voir dans un coin de la cellule, le corps déchiqueté, les membres brisés, les lèvres ensanglantés. Ça le fait trembler. Il ne voulait pas voir ça, ne voulait pas l’entendre le supplier, l’entendre lui dire : Pourquoi t’as fait ça ? Tu m’as détruit Stan. T’es la pire chose qui aurait pu m’arriver Stan. Pas maintenant. Son cerveau malade le détruisait un peu plus chaque jour. Il ne sait plus ce qui est réel ou non. Il n’y a pas trois « sorties », il avait cru l’entendre, dans la cellule d’à côté, l’entendre hurler de le laisser tranquille. L’entendre hurler d’arrêter, qu’ils lui faisaient mal.

Ses bourreaux étaient venu dans les minutes qui ont suivie, lui ordonnant de contrôler le gel, de remonter sa température, d’arrêter de jouer aux imbéciles. Il n’avait pas peur d’eux Stan, il avait peur pour lui. Il était persuadé qu’il était là. Alors il a essayé de demander, si son voisin avait changé. Avare aux mots, ils les avaient rendus perplexe par sa question. Ils avaient souri. Lui avait fait comprendre que ce n’était pas des questions auxquelles ils répondraient et puisqu’il n’avait pas su se calmer. Elle était venue. Elle s’était joué de ses angoisses. Lui affirmant que oui, il avait changé de voisin, que c’était sans doute un de ces amis , qu’on l’avait récupéré dans le même coin que lui. Pas de coup à ce moment, pas physique. Elle l’avait laissé à ses angoisses, laissé croire qu’à côté, ce n’était plus l’homme qui pleurait et suppliait d’une voix aiguë, mais lui. Il avait entendu sa voix chaque fois qu’il avait fermé les yeux, l’avait entendu hurler. Arrête les Stan ! Tu m’avais promis de me protéger Stan ! J’ai BESOIN de toi Stan. cauchemar bien trop réel.

« I’m here. »

Il déglutit l’homme. Il ferme les yeux plus fort alors que ses tremblements s’accentuent. Non, non, non, non. Pas encore. Pitié pas encore. Il lève son bras, le droit, mutilé, brûlé, détruit, il n’a plus énormément de mobilité. Le gel lui avait presque complétement bouffer le muscle. Les terminaisons nerveuses ne répondent plus vraiment. Ses gestes sont saccadés. Le froid a gagné. Il a gagné depuis l’instant où il a marqué l’illustrateur. Sa main se presse contre son front alors qu’instinctivement il se met à se balancer d’avant en arrière. Essayant de repousser l’illusion qu’il refuse de voir, refuse de revivre. Il refuse d’avoir à tendre l’oreille, de se sentir soulager quand la voix terrifiée de son voisin retenti, il refuse. Non, Rahim n’est pas là. Rahim ne peut pas être là. Rahim est en sécurité. Et c’est une litanie qu’il entonne pour faire taire l’hallucination. Pour ne pas qu’elle prenne trop de place.

« He’s not here, he’s not here, he can’t be here, he’s safe. He’s not here. He’s safe, he’s home, he’s not here. »

Il l'avait entendu, mais ça n'était pas vraiment la réaction qu'il avait espéré. La panique qui s'installait un peu plus, alors qu'il regardait l'homme se tendre, se refermer un peu plus sur lui-même, trembler. Ce qu'il avait subi il s'en doutait, au moins un peu, mais jusqu'à quel point? À quelle fréquence? Il savait que Stan pouvait encaisser, qu'il était résistant, mais ce qu'il avait devant lui montrait une nouvelle fois que personne n'était parfait. Ça et l'envie de caresser sa joue, là où c'était encore possible, de le prendre dans ses bras aussi délicatement que possible et lui souffler que ça irait. Mais ça n'était pas possible. Et puis il y avait l'autre question, plus insidieuse, plus dangereuse: est-ce que le russe avait cédé, et parlé? D'autres mutants, des informations sur la Malum - les rares qu'il devait avoir - ou n'importe quoi qui pourrait intéresser l'U-AM, mais surtout... Est-ce qu'il avait parlé de lui? Il en doutait, l'homme aurait trouvé un moyen de se tuer plutôt que de le mettre en danger, leur dernière dispute avait au moins eu l'avantage de le confirmer, mais une résistance ça se brisait, et il ne serait pas le premier à tomber. Il ne lui en voudrait même pas, mais il allait devoir trouver un moyen de savoir.

Le regarder se balancer d'avant en arrière et avoir l'impression de sentir son cœur se briser, même s'il savait qu'il l'avait laissé à des centaines de mètres de là. S'avancer un peu, à côté de lui, assez pour voir le noir menaçant sur sa nuque. Fuck... Évidemment que son chemin avait croisé l'autre taré dont Brooke lui avait parlé, et ça l'inquiétait un peu plus. Non, Stan était toujours vivant, toujours en train de respirer, de débiter des mots qui s'enfonçaient comme des lames là où aurait été sa poitrine. Toujours en train de vouloir s'assurer de sa sécurité alors qu'il aurait mieux fait de se préoccuper de lui. I'm sorry... Pour tout. Parce que quelque part, c'était de sa faute. Ne pas lui avoir parlé. Ne pas lui avoir dit. N'avoir même pas essayé. Est-ce que ça aurait été plus simple, ou évité qu'il se retrouve dans une cellule de cet endroit qu'il n'avait plus jamais évoqué après cette fois dans la cuisine? Peut-être, ou pas, mais ça ne l'empêchait pas de s'en vouloir. I'm sorry... I didn't want to lose you... I was so scared of you just... Leaving and never coming back... 'Cause you'd realize that it's just not worth the trouble... 'Cause I'm not worth it... Mais c'était facile de le dire comme ça, sans que l'homme puisse entendre, même s'il était juste à côté de lui. Ça ne changeait rien, ça ne servait à rien, même pas à soulager la douleur qui l'assaillait même sur ce plan.

Se relever et aller faire un tour dans le couloir, juste le temps de s'assurer que personne ne venait dans cette direction, avant de revenir. De se placer à côté de son meilleur ami, imitant sa position, son épaule presque collée à la sienne s'il avait eu un corps. Les yeux au plafond à réfléchir un moment, à juste le regarder, détailler les dommages laissés par son séjour dans cet endroit maudit, la couleur alarmante de sa main. Combien de temps? Et un mime de soupir alors qu'il se concentrait, juste assez pour se faire entendre par lui. Stan... Dear... You remember I can be "here" and "not here", don't you? L'inquiétude qui perçait dans sa voix, la difficulté de se concentrer, malgré tout le contrôle qu'il essayait de garder. I'm not home, but I'm safe. Well, never enough for you, but I try harder now... Pas l'exacte vérité, mais ça s'en approchait assez, le toit était après tout beaucoup plus sûr que le parc d'où il partait avant. How are you? ... I mean, I know you're okay and it's nothing, but... You know... Est-ce qu'il était encore assez borné pour tenir bon malgré tout? Pour vouloir toujours s'accrocher et survivre? Parce que c'était peut-être ça qui l'inquiétait le plus, que Stan finisse par juste abandonner et se laisse mourir entre ces quatre murs, ou trouve un moyen pour qu'un de ses tortionnaires le fasse à sa place. Parce que le savoir dans la prison était déjà bien plus qu'il ne se pensait capable d'encaisser, mais il ne voulait pas savoir ce que ça ferait de le savoir mort.

Litanie qui dure, quelque trop long instants, ses cordes vocales n’étaient jamais très heureuses de se remettre en fonctionnement. Bien trop malmené, comme le reste de sa trachée, par les différentes tentatives d’étouffement sur sa personne. Parait-il que ça le calme de ne plus pouvoir respirer ou en tous les cas que ça le garde sous contrôle. Les yeux toujours fermés, Stan frisonne quand il entend encore une fois, cette voix qu’il rêve loin d’ici. «  Stan... Dear... You remember I can be "here" and "not here", don't you? “ Of course il sait. Bien sûr, et c’était peut-être rassurant sur l’instant mais pas sur la suite. Le degré d’inquiétude du russe ne baisse pas, ici ou en projection. Rahim n’avait pas à être là, n’avait pas à le voir comme ça. Imperceptiblement, il continu de secouer la tête.  «  I'm not home, but I'm safe.” Ah. Ah !!!! Voilà. Ce mensonge qu’il peut deceler. Non. Il n’est pas safe. Il ne peut pas être safe, le givre hurle contre ses oreilles. Son cerveau s’amuse de son stress, lui murmurant que tout n’était qu’invention, que c’est normal qu’il ne soit pas à la maison. Il est là. Dans la cellule d’à côté. Tu ne vas pas tarder à attendre les bottes de Larry et son rire sardonique quand il va le marquer avec son foutu M. C’est ça Stan. C’est la vérité. Fermez les yeux encore plus fort ne changera rien. “ Well, never enough for you, but I try harder now...”  Il ouvre un œil le russe pour regarder sur le côté, regarder d’où vient la voix, arrêter une seconde de trembler pour se fixer vers le son, aucune image, rien, pas même les bords flous d’un fantôme. Il ne sait pas s’il doit y croire ou non.  «  How are you ? ... I mean, I know you're okay and it's nothing, but... You know... » Il ne voulait pas en parler. Déjà, avant quand c’était juste des combats il ne parlait pas. En combat, il pouvait se défendre, là il subissait juste. Là… Ce n’était clairement pas le visage qu’il voulait montrer à l’illustrateur. Dans l’éventualité où c’était vraiment lui. Il devait paraitre fort. Incassable. Comme toujours, pour ne pas l’inquiéter, pour ne pas qu’il fasse des choses stupides. Pour ne pas qu’il pense à venir le chercher.

Il serre les dents le sibérien. Serre les dents et relève la tête, ouvrant les yeux pour observer le plafond. Fait-il nuit ? A-t-il bravé le couvre-feu ? Il ne l’espère pas. Bien qu’il l’ait probablement vu, Stan bouge son bras droit pour le placer sous son t-shirt, contre son ventre. Son corps glacé n’était d’aucune aide, mais au moins il n’était plus à sa vue. La respiration sifflante de l’homme se calme un peu, comme s’il cherchait à retrouver son masque, comme s’il souhaitait montrer que ... oui. Tout va bien. Mais ces mots, ces mots sont emplis d’une détresse et d’une peur qu’il ne sait pas cacher.

« why… why on earth are you here?” Il ne sait toujours pas s’il parle à ses démons ou réellement à l’homme avec qui il a tant partagé. Une partie de lui rêve que Rahim ne soit pas vraiment là, que ça soit juste son cerveau qui se joue de lui, mais ses tripes… elles savent. Il est là. Ceux sont ces mots, des mots presque tendres, des mots sans agressivité, des mots qui ne blessent pas, pas comme ceux que son cerveau invente à longueur de temps.  “  please stay home “ cache toi, ne tente pas de sauver le monde. Prend soin de toi. Sois égoïste pour une fois. Tout ces mots qui restent bloqués au fond de sa gorge parce qu’il sait, il sait que ce n’est pas lui, qu’il ne pourra pas.

“  I’m … I’m fine. I can handle it. I can handle them.” Il tousse. Parce que parler à voix haute c’est autre chose que se murmurer quelques mots. Tout son corps sursaute à chaque toux, il voudrait cacher les grimaces, garder le visage fermé, il y arrive. Presque. Incapable de vraiment supporter les coups de lance contre ses côtes. Il garde la tête baissé Stan, il ne veut pas qu’il voit, ne veut pas qu’il sache, non il ne va pas savoir les gérer, pas sur le long terme, pas si ça continue à ce rythme. Beaucoup aurait déjà craqué, aurait déjà vendu leur famille, lui, il sait qu’il ne dira rien comme il sait aussi que leur patience va tourner court, qu’ils vont vite se rendre compte qu’une tombe ça ne sert à rien. Même Nancy, elle craquera avant lui. Lui donnera ce qu’il veut. Mais il continue, d’une voix faible, éreinté, à presque bout de souffle.

“  I’m begging you to stay safe.”  

Le regarder cacher son bras droit contre lui lui avait fait serrer les lèvres, ne perdant pas une seconde. Bien sûr qu'il l'avait vu, et de toute façon il se doutait que le russe devait être dans un sale état à cause de son pouvoir - en plus des conditions dans lesquelles il était retenu dans cet endroit - mais le voir agir de la sorte lui tordait le cœur. Un peu plus en entendant sa voix qu'il aimait tant, et ce qui résonnait derrière, lui faisait une nouvelle fois regretter de ne pouvoir pas être là physiquement. Ne pas pouvoir être près de lui, contre lui, ne pas pouvoir le prendre dans ses bras. Juste du vent, inutile. I wanted to know if they changed anything since my last "visit". Et il avait eu ses réponses. Mais Stan avait repris, et il n'avait pu s'empêcher de lever les yeux au ciel. Bien sûr qu'il allait bien, évidemment, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Et sa toux n'était absolument pas en train de le ravager un peu plus. L'envie de serrer les poings, tout en sachant que ça ne servait à rien en astral, l'envie de pleurer, sachant depuis bien longtemps que ça n'était pas possible sur ce plan. Et de toute façon il lui avait promis...

Sans vraiment y penser, il s'était déplacé à l'autre bout de la petite pièce avant de passer au travers de la porte, scrutant le couloir. Pas de bruit suspect, et rien dans ceux adjacents dans il était allé y jeter un coup d’œil, avant de revenir près de Stan. En face de lui, accroupi pour être exactement au même niveau que lui, si près qu'il aurait presque pu le toucher. Presque, s'il avait eu un corps. Stan, look at me. L'effort de concentration un peu plus poussé pour apparaître, autant qu'il le pouvait, et le sourire sur ses lèvres, doux, entièrement pour l'homme qu'il aimait. I'm as safe as I can be right now, and I'll be gone long before they can even comprehend where I am or find me, you know that. Rien que le temps qu'ils déclenchent l'alarme et sortent, il serait déjà à plusieurs blocs de son endroit de départ, tout comme il serait dans un district différent bien avant qu'ils ne s'approchent du toit où il s'était projeté. But... You know how I feel about this place, and you being here... Son regard qui l'avait lâché un instant, alors qu'il essayait de rester calme et concentré. Il le lui avait dit, le soir où ils avaient parlé de leurs pouvoirs, et ça n'avait pas changé, au contraire.

Un mime de soupir avait soulevé ses épaules, plus par habitude que réelle utilité du geste, et il s'était recentré sur son ami. You want me safe, well safer? You have to tell me, really, honestly... How are you? Last time I saw you, you were not okay, and your power was literally all over the place... Un bref geste de la tête désignant le reste de la cellule et les murs couvert de givre. And it looks like it's still the case, at least for your ice. Une pause, alors qu'il tâchait de rester visible et audible malgré ce qui tournait dans son esprit, les angoisses qui allaient découler de sa découverte du jour. De la présence de son meilleur ami dans l'une des cellules de l'U-AM. Stan, I need to know if you can hold on 'til I can find a way to get you out... Le voir commencer à ouvrir la bouche, et l'arrêter avant même qu'il ne prononce un son. Stop! You know me well enough to know I won't just let you here like it's nothing, I can't, so no need to waste your energy on trying to stop me. Le connaissant il ne l'écouterait pas, trop borné pour ça, mais ça ne l'avait pas empêché de continuer sur sa lancée. I told you, whatever happens, so stop putting on a brave face with me dear. Doesn't work, never did.

« I wanted to know if they changed anything since my last "visit". » Guess they did eh ? Enfin il n’en sait rien finalement, il ne savait pas comme c’était avant. Il sait juste à quoi ça ressemble maintenant. Il ne sait même pas s’il peut vraiment appeler ça une prison. Il avait fait quelques mois durant ces jeunes années. Rien de comparable avec les murs de l’UAM. Les privations n’étaient pas limitées à la liberté. Jamais il n’aurait pensé regretter le fait de ne pas avoir de colocataire de cellule. Et pourtant…
«Stan, look at me. » Il a les yeux fermés le russe, en partie parce qu’il est effrayé de ce qu’il pourrait voir, vraiment Rahim ? Sous sa forme astrale ? Ou … Rahim sous l’effet des illusions un peu trop réel qui berçait son monde. Entrouvrir l’œil, prêt à le refermer, le voir, lui. Laisser son autre œil s’ouvrir. Alors ... il était vraiment là ?  « I'm as safe as I can be right now, and I'll be gone long before they can even comprehend where I am or find me, you know that. » Il voudrait tendre la main Stan. Le toucher, vérifier… Qu’il n’est pas tangible. il crève d’envie qu’il soit tangible. « But... You know how I feel about this place, and you being here... »  Oh il sait, bien sûr qu’il sait. Il ne peut qu’imaginer l’état dans lequel il serait s’il avait inversé les rôles. Probablement qu’il aurait tout détruit sur son passage. Fait un carnage comme il en est si bien capable. Un frisson le parcourt.
Ce n’est qu’une projection Stan. Qu’une projection. Même si une partie de lui crève de le toucher, de retourner dans ces bras, l’autre, plus rationnel souhaite être sure qu’il n’est pas là. Alors il tend le bras, le gauche. Passe au travers de l’épaule de son ami qui avait cessé de l’observe.
Il n’est pas là.
Soupir.
Soulagement.

« You want me safe, well safer? You have to tell me, really, honestly... How are you? Last time I saw you, you were not okay, and your power was literally all over the place... And it looks like it's still the case, at least for your ice. » De nouveau, ses yeux se ferment, un peu plus fort que tout à l’heure. Sa glace, son gel… il a oublié l’idée d’un jour les contrôler. Son bras, témoin terrible du coût de ces nombreuses tentatives. Les engelures étaient de pire en pire, grignotant chaque parcelle de peau saine. Alors il préfère laisser la glace en dehors de son corps, la laisser hurler contre les murs, la laisser s’imposer à quiconque oser entrer quitte à en subir les conséquences mais ... .la contrôler ? Non. Ce n’était plus à l’ordre du jour.

« Stan, I need to know if you can hold on 'til I can find a way to get you out...» Non. Ses yeux qui se relève, un regain d’énergie qui le prend alors que tout se corps vient se tendre et sa bouche qui s’ouvre pour protester. « Stop ! You know me well enough to know I won't just let you here like it's nothing, I can't, so no need to waste your energy on trying to stop me. [/color]» Non non non, non. NON. C’était ça. Le cauchemar, c’était ça qu’il redoutait. Rahim qui se mettait en danger. Pour lui. Non. Tout.
Absolument tout. Sauf ça.
« I told you, whatever happens, so stop putting on a brave face with me dear. Doesn't work, never did. »

No, god please no. Il serre les dents le russe, baisse la tête, sort son bras de sous son t-shirt par reflexe, parce qu’il a besoin d’avoir ses deux mains pour y planter son crâne, écraser ses paumes contre son front et tirer ses cheveux vers l’arrière. Le gel commence à tourbillonner, il devait se calmer, sinon … Sinon ils vont venir. Pourtant il reste dans cette position, la tête baissée, les mains accrocher à son scalp.

« I’m going to ask you one thing. Just one. Stay safe.” Ne vient pas me chercher, ne cherche pas à me sauver. You deserve so much more, you deserve better, don’t waste your life on me. “ I’ll stay alive.” Il a toujours su le faire ça. Rester en vie. Être le dernier debout. Le survivant. Qu’importe ce qu’il se passait. Presque une malediction.

“ I’ll find a way.” Le pire, c’est qu’il y croit, un peu, juste un peu. Un jour il parviendra à s’échapper, il ne sait pas quand, il ne sait pas comment, mais un jour. Il trouvera une solution. Il le faut bien. “ They can’t break me. Trust me on this.”  Pas avec leurs coups, pas avec le pouvoir de leur mutant, pas tant qu’il reste sur le physique. Depuis qu’il est né, tout n’est que combat. Ici ne change pas d’ailleurs.

“ Other thing can. Rahim. “ Ses yeux ainsi que tout son visage se relève, pour observer le fantôme face à lui. Pour être sûr qu’il l’écoute. Pour qu’il lui fasse comprendre … Qu’il n’en a jamais eu rien à foutre de sa propre sécurité, jamais eu rien à faire de sa santé, jamais eu rien à faire des coups et de toute ses merdes. “Rahim, I need you to stay safe. If they catch you, if they hu- … hurt you.” Rien qu’à l’idée, le gel vient s’écraser autours de lui. Givre qui prend place sur sa peau, frisson qui le parcourt, bras droit qui tremble comme rarement. “ I’m gonna lose it.”
 

Il avait beau l'avoir déjà vu dans des états pas possibles, c'était différent. Il savait que le russe était résistant physiquement, pour l'avoir plus d'une fois remis sur pieds alors qu'il aurait mérité un petit séjour à l'hôpital, mais ça n'était pas vraiment ça qui l'inquiétait le plus pour le moment, malgré les traces évidentes de coups et les effets de son pouvoir sur son corps. Non, c'était ce qui se cachait dans son crâne, ce qu'il avait toujours refusé de partager, de lui montrer, et qu'il persistait à dissimuler encore aujourd'hui alors qu'il portait ses mains à son front, qu'il passait ses mains dans ses cheveux. Son pouvoir qui se manifestait, et le léger mouvement de recul que lui avait eu avant de se rappeler qu'il ne risquait rien sous cette forme. Rester sagement à sa place, à nouveau immobile, le regard toujours fixé sur son meilleur ami, tirant sur sa concentration pour rester visible autant qu'il le pouvait, peu importe la fatigue une fois qu'il serait à nouveau dans son corps. Hocher la tête alors que l'éternelle rengaine revenait, Stan qui s'inquiétait pour lui, qui cherchait à le protéger avant de penser à lui.

Le bleu de son regard qu'il distinguait malgré tout dans la pénombre de la cellule, toujours aussi glacé, rassurant quelque part, le transperçant quand il s'était relevé sur lui. Ses mots, qu'il avait l'impression de sentir résonner dans son crâne alors qu'il n'en avait pas, et son pouvoir un peu plus agité. Peut-être plus ça qui avait achevé de le chambouler, de lui faire perdre un peu de sa concentration et probablement sa visibilité avec. Tout ce qu'il gardait caché depuis des années, qui avait tendance à s'éveiller quand l'homme agissait comme ça, parlait comme ça, mais ça n'était pas le moment et il ne pouvait pas non plus s'y attarder, pas maintenant, probablement jamais. I will... But please, calm down... L'envie, toujours plus forte, d'être là physiquement pour le prendre dans ses bras, le rassurer, sans pouvoir. Et la réalisation, amère, douloureuse: il la connaissait depuis des années, cette sensation, et avait appris à vivre avec. Être si près de lui et ne rien pouvoir faire. I miss you... So much... Sa propre voix qu'il avait entendu s'écraser contre les murs glacés, et sa gorge plus serrée - ou du moins la sensation même s'il n'en avait pas normalement sur ce plan - alors qu'il arrêtait de se forcer à être visible. Pas voulu qu'il entende ça, mais trop tard.

Reprenant sa place à sa droite, sa main avait frôlé le bras droit de l'autre, espérant sentir quelque chose sans vraiment y croire. Mais rien, et il avait laissé le silence s'installer, guettant les bruits de l'autre côté de la porte. Déjà-vu, déjà vécu, ça ne rendait pas les choses plus faciles pour autant. L'envie de poser sa tête contre l'épaule de son ami, mais il n'avait même pas essayé d'imiter le geste. How long have you been here? Même si le passage du temps était plus difficile à mesurer dans la prison, il le savait, il avait besoin de savoir. Autant pour lui que pour Stan, parce qu'il savait l'effet qu'avait eu l'enfermement sur Brooke. Sur la plupart des mutants dans ces murs, quel que soit leur résistance. Still not OK to have me help you keep your power in check? L'état de ses bras, leur couleur, les effets de sa glace, celle qu'il voyait couvrir sa peau et briller malgré le peu de lumière. Si beau, si dangereux, si... Lui. Not talking about being Iceman, I know how you feel about that, but... Enough not to hurt you too much, at least while you're still in here... Au moins assez pour qu'il évite de trop se faire remarquer de ses geôliers, assez pour qu'ils ne cherchent pas à l'arrêter de la manière la plus violente possible, comme ils aimaient tant. You're not the only one worrying, y'know...

Lose it.
Lose it lose it lose it.
Bloody hell I’m already losing it.

Le gel le fait trembler, encore, du bout de ses doigts jusqu’à ses mâchoires qu’il compte bien garder le plus serrer possible. Rahim avait disparu avec la tempête. Celle qui gronde, celle qui risque de les amener jusqu’à lui. Il fut un temps où il était capable de ranger toute ses émotions au fond de son cerveau. Un temps où sa colère ne se montrait qu’au travers de muscles un peu plus tendu, ou sa tristesse n’était visible qu’une fois minuit passé, au fond d’un verre de vodka, où son manque de confiance s’entendait que si vous tendiez bien l’oreille. Cette époque où il savait cacher. Où la glace ne l’exposait pas comme le gamin qu’il est.
Terrifié, perdu, agonisant.
Miroir de son état émotionnel, le gel tourbillonne, se colle contre sa peau, fausse armure beaucoup trop fragile.

” I will... But please, calm down...”

Ah. Il est toujours là. Ou peut être était-ce le fruit de son imagination, le fruit de ce que son cerveau malade voudrait entendre. Rahim qui l’écoute, qui suit ce qu’il a lui dire, qui reste en dehors des problèmes. Belle utopie. ” I miss you... So much... ”   Le gel couvre presque ces mots, aussi tranchant qu’une lame. Terrifiante déclaration.  Après cette dernière soirée ensemble, après ce qu’il lui a fait, ce qu’il a failli faire. les flashbacks de l’homme à terre, de son poing levé, de l’aveuglante rage qui hurle toujours dans ses oreilles qu’il aurait dû frapper. comment pouvait-il lui accorder ce genre de pensée.   i miss you too. toute la réponse est là eh ... ? Triste réalité Stanislas. L’égoïsme au premier plan. Tu vas finir par le tuer. Mais tu le sais ça déjà hein ?  Y’a qu’à voir ce gel qui se met en barrière autour de toi. Pour te protéger toi ? Ou lui ?
Un peu des deux sans doute.

Ses yeux se referment, ses doigts relâchent ses cheveux, certains ont gelé, les plus long, lui donnant un look qu’il détesterait. Lui qui a toujours été propre sur lui. Impeccable, domptant chaque mèche un peu trop rebelle. Il n’était plus rien qu’une ombre.  ”  How long have you been here?”  Tu ne veux pas savoir la réponse à cette question Rahim. Même avec la fatigue, même si ses pensées ne sont plus totalement cohérentes. Stanislas sait qu’il ne doit pas lui dire quand exactement a eu lieu son arrestation. Il croulerait sous la culpabilité s’il savait. S’imaginerait mille scenarios à coup : et si ? Il se dirait qu’il est la cause de tout ça. La cause de son enfermement. Et il aurait tellement tort. Tellement tort. ” Still not OK to have me help you keep your power in check? ”  Comment lui dire ? Comment lui faire comprendre que le in check n’était pas de l’ordre du possible ? Peut-être que considéré le gel comme une entité propre n’était pas ce qu’il fallait faire, mais le russe en était persuadé. Sa glace avait une volonté, a une âme, ce n’est pas totalement contrôlable. On ne peut pas contrôler les éléments. C’est impossible.
”  Not talking about being Iceman, I know how you feel about that, but... Enough not to hurt you too much, at least while you're still in here... ”   Le soupir du russe alors qu’il baisse la tête et ouvre les yeux est équivoque. Toujours à vouloir l’aider. Eh ? ” You're not the only one worrying, y'know... ”  
He knows.

Sa respiration est lourde, prenant naissance au fond de ses poumons, ajoutant parfois une grimace qu’il a du mal à cacher. Son cerveau est lent, ses réflexions coupaient et embrumaient par l’état de son corps. Son bras droit obstrue son champ de vision, il est couvert de givre lui aussi. Le rendant presque normal, si on omet la teinte bleutée, cachant à son regard et celui de Rahim les blessures accumulés. Il ne peut s’empêcher de penser que ça lui ressemble. Toujours tout caché. Toujours donner une image bien plus belle que la réalité. Elle était là probablement sa réponse. Dans cette armure de glace.  “How can you help me with the ice ?” Pas d’animosité dans sa voix, pas même de moquerie ou de sarcasme. “ Don’t mean to disrespect but I don’t think you can understand.” Probablement lui dira-t-il qu’il faudrait qu’il parle, qu’il explique, alors il prend les devants pour que Rahim comprenne que l’aider sur ce point était au-delà du difficile.  “ I feel… I… “ Il a les lèvres qui tremblent un peu, ce n’est pas juste à cause du froid.

“It’s like a storm you know. It grows bigger and stronger every day.” Il se souvient encore, des premiers jours, des premières semaines, après la fièvre. Rien de dangereux, rien de fou, rien de bien méchant. Une aura un peu froide, des douleurs un peu glaciales, de la neige en plein mois de mai, et puis viennent les instants où le flocon devient boule de neige, où le tapis de poudreuse se transforme en avalanche, où de glaçon on passe à glacier. Le mur de sa cellule est le témoin dramatique de cette descente à l’enfer. Glacial allié rétrécissant la cellule déjà trop petite.    “It … it used to hurt me a lot more.”  Son bras, finalement, n’était que le point culminant d’une relation de haine entre l’homme et ce que les autres appellent un don mais si les engelures étaient dangereuses, pour Stanislas elles ne l’étaient pas autant que les mauvais effets initiaux lié à la tempête. “It used to blind me for days, to froze me to extend where I couldn’t move my muscles, it … made me so cold, I felt like .. “  like death cold embrace was here… “ nevermind.”  

Son bras retourne à sa position initiale. Contre son corps où il ne bouge plus. Le givre a quasiment recouvert toutes les parcelles de sa peau encore quelques peu visible. Il ne le ressent plus vraiment.
“ I think .. I need to understand it myself before asking for help.”  

Nouveau soupir, yeux qui se ferment encore, ses épaules bouge, se soulèvent l’un après l’autre, son bras gauche se plante au sol pendant que sa jambe repliée passe sous corps. D’un geste presque brusque, le russe se relève. Garde la tête presque haute. Les mots de son amis tournant encore dans son crane not the only one worrying. .  Il voudrait donner à Rahim une image qui le rassure, une preuve que ce n’est pas ici qu’il finira sa vie. Un signe que, même si tout a l’air d’aller mal, ça ira. Ça va toujours.  “As for your previous question, Rahim… I really don’t know. I just know, I’m missing cigarette so fuckin much.” Leger sourire.

See. Everything’s alright.

Pas un commentaire, pas un son, alors qu'il écoutait son meilleur ami parler, comme à chaque fois qu'il acceptait de lui donner quelques informations. Et comme à chaque fois il lui avait dédié toute son attention, enregistrant chaque mot que l'autre utilisait, les ajoutant à ce qu'il savait déjà, ce qu'il avait vu le mois passé, Malum ou non. Y compris la dernière fois qu'ils s'étaient vu. Le souvenir de l'exposition après l'apparition des pouvoirs, de la soirée qu'ils avaient passé chez l'homme, quand ils avaient un peu parlé de leurs pouvoirs respectifs. De toutes ces fois après, alors qu'un nouveau serrement dans sa poitrine se manifestait. Malgré tout il était content que Stan s'ouvre au moins un peu et lui parle, s'exprime, autant avec ce qu'il disait que ce qu'il taisait. Et il n'avait pas bougé quand l'autre s'était relevé, sachant déjà qu'il ne pourrait de toute façon rien faire s'il chancelait, se contentant de le regarder faire. De le regarder lui montrer que ça allait encore parce qu'il tenait debout, sans que ça le rassure vraiment pour autant. Sans répondre à sa question non plus, bien qu'il ait probablement la réponse, mais il avait préféré ignorer cette partie pour se focaliser sur l'ombre du sourire qu'il voyait sur les lèvres de son ami.

Assis au sol, l'arrière du crâne dans le mur, il s'était concentré un peu, assez pour apparaître à moitié et lui rendre son sourire. Sorry, can't give you one... Forgot my pack on my body. Il la connaissait, cette façon de sourire y compris quand tout allait mal, Stan était loin d'être le seul à le faire, mais ça faisait des années qu'il avait cessé de lutter, et il avait machinalement haussé les épaules. And you're right, I can't understand because that's your power, just as you'll never fully understand mine. Parce qu'il ne pouvait pas savoir ce que ça faisait, ce qui se passait quand il quittait son corps. La sensation de liberté totale, les milliers de possibilités qui s'offraient à lui, la douleur du retour, la lourdeur de sa propre vie quand on la retrouvait. But you can try to explain to me like you just did and maybe putting words on what's happening will help you better understand it too. Ou peut-être que ça ne marcherait pas, mais ça ne coûtait rien d'essayer. Enfin s'il acceptait de continuer à parler, ce qui n'était pas gagné vu que ça s'approchait dangereusement d'un terrain que Stan n'aimait pas vraiment aborder. As for the "how"... Sa tête s'était tournée vers la porte, guettant un bruit de l'autre côté, avant de redevenir invisible. Be right back.

Retour dans le couloir, toujours vide, avant de se rendre dans le bureau le plus proche à la recherche d'une horloge. D'une seconde, pour confirmer le temps qu'il lui restait avant de devoir retourner dans son corps et partir de Southwest avant que le couvre-feu n'entre en vigueur. Un nouveau passage par le couloir des cellules, remontant les accès pour vérifier que personne ne traînait dans le secteur, et retourner dans la cellule qu'il avait quitté quelques instants plus tôt. Ok, still have time, two hours before I really need to go back in. En prenant en compte l'éventuel temps qu'il mettrait à revenir dans son corps, se doutant que ce qu'il avait appris aujourd'hui risquait d'influencer cette partie. So, the "how". Se placer en face de lui, et réapparaître, moins qu'à moitié pour ne pas aggraver plus la fatigue qui l'écraserait quand il retournerait dans le monde physique. First of all, you've got to come to terms with something. The ice, the storm... Stan, that's not some external force, only you. Not all of you, but a part of who you are now. Your power. Just like me being a ghost is a part of who I am now. Peut-être ça qui avait été le plus compliqué à accepter, du moins pour lui. Que cette forme invisible, intangible, restait lui. And it'll take time.

À nouveau invisible, il s'était placé sur le côté droit de son meilleur ami, juste assez près pour qu'il l'entende, regrettant de ne pas pouvoir sentir ce froid qu'il fuyait le reste du temps depuis presque un mois. And then... Training until you can control, just like anything else, and it won't be easy but you already know that. Comme pour tout le reste, parce que rien n'était inné. Apprendre à marcher avant de vouloir courir, et ne pas compter les chutes. From what I've gathered talking to others and my own, emotions are a big part of it. The negative ones mostly. Shame, frustration, hate, fear, anger... Sa voix plus basse, surtout sur les deux derniers, parce qu'il les avait vu se manifester plus d'une fois, y compris quand le blizzard s'était installé dans son appartement. Parce qu'il le connaissait, depuis presque vingt ans maintenant. Tell me Stan, why did you go sub-zero last time? Was it because I didn't tell you what I was planning to do, or because you couldn't control me enough to prevent it altogether? Son regard sur les bras de l'homme, guettant un changement de couleur, un mouvement de la glace qui couvrait sa peau, les murs. Come on tell me, you can't hurt me, not like last time...

« Sorry, can't give you one... Forgot my pack on my body. »  Yeah guess so. Ce n’est pas comme s’il pouvait fumer ici de toute façon. Sans fenêtre, sans reél aération, mauvaise idée. « And you're right, I can't understand because that's your power, just as you'll never fully understand mine. »  Power, il détestait ce mot. Ce n’était pas un pouvoir, n’avait jamais été un pouvoir. Une malédiction tout au plus. Rahim vivait un peu trop dans ses comics parfois, ou peut-être est-ce lui qui s’ancrer un peu trop dans la réalité. « But you can try to explain to me like you just did and maybe putting words on what's happening will help you better understand it too. »  Peut-être. Peut-être pas, il n’aimait pas en parler de toute façon, c’était ... quelque chose qu’il préfèrerait garder au fond de son être. Si seulement il le pouvait, si seulement la glace n’était pas à tapisser les murs. Il ne serait pas là. Sans aucun doute. « As for the "how.. Be right back. »

Soupir qu’il pousse dès lors où l’autre disparait. Il se tient au mur, son bras s’appuyant contre la glace alors qu’il respire à grande bouffé d’air. Se lever était fatiguant, plus qu’il ne le pensait. Il avait mal, partout, son corps lui hurlait de s’allonger, de se reposer au sol, d’arrêter de vouloir prétendre que tout va bien. Rien ne va Stan. Rien ne va. Il tremble le russe, ce n’est pas que lié au froid, la faiblesse qu’il renvoie lui donne envie de se frapper le crâne contre le mur. T’as toujours valu mieux que ça Stan. T’as toujours su te relever. Ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer. Chin up boy.

« Ok, still have time, two hours before I really need to go back in. »  Dernier souffle un peu trop fort avant qu’il ne se redresse, enfile son masque, enfile cette identité qu’il s’est forgé au fil des années. Incassable Stanislas. Celui qui ne ploie pas le genou, celui qui sera toujours debout, celui qui survie sauf que le 2 heures il sonne comme un glas à ses oreilles. Il ne tiendra jamais.  Et son cerveau ne peut s’empêcher de penser à l’effet que 2h hors de son corps allait avoir sur son ami. Il poussait trop ses limites, il le savait déjà, il aurait voulu jamais n’avoir la confirmation. « So, the "how". First of all, you've got to come to terms with something. The ice, the storm... Stan, that's not some external force, only you. Not all of you, but a part of who you are now. Your power. Just like me being a ghost is a part of who I am now. » Secouer la tête, fermer les yeux, non, ça venait pas de lui, ça ne pouvait pas venir uniquement de lui. Il était humain. Il avait vu ce qu’était les tempêtes de glace durant ses jeunes années, ce n’était que ça. Des tempêtes dont il était le vecteur involontaire. « And it'll take time. »

Vu le hochement négatif qui secoue doucement sa tête, il veut bien le croire sur ce point.  « And then... Training until you can control, just like anything else, and it won't be easy but you already know that. From what I've gathered talking to others and my own, emotions are a big part of it. The negative ones mostly. Shame, frustration, hate, fear, anger... » Il sait. Bon dieu qu’il sait. Qu’il a pu sentir les fois où le gel a pris le contrôle, toujours dans ces moments où il n’a su cacher ses émotions comme il le fallait. Ses terribles moments qui lui rappellent le point où il est simplement humain « Tell me Stan, why did you go sub-zero last time? Was it because I didn't tell you what I was planning to do, or because you couldn't control me enough to prevent it altogether? » La surprise face aux mots de son ami. What the ? « Come on tell me, you can't hurt me, not like last time... »  

Sa respiration se coupe, un mix de surprise et de colère enfoui qui vient naitre au creux de son estomac. Qu’est ce qu’il essayait de faire là ? Il le provoque? Maintenant ? Vraiment ? Quand l’air passe de nouveau au travers de ses narine Stan laisse une certaine buée. Oh il lui en faut peu maintenant pour descendre à des températures assez basses. Trop basse certains diraient. La question de Rahim raisonne dans son crâne. Chercher à le contrôler ? C’est comme ça qu’il voyait les choses? Sa mâchoire se crispent. Le gel gronde. Gosh.
« Don’t. » Arrive-t-il a vaguement articuler. L’énerver, le tester, ce n’était pas une bonne idée, pas ici, pas comme ça, pas quand ils surveillaient la température de la pièce. Trop d’écart constaté sur ces dernières semaines. « Gosh »  Il secoue sa main, son bras, quand s’est il couvert de glace ? Il le regarde, un peu interdit, il l’a à peine senti, il siffle vers l’endroit d’où venait la voix de l’autre. « Don’t you think I know that ? That those bloody stupid emotion are part of it ? »  De la rage teinte ses mots, de la honte aussi. Il n’était pas censé ressentir tout ça. Il aurait dû rester de marbre comme il l’a toujours été. La glace c’était pour lui non ? C’était parfait. C’était ce qu’il était. Un putain de glaçon, qui ne donnait aucune chaleur aux autres. Il aurait dû savoir la contrôler. « my whole life I tried to - …»  Nan. Chut. Stop. On en parle pas ça. On ne parle pas de ça. «Fucking hell. » Il gronde encore, sentant que le gel a pris le pas sur sa personne. C’est qu’une question de temps maintenant.  Ils vont venir. Il sait. Sa dernière respiration est lourde, sa voix, plus posé, presque tranquille.

« You should go. » Il fixe la porte. «They’re coming. »

Et ça n’allait pas être beau, comme à chaque fois qu’il a fait sonner leurs capteurs, comme à chaque fois qu’il est descendu un peu trop bas, comme à chaque fois où quoique qu’en dise Rahim, la tempête a été plus forte que lui.
Il sera debout quand ils débarqueront, se fera sourd à leurs hurlements et leurs ordres, grondant comme à chaque fois que le contrôle lui avait échappée. Quand ils frapperont, il ne bougera pas. Restera debout, se fera roc. C’est à peine s’il a remarqué que ces jambes sont prises dans le glace, que c’est elle qui l’empêche de tomber, elle qui ralenti leurs coups, elle qui le protège. Parce qu’il ne veut que Rahim le voit au sol, il ne veut pas qu’il l’entende gémir, il se doit d’être fort. Pour lui.

C’est quand ils lui enverront de quoi le tranquilliser que le russe s’effondrera, que la glace deviendra givre, que le sol sera à nouveau son matelas.

Les insultes fuseront une nouvelle fois, les regrets de ne pas pouvoir l’abattre, le danger qu’il représente présent sur toute les lèvres. Quand ils referment la porte l’un vocifère « I swear men, if this bastard wasn’t Nancy’s pet, i would have kill him already. A bullet between his eyes, that’s what he deserves. » S’ils savaient comme le russe pouvait être d’accord eux.

Touché. Il ne savait pas quoi exactement, mais ses mots avaient eu un effet vu les réactions de son ami. De son pouvoir, du gel qui était remonté de sa main vers son bras. Pas qu'il s'attendait à une réponse réelle, avec des mots, une part infime de la vérité, Stan était bien trop têtu pour ça, trop persuadé qu'il n'y avait que cette manière de faire qu'on lui avait inculqué, mais c'était une réponse quand même. Ça ne l'avait pas empêché d'espérer bien sûr, d'avoir droit à un minuscule aperçu de ce qui se passait dans son crâne, dans son cœur, d'avoir le droit d'enfin en apprendre un peu plus sur cette partie de lui qu'il voulait tant découvrir, encore plus après le mois qu'ils avaient eu, mais c'était déjà mieux que rien du tout. Un début de réponse, un début de solution. "My whole life I tried to - …" Il en aurait presque retenu sa respiration, s'il en avait eu une. Si près, pas assez, et la lourdeur là où aurait du se trouver son cœur, ses lèvres astrales se serrant sans qu'il y pense réellement.

"You should go. They're coming."

Le simple mouvement de tête, aussi visible qu'il pouvait l'être, lui indiquant que non il ne partirait pas. Parce qu'il voulait savoir, plutôt que d'imaginer. Parce qu'il voulait être là pour lui, quoi qu'il arrive et quoi que ça implique, autant qu'il le pouvait, comme il le faisait depuis des années. Se plaçant entre la porte et l'homme, il lui avait doucement sourit, se laissant disparaître alors que les pas de l'autre côté se faisaient entendre. Témoin silencieux, invisible, qui avait regardé les deux soldats entrer et le traverser sans réel intérêt, restant fixé sur son meilleur ami. Sur cette façon qu'il a de rester debout face aux coups qui pleuvent, sur la glace qui vient à son secours pour l'aider. Toujours debout, droit, malgré tout, encore une preuve qu'il restait qui il était. Qui il aimait. Attendu que les deux partent, notant mentalement ce nouveau nom entendu à travers la porte, avant de se déplacer presque aussitôt, à genoux, penché au dessus de lui. L'envie de dégager les mèches qui barraient son front, impossible, et le murmure juste pour lui, avant que le tranquillisant fasse vraiment effet. I'll see you next week, zuva.

Sa gorge bien plus serrée qu'il ne l'aurait cru possible sur ce plan, alors qu'il passait le plafond de la prison pour rejoindre son corps. L'absence de réelles difficultés à y revenir malgré cette envie lancinante de retourner là où il était quelques minutes auparavant. Le retour douloureux, mais ça n'avait rien à voir avec les effets de la projection. Son corps replié, tremblant, sur le sol de toit de l'immeuble alors qu'il retenait le cri qui brûlait sa gorge, qu'il fermait les paupières plus fort pour ne surtout pas laisser les prémisses de larmes couler. Trop de temps comme ça, à juste encaisser, accepter, avant de réussir à se relever. De noter sur son bloc-notes ce nouveau nom, d'engloutir une barre énergétique, avant de récupérer ses affaires et disparaître le plus rapidement possible.

Une semaine pour se préparer à y retourner, pour mettre en place un nouveau système, et quand le samedi était arrivé il était prêt. Revenir dans la prison dès qu'il était passé en astral, s'assurer que personne n'était dans le secteur, et la cellule de son ami qu'il avait rejoint, apparaissant devant lui avec le même sourire qu'il essayait de garder quand il le voyait. Hey. Un instant à l'observer, à noter les différences avec la semaine passée, avant de s'asseoir sur ce qui lui servait de lit, ou en tout cas mimer l'action avec autant de réalisme qu'il le pouvait. Found your car... Sa voix calme et posée il le savait, parce qu'il n'avait de toute façon pas de cordes vocales ou de bouche pour réellement la moduler, cachant ce qui l'avait réellement boulversé. I can understand why you didn't want to talk about how you ended here, but the when and where... That I needed to know. You can't expect me to stay safe if you keep that kind of information from me.

Son regard posé sur lui, sur ses moindres réactions, alors qu'il se forçait à rester calme et concentré pour ne pas perdre sa voix ou sa visibilité. Honesty, Stan... I know, such a lonely word... Un bref sourire, avant de reprendre, toujours aussi égal. Without that, I'll end up right next to you, but not how you might want. Même pas sûr que ça soit ce qu'il voulait vraiment, probablement jamais su, et il avait du faire un effort pour récupérer sa concentration. And I know so much more than you think. I know what happens when they take you for "questioning" and what might if one day it's too much. Where you got that thing on your neck and who gave it to you. When they took you, and a pretty good idea for the where, too. Ses poings qu'il aurait aimé serrer, mais qui étaient restés sagement à plat juste au dessus du matelas, et le mime de soupir qui avait soulevé son torse avant de reprendre. Wasn't really fun to inspect every building, car, van and truck to make sure they weren't watching me. Anyway... Got your keys, parked your car at my parents' and paid your bills. I'm afraid your plants are goners thought, sorry. How was your week, dear?