Dis moi pourquoi j'ai froid ▲ misha x asa

dis moi pourquoi j'ai froid

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Asa ouvre les yeux, Asa voit rouge. Alors il ferme les yeux. Ses oreilles sifflent très fort, comme un acouphène sans fin. Un long bruit strident, les alentours au ralenti. Il essaye de se relever, quelque chose au fond de lui lui dit de se relever. Il ne peut pas rester allonger comme ça. Il doit partir, il doit fuir. Mais vient les alentours qui oscillent de droite à gauche, l'empêchant de discerner le haut du bas. Alors il s'écrase à terre de nouveau. Avec une douleur thoracique qui l'empêche de respirer. Et des cris qui surplombent l'acouphène. Et Asa qui choisit de fermer les yeux de nouveau, de lâcher prise.

Un bruit de sirène qui vient le réveiller, il crache du sang. Asa ouvre péniblement les yeux, le sang collant ses cils. Tout est flou autour de lui. Il entend des gens crier alors il essaye de rouler sur le côté. De se protéger, de se faire oublier. Et les voix qui hurlent dans sa tête. C'est la fin, c'est la fin. Il essaye de déglutir Asa, il essaye de ramper. Mais on le pousse dans tout les sens. On le pousse, on le malmène. Tu es seul maintenant. Et il s'évèle du sol, comme par magie. Les contours de ses horizons semblent se dessiner à Asa. Il plisse les yeux, un pieu dans le crâne. Une ombre devant lui. Comme un soleil qui l'obligeait à voir un nouveau lendemain.

Si Dieu ne cautionne pas les suicides, pourquoi on a tout fait pour mourir ?

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La police est déjà sur place et donne les premiers renseignements sur un jeune homme qui vient d'être passé à tabac. Il est bien amoché, ses détracteurs ne l’ont pas raté. En ce qui concerne le pourquoi du comment il en est arrivé là, l’histoire n’est pas encore claire. Il est de toute façon pas apte à parler. Quoiqu’il en soit, le job de Misha est de s’occuper de ce qui reste de lui, gisant dans son propre sang.
Après les premières constantes et une prise de sang, avec son collègue, ils veillent à installer le blessé sur le brancard et l’attache afin de sécuriser son déplacement, direction l'hôpital. Suivi du médecin, il commence à préparer la perfusion dans le camion avant que celui-ci ne démarre, tout en jetant un coup d’oeil de tant à autre au jeune qui n’a pas vécu sa meilleure journée. « Hey jeune homme ! Reste éveillé. Reste avec nous. » Il lui tapote doucement la joue afin qu’il garde les yeux ouverts. Franchement, il devait pas être bien plus jeune que lui à première vue. Aucun papiers d’identité retrouvés sur place, Misha se lance dans un mini interrogatoire et en profite pour le maintenir éveillé. « Comment tu t’appelles ? C’est quoi ton nom ? » L’infirmier parle fort. Il ne veut pas le laisser se reposer en paix. Tiens et puis de toute façon, il arrive avec sa perfusion, prêt à piquer.  « Attention, je serre. » Il serre en effet le garrot autour de son bras au plus proche de lui. Il repère une belle veine et se lance. « Je pique. » prévient-il tout en piquant.

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Il essaye de voir ce qu'il se passe Asa mais ses yeux refusent de s'ouvrir plus d'une demi seconde d'affilé. Il sent des tapes sur sa joue mais il se demande vraiment s'il doit lutter. Après tout, il ne sait pas ce qu'il l'attends. Un long silence. Une lutte sans fin. Une fuite. Comme toujours, il fuit, toujours, encore, sans reprendre son souffle. Jusqu'à l'apnée. Devenir tout rouge et se laisser aller. Avec le poids de sa conscience qui l'attire vers le fin. Le survivant Asa. Il en avait marre qu'on l'appelle de la sorte. Le survivant ? Ou l'oublié ? Comment tu t’appelles ? C’est quoi ton nom ? Sa tête qui se laisse tomber sur le côté, Asa arrive enfin à ouvrir les yeux. Tout est flou, il a juste envie de vomir.

Mais il est bien élevé Asa, alors il veut répondre quand on lui pose une question. Mais il tousse. Incapable de parler correctement. Il crache du sang, de la bave, du sang encore. Ça se mélange, ça coule sur sa joue. Il voudrait s'essuyer mais il est fatigué. Alors il frotte sa tête contre son vieux tshirt, comme pour s'acheter une dignité en passant. Son bras le serre à Asa. Alors il fronce les sourcils, il aime pas ça. Et une légère piqûre, il l'a sent à peine. Il regarde son bras. Son bras avec un fil qui en dépasse, et c'est son cœur à Asa qui s'emballe. Il croit pas trop en la médecine. On lui a appris que c'était mauvais. Dieu savait qu'elle substance l'homme était en train de lui mettre dans son corps. Etait-ce le gouvernement qui essayait de le tuer ? Encore une fois ? Toujours contre lui ? Contre son peuple. Asa voit noir. Mais Asa ne peut pas bouger. Il a trop mal. Alors Asa tousse encore un peu avant de s'éclaircir la gorge. Il n'y avait rien dans sa gorge si ce n'est de la culpabilité.

Asa. Asa Jones. Son coeur qui se sert. Jones. Jonestown. Sa famille. Sa grande famille. Qui sont tombés. Un par un. Lentement. Leur regard.

Asa se tourne et vomit. Sur le sol. Ses tripes, de la bile. C'était quand la dernière fois qu'il avait manger ?

Ça se le secoue; des valses funèbres, des vagues qui retournent son corps frêle. Il entend des cris de dégouts autour de lui. Mais Asa est triste. Asa ne sait pas être triste. Certaines personnes pleurent, d'autres se figent. D'autres encore vont crier à plein poumons. Mais Asa n'avait pas cette humanité, ce n'était pas que son esprit qui pleurait. Son corps aussi. Son corps pleure, son corps n'accepte pas son propre sort.

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« Asa Jones. Écoute, on t’emmène à l’hôpital. » Alors qu’il s’affaire à effectuer les premiers soins pour avancer l'hôpital, il guette les réactions de ce jeune homme qui a nécessité leur déplacement. L’état général est déplorable, mais à première vue, et en fonction de tout ce qu’il a pu voir jusque maintenant, ce garçon s’en tirera. Il faut juste qu’il soit coopérant et il n’y aura pas de problèmes.
Quelque chose ne va pas, il le voit à sa tête. Il a l’habitude. Malheureusement. C’est devenu un sixième sens que de savoir quand la cible du jour allait rendre son repas. En l'occurrence, celui-ci ne devait pas avoir le ventre bien plein. C’est jaune… presque fluorescent… un peu transparent… Bref. De la bile à l’état pure. Il attrape un torchon une fois avec pris soin de mettre des gants et balance le tout dehors. Il n’a clairement pas le temps de faire le ménage, il y a écrit ‘urgences’ sur le camion ok ? La pluie nettoiera ça… un jour. S’il pleut.

Une fois le médecin dans le véhicule, l’infirmier frappe sur la vitre qui les sépare d’avec le conducteur pour lui signifier qu’ils sont fin prêts à se mettre en route pour l’hôpital. « On est partis. - Il se rassoit correctement s’adressant au patient du jour - Et Asa Jones, tâche de garder les yeux ouverts, ok ? » L’interrogatoire commence, et le médecin se colle à la tâche, ce qui laisse le temps à Misha de terminer de ranger son matériel, prêtant une oreille attentive à ce qui serait dit: « Alors … Tu peux nous expliquer ce qu’il t’es arrivé là exactement jeune homme ? » Il peut le deviner ce qui s’est passé, mais il paraît que parfois, ce n’est pas ce qui semble être, alors il faut rester ouverts aux autres possibilités..

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Il a mal Asa. Il souffre. De l'intérieur, de l'extérieur, il arrive à plus rien situer. Le haut, le bas. Le bon, le mal. Le futur, le passé. Tout se mélange dans un flou artistique et il a juste envie de respirer. Mais il a pas le droit, non. Il est obligé d'être le seul survivant Asa, on lui impose une vie qu'il a pas décidé. On lui impose sa souffrance, on lui dit de fermer sa gueule et de continuer. Mais son corps atteint un point de non retour. Son corps regrette de ne pas être mort avec les autres. Alors il se venge dans une dernière vague salvatrice, douloureuse et nauséabonde. L'homme à côté de lui s'occupe de sa bile d'un coup sec. Asa n'a pas le temps de s'excuser, il sent qu'on le secoue de tout les côtés, il sent qu'il quitte son trottoir.

Il n'est pas triste. Il a l'habitude de bouger. Il a l'habitude d'être spectateur de sa propre vie. Alors tel le corps inerte qu'il est, il attends. On est partis. Et Asa Jones, tâche de garder les yeux ouverts, ok ? Jones, Jones. Il n'entend que ça. Il a pas envie de garder les yeux ouverts. Il a envie de ne plus entendre ce nom, Jones Jones. Sa malédiction, sa salvation, son addiction. Impossible de se détacher des propres chaines qu'il a lui même cousu. Coincé dans son bocal, Asa, il souffre. Et il a envie de fermer les yeux. Fort, très fort. Mais il veut pas faire de peine à l'homme Asa. Alors … Tu peux nous expliquer ce qu’il t’es arrivé là exactement jeune homme ? Jeune homme. Asa avait oublié qu'il était un homme. Il plisse les yeux, il n'aime pas la tournure des événements.

Pas l'hopital... Pas l'hôpital non. Il secoue la tête, il n'a pas confiance au gouvernement. On va le tuer là bas. On l'attend avec diverses piqûres, il veut pas. Il aimerait se débattre, il aimerait se libérer. Mais les larmes coulent et il est incapable de bouger. Ma famille... Ils sont morts. Pas l'hôpital. Il est seul Asa. Il est si seul. Si froid.

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Le camion est lancé pour sa course vers l’hôpital de Minneapolis et il s’affaire à ranger les tubes de prélèvement dans un sachet bien hermétique. Alors que le médecin commence son interrogatoire, téléphone en main, la réponse du jeune patient surprend les deux soignants à bord du véhicule. Pas l’hôpital ? Sa famille morte ? Le jeune infirmier décolle ses yeux deux secondes de son affaire pour les poser sur sa, puis sur le médecin qui lui rend son regard interrogateur. C’était définitivement un règlement de compte et Misha pariait sur la drogue. Mais c’est une histoire qui est allée bien loin malheureusement alors. « Calme-toi Asa, ça va aller… Respire tranquillement. » Il ne voudrait pas que le médecin ait à lui demander de le sédater. Ce jeune homme n’a déjà pas l’air d’apprécier follement l’hôpital, si en plus il se réveille en ne se souvenant plus de tout ça, le choc allait être encore plus terrible. Après une demie seconde de réflexion, le médecin lui donne alors quelques consignes au vue de l’état de leur jeune patient. « Serum phy et vitamine. Misha, tu t’en occupes, je préviens la réa. » Il hoche de la tête pour acquiescer puis prépare le pochon à perfuser. Il se rapproche du brun allongé sur le brancard afin que le médecin ne puisse pas trop distinguer leur conversation. « Ceux qui t’ont fait ça s’en sont pris à ta famille ? » Non. Ça n’explique pas l’hôpital et son refus formel de s’y rendre. À moins qu’ils ne soient décédés à l’hôpital mais là encore, il peine à comprendre sa logique et le pourquoi de son refus. Il vérifie le goutte à goutte de la perfusion qu’il vient de poser, avant de se retourner vers lui. Misha ne devrait pas se lancer dans cet interrogatoire. Il devrait laisser la police se charger de gérer ce jeune homme probablement avec des soucis de drogues. Mais quelque part, il veut non seulement que cet Asa reste éveillé, mais aussi assouvir sa curiosité. Alors il va continuer discrètement de le noyer de question pour lui tirer les vers du nez. « Asa, est-ce que tu as pris de la drogue ? - Un peu trop direct ? Il se mord les lèvres et réessaie - Si tu coopères tu seras sorti d’ici quelques jours, le temps de te remettre sur pieds. »

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le souffle court, Asa il est pas bien. Il a envie encore de vomir. Il a envie de s'ouvrir la cage thoracique. Il veut fermer les yeux et qu'on en finisse. Mais à chaque battement de cil, ce sont les souvenirs qui viennent le prendre à la gorge. L'étalement des corps devant lui. Ses larmes, leur manque. Que faire, où aller, il a plus d'objectif Asa. Et on lui demande de respirer calmement; comment faire ? Il sait pas se contrôler Asa, on lui a toujours tout prémâché. On lui a toujours dit fait ça, réagit comme ça. Et là on lui dit de se calmer. Mais pourquoi il devrait l'écouter exactement ? Qu'en sait-il du divin ? Qu'en sait-il de la punition qui semble les attendre tous ?

On lui pose des questions Asa et il tourne la tête pour pas regarder l'homme. Il veut pas se souvenir. Il refuse. C'est dangereux l’hôpital. Dit-il d'une voix enfantine. C'est un gosse Asa. Il a pas grandi, il a peur. Il lui parle de drogue l'homme avec une tête gentille. Alors il plisse les yeux Asa, observant les traits de l'homme se déformer. Son nez qui dévie à droite, sa bouche à gauche. Vous êtes pas droit. Pourquoi vous êtes pas droit ? Pourquoi le monde n'est pas droit. Des nouvelles larmes qui coulent sur ses joues. Et Asa il essaye de se relever, il faut qu'il sorte. Il faut qu'il ouvre la porte de l'ambulance, il peut pas rester ici.

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