God has let me live another day and I'm about to make it everybody's problem

i. J’ai grandi dans le Texas, loin du cliché de la ferme ou du ranch. Livingston est une ville tout ce qui y a de plus normale. Même si la maison de mes parents était grande et notre jardin immense avec des plants de maïs à perte de vue… Suis-je en train de réaliser que j’ai grandi dans une ferme ? Très probablement. Fils unique, parents aimants, rien de spécial de ce côté. Ça reste une anecdote de dire que j’ai eu une enfance banale ? Du travail à la ferme, une équipe de volley au lycée. Rien de bien spécial.
J’ai étudié à UCLA grâce à une bourse sportive et de musique. J’ai appris le violon rien que pour cette raison… Puis j’ai appris à aimer cet instrument. Bien que remercier mon bienfaiteur en début et en fin de chaque récital me donnait la même sensation que de se pencher cul nu face au public et prendre bien en main chacune de mes fesses avant de les écarter comme il se doit.
Bref, j’y ai étudié la biologie, et la biochimie. Tu connais les bails. Et enfin, en 1980 j’ai poursuivi avec une thèse sur place.

ii. Après la découverte de mon pouvoir, j’ai eu peur de toucher n’importe quel être vivant pendant plusieurs semaines. En même temps, la dernière personne que j’ai touchée a été tuée sur le coup… Je me suis enfermé chez moi pendant deux longues semaines sans sortir avant de pouvoir, au moins, déclencher mon pouvoir sur commande.
Certaines nuits je me réveillais en sursaut dans le hall d’entrée de mon immeuble. Cette sensation de chute que l’on peut sentir dans nos rêves était bien plus réelle pour moi.
Ce qui a provoqué chez moi une certaine peur de dormir. De finir chez un voisin ou coincé sous terre. C’est donc tout naturellement que je me suis tourné vers la drogue pour rester éveiller et essayer de contrôler mon pouvoir afin de ne plus avoir peur de vivre. Après ce long calvaire, qui fut court avec le recul. J’ai eu du mal à décrocher de certaines habitudes que j’ai pu adopter. J’ai essayé de compenser avec des petites douceurs… moins dures.

iii. Plus petit j’étais le sujet de raillerie de bien des camarades. Ayant grandi très voire trop vite, j’ai été affublé de ce joli surnom qui était grande asperge. Puérile certes, vivant également dans une ferme, j’étais traité comme un bouseux puisque je vous l’ai dit Livingston n’est pas une ville très rurale. Enfin pour une ville du Texas, vous voyez, sinon vu de New York ouais c’est la cambrousse. Mais comme on aime rabaisser plus petit que soit pour se rassurer. Vous vous doutez bien qu’un grand gaillard mesurant 1m60 complexant sur sa taille n’hésitera pas une seconde à se moquer d’un mec mesurant 1m58. « Ah ! Tu fais moins d’un mètre soixante ! Nabot » … Bref vous voyez le genre.
Je reste vague sur les sévices infligés par mes compères, mais je vous assure que je n’ai pas été épargné. Comme on dit, les enfants savent se montrer cruels.  Ce qui m’a permis de me forger une carapace, et ce qui m’a aussi appris à me battre à mes dépends. Enfin plus à me défendre qu’à me battre. J’essaie toujours de m’en sortir grâce à ma verve. Verve, j’ai dit verve d’accord. Bien que cette langue affutée m’ait plus apporté d’ennuis et de coups dans la gueule que sorti de mauvaises passes.

iv. Pour ma dernière année de doctorat, mon directeur de thèse m’a emmené avec lui à l’Université du Minnesota afin de remplacer un collègue malade. Je me devais de donner des cours et poursuivre mes travaux de recherches avec les moyens du bord. Ce n’était pas l’UCLA mais ce n’était pas si mal que ça. J’ai donc accepté, comme toujours, j’ai de l’instinct et du nez. La bonne affaire. La suite vous la connaissez. Et c’est ainsi que je me suis retrouvé coincé dans une ville où je ne connaissais pas grand monde. Seul et complétement défoncé.

v. Ce même collègue de mon directeur de thèse était régulièrement malade, je le remplaçais occasionnellement en donnant des cours à sa place. Il y a de fortes chances que vous m’ayez eu en cours de sciences, que ce soit de la biologie ou de la chimie peu importe la sous-discipline si vous étiez étudiant à l’université entre 1978 et aujourd’hui. Ou on s’est peut-être croisé dans un bar, un soir. Je squattais les soirées étudiantes, je ne connaissais personne, et j’avais un âge assez proche des étudiants… Donc forcément.

vi. J’ai arrêté d’être impopulaire à la fin du lycée. A l’université, grâce au volleyball, pendant mes 6 années de masters notre équipe a été 4 fois championne des NCAA. Ce n’est pas aussi sexy que le basket ou le football mais ça marche aussi. De plus grâce aux cours de chimie, avec un camarade de promo, on s’amusait à faire les cocktails les plus fourbes et vicieux possible. Ce qui a grandement contribué à notre renommée. A chaque rentrée, si vous étiez nouveau, vous pouviez être sûr que je vous attendrais avec deux coupes en main contenant un liquide d’une couleur inconnu aux effluves enivrantes. Eh ouais, science pute.

vii. Je garde une certaine colère en moi. Je ne sais pas pourquoi… Sûrement une enfance compliquée dû à un mode de vie différent ou une maturité trop vite apparue à cause de responsabilité trop vite tombée sur mes épaules.
Mon père fatigué par la guerre, j’ai très tôt dû apprendre à l’aider. Essuyant ses déceptions face à mon physique frêle, faible. Il m’a très vite jugé inapte à ce qui qualifiait être du vrai travail, du travail manuel, physique, un travail d’homme, comme il aimait me le rappeler. Non, moi j’étais un intellectuel, j’avais beau passer mes weekends à soulever des bottes de pailles de 100kg, ce n’était jamais suffisant. Et ce n’était pas le seul… J’avais beau me buter à la ferme, et au volley, rien n’y faisait, mon physique ne changeait pas pour autant. Je n’étais faible que d’apparence mais ça personne ne semblait le voir. C’est en parti pour ça que je suis allé aussi loin de chez moi pour les études supérieures. Il fallait que je coupe court avec toute cette vie et que je me construise.

viii. Cette colère, je la fume, je la bois et je la frappe mais je ne l’exprime ou ne la montre que très rarement. Un bouillon froid qui fulmine en moi silencieusement. J’ai même essayé les sports de combat pendant très longtemps, au lycée puis à l’université mais j’ai très vite arrêté. Entre les cours, et le volley, ça devenait ingérable. Pas que j’avais spécialement besoin de réviser, par chance j’avais des facilités à ce niveau-là. Il en allait de même pour la musique, ce qui m’a valu une bourse. C’est juste que ça empiétait sur mon temps alloué aux soirées et aux gueules de bois de l’enfer.

ix. Je travaille au Red Club depuis quelques temps, j’y suis arrivé à la période où il était géré par Caleb Grant, c’était un chic type... Et il adorait mes verres. Enfin je crois, il disait ça par politesse, il ne devait pas trop avoir de souvenir de nos beuveries post-travail. Comme je l’ai dit précédemment, j’ai du pif, un bon instinct pour déceler les bons plans car…
J’étais aussi présent lors de la fusillade, à ma place fétiche, derrière le comptoir. Mon pouvoir m’a permis de m’en sortir indemne. C’est d’ailleurs ce soir-là que j’ai découvert que je pouvais étendre mon don à quelqu’un d’autre. Dans le feu de l’action j’ai tiré un client, qui prenait commande, par-dessus le bar avant de le plaquer au sol. J’aurais juré qu’une balle aurait dû le traverser mais au lieu de ça, elle s’est plantée dans le mur accompagnée de plusieurs de ses sœurs. Je n’ai pas encore réussi à reproduire l’exploit. Je pense que l’adrénaline qui coulait en moi était telle que j’ai pu facilement pousser au-delà de mes limites… Mais franchement si pour progresser je dois me replonger dans une situation similaire, je veux bien rester à mon niveau actuel. Aller salut, la bise.


x. A cause de mon pouvoir j’ai toujours une petite crainte quand quelqu’un me touche ou que je touche quelqu’un. Je peux sursauter ou repousser quelqu’un qui me touche par surprise.
Je déteste être surpris également, de peur de déclencher mon pouvoir accidentellement. Il n’est pas rare de voir mes yeux s’agiter frénétiquement tout autour de moi ou d’avoir les oreilles qui traînent.
C’est d’ailleurs comme ça que je suis au courant de tout plein de potins. Non seulement on se confie beaucoup à un barman, parce que partager ses préoccupations à quelqu’un de totalement externe est plus facile. Mais j’entends tout ce qui se dit autour du comptoir. Bon ok, sauf quand la musique est trop forte. Je reste … j’allais dire humain mais ça ne marche plus trop maintenant non ? Bref vous m’avez compris. Ne faites pas genre.