hope it gives you hell ft James.

Pourquoi j’avais pris cette affaire moi déjà ? Ah oui. Gleb était derrière les barreaux, Glisha était hors du périmètre d’action de la bratva, et globalement, ce pauvre Kazimir était totalement dépassé par tout ce qu’il se passait. L’argent avait du mal à rentrer, et l’envie de remonter sur le ring pour me faire un ou deux billets n’étaient pas forcément à l’ordre du jour. Quoique. Franchement, ça serait toujours mieux que lui rendre visite. Comment il a pu « oublier » de me rendre l’original du contrat prénuptial de Mme Victors ?

Il l’a forcément fait exprès, je ne sais pas ce qui lui passe par la tête à ce … идиот ni comment un type pareil peut avoir une librairie. Je sais juste qu’il a probablement décidé de me faire chier. Je veux dire, il est fermé pour ne pas répondre au téléphone ? C’est quel genre de business qui ne répond pas ? Devoir me déplacer jusqu’à lui était d’autant plus irritant qu’il fait 25° à l’ombre. Ce genre de température ce n’est pas humain. J’ai la foutu impression de fondre, le choc thermique entre ma peau et le soleil me déplaît au plus haut point, je donnerais tout pour aller au cinéma me planquait dans une salle climatisée, mais non à la place je suis là, à presque courir jusqu’à la librairie du coin de la rue. Tous autour de moi portent jean et t-shirt ou combinaison flashy – mes regards dédaigneux parlent pour moi si vous voulez mon opinion sur la question - . Je dois être le seul en pantalon de costume et chemise cravate.

Alors oui, certes, j’aurai pu prendre ma voiture, j’y ai pensé figurer-vous, mais comme toute Dodge qui se respecte, elle a décidé qu’il faisait trop chaud pour elle et qu’elle ne démarrerait pas. Je hais cette voiture, une bonne vieille Vaz ( Lada ) y’a que ça de vrai, mais revenons-en au sujet de mes doléances. M. James Walton, libraire le jour, détective la nuit, ou l’inverse puisqu’il ne daigne pas répondre à mes appels, le faire disparaitre pourrait être tentant, à vrai dire j’y ai déjà pensé, mais contrairement au sans abris sous crack il avait des gens un peu trop importants autour de lui. Bien malheureusement, je dois composer avec son existence qui me pourrit la vie.

Enfin, après 20 minutes de marche, j’entre dans sa boutique, qui toute somme est plutôt charmante et bien rangé, je scanne l’environnement et pivote sur mes talons lorsque je repère le propriétaire des lieux. Il ne me faut pas plus de quelques secondes pour avaler les quelques mètres qui nous séparent, mon regard accroche le sien et c’est d’une voix quelque peu irrité que je l’interpelle.

« James. Je suis là pour le contrat prénuptial. »

Pas l’air choqué de la femme qui chercher un bouquin dans la section « nouveauté » ni le regard outré du vieil homme qui feuilleté les pages d’un livre sur l’art de la guerre ne me feront prendre conscience du double sens de mes mots.

Aujourd’hui, James Walton s’est réveillé du bon pied. Fait assez rare pour être notifié... La veille, ils avaient dansé avec Jessie, en buvant du bon vin. Donc forcément, il avait ouvert les yeux avec le soleil lui chatouillant agréable le visage... sa moitié mexicaine appréciait ce genre de température, son teint hâlé lui allait tellement mieux. Il respirait le soleil et transpirait presque la bonne humeur.  C’est donc tout naturellement que sa journée se déroulait plutôt bien, il sifflotait dans la librairie, disait bonjour aux clients presque avec le sourire (et un petit côté dédain en moins)… Certains habitués étaient même surpris, faisant parfois des remarques légèrement teintées d’ironie. Il ne releva aucune réflexion, affichant toujours son air poli et souriant, presque sympathique.  

Mais c’était sans compter sur l’existence de certains acteurs de sa vie, aussi inattendus que non désirés. Et ces derniers ont tendance à toujours apparaitre quand il s’y attend le moins... Comme celui-là.
James regarda le nouvel arrivant débouler telle une tornade qu’il n’était pas, l’assénant de sa requête, comme à son habitude, l'air irrité. "James. Je suis là pour le contrat prénuptial." Voyons, il faut te détendre un peu mon cher Stanislas, tu risques d’exploser à ce rythme...  

Le libraire laissa un sourire aguicheur flotter sur ses lèvres... C’était amusant. Il glissa le livre qu’il avait entre les mains entre deux ouvrages, avant de se tourner vers Stan, plantant son regard sombre dans le sien, à nouveau. “Bonjour Stanislas. Comment vous portez-vous aujourd'hui, en cette belle journée ensoleillée ?” Je m’en contre fiche, de votre bien être en toute sincérité. Il ne manqua pas de le regarder de haut en bas, cela dit. Vraiment ? Le look de croquemort en plein soleil ? C'était tellement hasbeen.  

“Le contrat pré nuptial ?” Il fronça un sourcil. Mais de quoi parlait-il ? Oh... oh. “Mais voyons, je pensais que nous n’avions pas besoin de ça, entre nous.” Il lui avait glissé ces dernières paroles dans un geste de confidence, suivi d’un clin d’œil... Mais il se doutait bien que leur assemblée avait laissée trainer ses oreilles. L’homme venait de tousser bruyamment, alors que la femme sursauta avec un petit glapissement. Satisfait de l’effet provoqué, James s’éloigna de Stanislas pour se diriger vers le comptoir.  

Oh, bien sûr, le plus jeune savait très exactement ce dont son ainé avait besoin. Mais il n’allait certainement pas le lui céder aussi facilement. Le russe avait le don d'agacer le libraire, et ce dernier, rancunier comme jamais, ne s’était toujours pas remis de leur bagarre enfantine –certes, à moitié de sa faute... Mais franchement, il n’y était pour rien si tout le monde lui mangeait dans la main. Stan manquait juste de son charisme, voilà tout. La jalousie, c’est moche, Monsieur Gniewko. Vous devriez vous faire soigner. Mais ne vous inquiétez pas, James, dans son infime bonté, vous excuse.

Si je dois bien admettre une chose, c’est que M. Walton avait un talent particulier, un talent très agaçant, mais un talent quand même. Il rendait absolument toutes nos conversations désagréables. Allez d’un point A à un point B sans passer par Z semble être une épreuve pour lui. Ma demande était pourtant claire, mais non… Le sourire qu’il affiche fait écho à ma respiration qui devient plus lourde."Bonjour Stanislas. Comment vous portez-vous aujourd'hui, en cette belle journée ensoleillée ?" God i hate him. Je ferme les yeux une demi-seconde, il allait recommencer, il allait rendre tout cela bien plus compliqué que ça ne doit l’être. Est-ce que je suis trop slave pour comprendre l’intérêt de flâner ? Peut-être. J’élude bien entendu cette fausse politesse qui ne lui va pas bien en bouche. “Le contrat pré nuptial ?” Oui le contrat prénuptial. Ne me fais pas l’affront de ne pas savoir de quoi je parle. Dès lors où il fronce les sourcils mon regard s’assombris. “Mais voyons, je pensais que nous n’avions pas besoin de ça, entre nous.” … Un jour, mon poing partira plus vite que mes pensées.

Respire Stan’ respire. Je roule mes épaules pour éviter de me figer et me pince l’arête du nez avant de suivre l’Américain vers son comptoir. L’atmosphère, à mon grand déplaisir, c’était rafraîchie autour de moi et je sentais déjà le picotement bien particulier des engelures qui titillent mon corps, pourquoi je n’ai pas fumé avant d’entrer ? C’était la connerie. Dès l’instant où James passe derrière le comptoir, je pose mes deux mains sur ce dernier, loin l’une de l’autre. Je tente, naïvement probablement, de ne pas escalader dans la bêtise. Ne pas l’insulter était déjà un bon point.

« Ne jouez pas à l’innocent James. Vous savez l’importance qu’à ce document. » Pour moi, surtout, l’avoir sous les mains me permettrait de classer l’affaire en quelques jours. C’était là tout l’intérêt de ces contrats, toutefois, je serai idiot d’imaginer que la cliente de James ne cherche pas à gagner du temps pour qu’il trouve ce qu’il cherche sur son mari. Là où j’ai été idiot, c’est que je lui ai montré l’original plutôt qu’une copie.

« Notre relation » professionnelle, j’entends « a toujours été cordiale. Évitons que cela change. »

Menace à peine voilé. Au vu de notre passif, il savait, comme je savais, qu’en venir au poing ne serait ni un problème pour lui ni pour moi. Si je devais retourner sa librairie pour le faire changer d’avis sur la cession du contrat, qu’il en soit ainsi.

James était fier de lui, il se sentait tel un paon le jour d’une parade. C’est vrai qu’il appréciait particulièrement énerver ses semblables... c’est une qualité qui lui était si unique, il ne pouvait s’en décommander. Il a une réputation en jeu après tout, vous comprenez...  
Stan semblait s’étaler comme s’il était chez lui sur le comptoir. Mais bien sûr, fais-toi plaisir mon cher, éparpille tes bras, tes mains, ton corps. James manqua de rouler des yeux à cette nouvelle vision. Mais se contint, il ne voulait certainement pas enclencher une bagarre dans sa librairie. Ce serait trop difficile de tout expliquer à Jessie, et sans compter sur le fait de devoir se taper le rangement du désordre qu’ils provoqueraient.  

"Ne jouez pas à l’innocent James. Vous savez l’importance qu’à ce document.” James commença à former une pile de livre devant le russe, en lui jetant des regards de temps en temps... à peine l’air attentif à ce qu’il lui disait. Oui oui, document important, à ne pas en douter. Lorsque le brun avait compris qu’il avait la version originale entre les mains, il avait su dès lors qu’il allait devoir supporter cette conversation avec son collègue par intermittence. "Notre relation a toujours été cordiale. Évitons que cela change." Vraiment ? James haussa les sourcils, l’air franchement dubitatif face aux paroles du russe. Cordiale, ce n’est certainement pas le mot qu’il aurait choisi.  

“Je suis d’accord, ce document est important. Mais vraiment, vous pensez que notre relation sera renforcée grâce à un tel papier ?”  Ses yeux s’adoucir, tout comme sa voix, il fit une moue mignonne. Tous deux étaient toujours écoutés attentivement par leur audience... se mettre dans une telle situation, le libraire appréciait. Il se pencha légèrement au-dessus du comptoir, un sourire collé aux lèvres, son visage un peu trop proche de celui de Stanislas. Il attrapa la pile de livres amassée entre les mains du russe, avant de se diriger vers un nouveau rayon. Il devait ranger tout ça avant l’arrivée de Jessie. La dame venait de quitter les lieux, sans doute offusquée. “Je crois que vous faites fuir mes clients.” A chacun son passe-temps... Certaines aiment dessiner, d’autres courir ou encore observer le ciel... James préfère rendre son entourage complètement cinglé. Enfin, si on considère l’avocat comme faisant pleinement parti de son entourage. Donc bon courage pour arriver à tes fins, Stanislas.

 
 
Est-ce qu’il est en train de faire ce que je pense qu’il est en train de faire ? Mais oui, mais bien sûr que oui. Il fait mine de m’ignorer. Un jour je vais lui fumer sa gueule à c'connard ! Mais passons, j’ai l’habitude du manque de respect de M. Walton, le monde devrait être à ces pieds, mais god forbid qu’il ait juste à montrer une once d’égard envers ces semblables.

“Je suis d’accord, ce document est important. Mais vraiment, vous pensez que notre relation sera renforcée grâce à un tel papier ?”what ? C’est quoi cette réponse ? Et c’est quoi ce regard ? Mais à quoi joue-t-il ? Confus, je garde les sourcils froncés lorsqu’il approche son visage mais, encore une fois, c’était quoi son problème ? C’est lorsque la femme quitte la librairie avec un petit air outrée que les pièces du puzzle cliquent dans mon esprit… Mes yeux se ferment. Je respire profondément. Rester calme, il fallait absolument rester calme. “Je crois que vous faites fuir mes clients.” … N’ayant pas bougé du comptoir, je tourne mon visage vers lui puis vers l’homme qui se cache entre deux rayons pour nous regarder en chiens de faïence. Tu veux jouer James ? Très bien. On va jouer James. Me redressant d’un coup sec, je renvoie les fourmis que je sens au bout de mes doigts au fond de mon esprit, si l’apparence est calme, mon cerveau bouillonne. Je vais vers le client pour l’inviter, un peu violemment, à quitter les lieux. « Foutez le camp d’ici.» Hébété l’homme tente de balbutier une excuse ou de se trouver du caractère pour m’affronter. « Dehors ! » Il ne lui en faut pas plus pour oublier toute notion courage et fuir vers la porte ouverte. Porte vers laquelle je me dirige pour en prendre les battants et les claquant brutalement, changeant le signe d’ « open » à « closed » . Une nouvelle fois je respire profondément, tenter de maintenir ce foutu don loin de mes émotions. Je me tourne vers James, droit et m’avance sur lui avec la même démarche que précédemment, je ne m’arrête qu’à quelques centimètres de l’Américain.

« Je ne partirai pas d’ici sans ce papier James. Soit ça se passe calmement, et au pire vous perdez deux clients, soit malgré tous le respect » ce mot est empli de mépris, comme s’il me brûlait la langue « que je vous dois, je fais en sorte que vous n’ouvriez pas boutique pour les prochains jours; »

Soit en te démolissant toi, ou en mettant une telle pagaille dans ta librairie que tu risques de ne plus la reconnaître.

Ça commençait à agacer James, ces gens qui débarquent comme si la librairie leur appartenait ou appartenait à leurs aïeux, prenant ainsi leurs aises dans leurs gestes et leurs paroles. Il se doutait bien que son attitude, son être, ses paroles, rendait l’autre plus agacé que jamais, plus en colère qu’autre chose... mais il était ravi d’égratigner sa carapace, il était ravi de ne pas le voir si froid avec lui. C’était même jouissif intérieurement.
 
Le libraire n’attacha aucune importance aux mouvements du russe. Il se contenta de se placer entre les rayons, rangeant ses livres, tranquillement. Il ne broncha pas non plus lorsqu’il fit fuir le Monsieur, ni la fermeture de la porte. “Foutez le camp d’ici.” Que c’est obscène, de parler de la sorte envers les personnes plus âgées. Vraiment, quel comportement de bas étage. Ces gueux n’ont absolument rien dans la cervelle, semble-t-il... en tout cas, pas une once de politesse. “Dehors !”
Mais bien sûr, fermes mon commerce, je ne dirais rien. James plaça le dernier livre pile au moment où le russe revint le voir. “Je ne partirai pas d’ici sans ce papier James. Soit ça se passe calmement, et au pire vous perdez deux clients, soit malgré tous le respect que je vous dois, je fais en sorte que vous n’ouvriez pas boutique pour les prochains jours;”  

Vraiment ? Rêvait-il ou le russe était en train de le menacer ? James se retint de ricaner. “Vous venez dans mon établissement, en plein jour, me réclamer un document dont je n’ai aucun détail, sans une once de politesse, vous faites fuir mes clients, vous fermez ma librairie... et en plus de ça, vous osez me menacer ?” On croit franchement être sur une autre planète. James leva les yeux au ciel avant de soupirer et les rabattre sur l’homme en face de lui. Son sourire avait disparu. “Il faut vous détendre, si vous souhaitez qu’on travaille ensemble. Votre attitude est franchement désobligeante. Vous manquez de politesse. Bien que votre présence ne me soit pas désagréable” En effet, si vous voulez travailler avec moi, faites-en sorte de me demander les choses correctement. On ne vous a jamais appris à dire s’il vous plait et merci ? “Alors allez-y, frappez-moi. Au moins, on saura qui aura le fin mot de l’histoire, personne ne pourra nous séparer, cette fois.” Il leva un sourcil en écartant les bras. Franchement, il n’avait aucune envie de jouer de ses poings. Mais si ça pouvait faire plaisir à Stanislas...

Qu’est-ce que je disais il y a 5 minutes, la cordi-… cordia… ah oui cordialité. On en est loin. Je ne sais pas pourquoi j’ai cru en entrant ici que ça ne se finirait pas par mon poing qui s’imprime sur le joli visage de M. Walton. Juste pour pouvoir lui faire ravaler son sourire. “Vous venez dans mon établissement, en plein jour, me réclamer un document dont je n’ai aucun détail” Aucun détail ? Non mais James. S’il te plait. N’insulte pas ton intelligence, tu sais très bien ce que tu as et pourquoi tu l’as fait. ” sans une once de politesse, ” si seulement tu méritais la politesse. ” Vous faites fuir mes clients, vous fermez ma librairie... ” Dommages collatéraux. ” et en plus de ça, vous osez me menacer ?” Superbe résumé James. Si tu ne m’avais pas mis les nerfs à vif, je t’applaudirais mais bien sûr, il ne pouvait pas s’arrêter là. Non. Le show James Walton ne faisait que démarrer. Il fallait reconnaître que le brun avait une certaine aisance avec la langue. “Il faut vous détendre, si vous souhaitez qu’on travaille ensemble. Votre attitude est franchement désobligeante. Vous manquez de politesse. ” Mon attitude est désobligeante ? Voler un contrat d’importance dans le but d’ennuyer un collègue est bien plus « désobligeant » que le léger désagrément que tu es en train de subir James. Au fil de son laïus, ma vision devient quelque peu floue. Mauvais présage. “ Bien que votre présence ne me soit pas désagréable” … ? Ces quelques mots sans adversité me font froncer les sourcils et tiquer très légèrement. Je ferme les yeux quelques instants autant pour me remettre d’aplomb que pour enregistrer ces derniers mots. Lorsque je les ouvre à nouveau il a les bras écartés, je crois distinguer un petit air défiant, mais il est flou. Je déteste cela. ? “Alors allez-y, frappez-moi. Au moins, on saura qui aura le fin mot de l’histoire, personne ne pourra nous séparer, cette fois.” … Ma respiration lourde et une nouvelle fermeture de paupières répondent à ces mots. Il faut que je me calme avant que la glace ne se joue de mes nerfs. Je devine que la température a encore baissé autour de moi, par conséquent, je fais un pas en arrière pour sortir de l’espace vital de James. J’ouvre à nouveau les yeux, et c’est flou, c’est flou et le peu de soleil qui passe dans la boutique m’éblouit. Je me pince l’arête du nez en soupirant. Ok. Il va falloir redescendre en pression et la jouer autrement. Mes yeux m’irritent, la glace prend ses aises.

« Pardonnez-moi James. La journée fut compliquée. » Je n’étais plus en position de force. Cet entretien devait cesser au plus vite. Ma voix, comme à l’habitude, est posée mais une pointe de stress la rend pour une oreille avertie, un poil plus aigu « Le contrat prénuptial est celui de Mme. Victors. Il me semble que vous en êtes le possesseur actuellement, puisque vous êtes le seul qui ait eu l’original entre les mains. » Cette lumière … blyat !, je suis, bien malgré moi, obligé de détourner le regard puisqu’elle englobe James.  

Parfois, vous regardez un avocat bien mûr, vous le palpez... Et vous avez soudainement cette irrépressible envie de l’écraser, tant il est mou. C’est un peu ce dont avait actuellement envie James, là tout de suite. Mais avec la tête de Stan comme avocat bien mûr. Lui écrabouiller la tronche simplement et tout bonnement.  
Sa journée avait si bien commencé... Et la voilà qui prend une tournure inattendue. Non mais vraiment James, serais-tu maudit ? Si ça se trouve, les météorites t’ont donné un don aussi... attirer tous les cons de la ville.
Mais s'il y réfléchit bien, attirer les cons, ça a toujours été un don, toute sa vie. A commencer par le fait d’être né dans une famille de con fini. Donc bon. Il ne peut pas vraiment blâmer les météorites, à ce stade. Il a juste la malchance de se trainer des gens un peu trop désagréables dans la vie... Uhhhh.  

"Pardonnez-moi James. La journée fut compliquée." Ah ? Pardon ? Serait-il en train de rêver ? Quel retournement de situation ! On croirait une pièce de théâtre ! Lorsqu’on découvre que, le meurtrier, depuis le début, était la mamie toute gentille qui offre des cookies à tout le monde... tu te perds James. Bon, finalement, peut-être que Stan n’était pas si con que ça. Peut-être avait-il réussi à joindre les deux neurones de son cerveau pour calmer ses esprits et son tempérament.  
Et puis, son comportement était soudainement si étrange... pourquoi semblait-il déboussoler ? James pencha légèrement la tête sur le côté, le regard interrogateur. Il n’était pas le seul lunatique dans cette pièce.
“Le contrat prénuptial est celui de Mme. Victors. Il me semble que vous en êtes le possesseur actuellement, puisque vous êtes le seul qui ait eu l’original entre les mains.”  

Oui oui oui bien sûr, il savait de quoi il s’agissait, mais cela ne concernait plus le contrat. Est-ce que sa personnalité avec une telle brillance que ce cher russe ne pouvait la supporter, s’obligeant à détourner les yeux ? Était-ce peut-être son odeur divine, le musc ambré qui perturbait les sens de son interlocuteur ? Voyons James, un peu de sérieux... C’est sans aucun doute cette beauté digne d'un dieu grec sculpté dans le marbre qui le tourmente ! Il ne voyait pas d’autres explications... “Est-ce que ça va ? Vous voulez vous asseoir peut-être ? Je vous fais tant d’effet ? Ne vous inquiétez pas, j’ai l’habitude.” Voyez-vous, James est aussi capable de faire preuve de bien séance lorsqu’il se trouve dans une situation impromptue. Surtout lorsqu’il se doute bien que cette situation a été provoquée par son être céleste. Ahem.
Il tira une chaise de l'une des tables de la partie réservé au café. Une partie dont il était particulièrement fier, plutôt bien agencée pour donner un vrai côté cocooning.

Je le sens, je le sens se dire qu'il tient quelque chose... C'est presque comme si son ego venait se frotter à moi tel un chat réclamant sa pitance, une partie de moi aimerait fuir, l'autre se dit que si j'ai le malheur de partir là maintenant, la prochaine fois que je croiserai James il serait presque capable de pisser sur mon bureau pour encore plus appuyer sa dominance. On ne gagne jamais avec ce genre de type.

"Est-ce que ça va ? Vous voulez vous asseoir peut-être ? " C'est fou comme ces mots sont dénués de leurs sens initiales quand ils passent dans la bouche de James. Tout dans sa voix indique qu'il jubile et je suis persuadé qu'un sourire tord presque son visage. "Je vous fais tant d'effet ? Ne vous inquiétez pas, j'ai l'habitude... "

L'agression du soleil envers mes yeux n'est absolument rien à côté de celle du libraire. My god i hate him. I hate him so. fuckin. much. Une bonne chose était à tirer de l'arrogance du Narcisse en devenir, il ne se rendait absolument pas compte du froid qui s'immisce dans sa boutique, probablement pensera-t-il que le climatiseur s'est emballé face à son charme ardent. Je ferme à nouveau les yeux, essayant de me projeter ailleurs... Au musée, ou au cinéma par exemple. Réfléchir à des œuvres d'art, je dois être fou, puisque visiblement, je ne me rends pas compte que James en est une à lui tout seul. Lui par contre, il semble être au courant. Je vous fais tant d'effet mais l'arrogance... L'ARROGANCE ! J'entends le bruit d'une chaise glissant au sol. Je ne sais pas où et comment il a pu s'imaginer que j'avais la moindre envie de rester ici. Pourquoi doit-il rendre tout cela si compliqué ? Quand j'ouvre à nouveau les yeux, l'irritation me fait les refermer presque automatiquement, à mon grand malheur, je regardais dans sa direction. Ma mâchoire se boulonne, mes dents grincent l'espace d'une demi seconde. Mes doigts viennent à nouveau pincer l'arrête de mon nez alors que ma voix emplit la salle.

"Je veux juste le papier James. Ne vous flattez pas plus qu’à l’habitude. Si vous l’avez sous la main, donnez le moi, autrement je vous prierais de venir le déposer au cabinet dans les plus brefs délais. "

Pour appuyer mes propos, je me force à relever le regard vers lui, mais pourquoi diable se met-il dos à la fenêtre ? J'ai l'impression de regarder directement vers le soleil. Mais soyons dur au mal Stan, soyons dur au mal. Il ne faudrait pas flatter encore un peu plus l'égo de M. Walton au risque de voir celui-ci exploser. Je ne pouvais pas rester ici beaucoup plus longtemps, si je vois encore quelque peu je sens qu'au fil des secondes le noir l'emporte sur le flou et être totalement aveugle en compagnie de James Walton n'était pas l'idée du siècle.

Bon, il n’avait pas l’air de vouloir poser ses jolies petites fesses sur la chaise. C’est fou comme, lorsqu’on décide d’être gentil un petit peu, un tout petit brin de cœur, les autres se comportent comme des idiots finis.
James qui pensait que, finalement, Stan et lui avait réussi à trouver un terrain d’entente.... Mais non, le Russe réussit toujours à tout faire foirer. Ahlala. Mais ce n’est pas bien grave, comme d’habitude, James va réussir à redresser la barre de la bienséance, à se rabaisser à son niveau et le tirer vers le haut !

"Je veux juste le papier James. Ne vous flattez pas plus qu’à l’habitude. Si vous l’avez sous la main, donnez le moi, autrement je vous prierais de venir le déposer au cabinet dans les plus brefs délais. " Comment ça, ne vous flattez pas plus qu’à l’habitude....? Bien sûr qu’il ne se flatte pas d’habitude, il ne fait que des constatations qui sont plutôt véridiques. Non mais vous l’avez regardé ? Il ne sait d’ailleurs pas comment les gens font pour passer devant lui, et lui parler, sans tomber dans les pommes. Soyons sérieux deux minutes, enfin. Mais, dans sa grande bonté, James se contint de déblatérer ces choses à Stan. Celui-ci n’avait pas besoin de se sentir mal, il avait l’air suffisamment... perturbé ? “Oh oui bien sûr, ce fameux papier. Laissez-moi regarder.”

Il savait pertinemment que ce papier ne se trouvait pas dans la librairie. Il était sur son bureau, à son appartement, bien rangé dans son dossier. Et, bien entendu, il n’allait pas l’indiquer tout de suite à Stan. Ce dernier avait déboulé dans sa librairie de façon désobligeante, il n’avait aucune envie de lui donner son dû aussi simplement et facilement. Il fallait que le russe souffre, encore un petit peu. Il contourna Stan pour aller derrière le comptoir, l’air de vraiment chercher le fameux dossier.
Et puis un frisson le parcouru. Il avait vraiment froid, soudainement. C’était bizarre... Est-ce que la clim s’était encore emballée toute seule ? Oh ! Peut-être que le froid rendait Stan docile... intéressant ça, franchement il devrait carrément mettre du froid plus souvent, s’il pouvait du coup, calmer l’avocat ainsi. “Mais il fait si froid soudainement, non ? Est-ce que c’est ça qui semble vous mettre mal en point ? Vous souhaitez que je baisse la température ?”
Voyez la considération dont il fait preuve... Vraiment, tu as un cœur en or James Walton. Tu es si regardant sur l’état des autres... l’empathie, c’est franchement ton fort.

“Oh oui bien sûr, ce fameux papier. Laissez-moi regarder.”

Merci.

Un soupir de soulagement traverse mes lèvres. Pauvre candide que je suis. Me voilà, imaginant gaiement James sortir quelques secondes plus tard avec le contrat tant attendu, je le remercierais, je repartirais, ma vue reviendra ! Oh oui. Quel spectacle agréable. Quel beau rêve. Je n'ai jamais été du genre à rêver éveillé, aujourd'hui cependant j'ai une lueur d'espoir qui vient naître au fond de mon crâne. Le fait qu'il passe à côté de moi sans faire la moindre remarque est forcément bon signe. Forcément. J'en profite d'ailleurs pour refermer les yeux et passer mes doigts sur ces derniers, toujours encore une fois dans l'espoir naïf qu'ils réchauffent à minima ma cornée. Il n'en est rien. Bien entendu, pire encore, la noirceur qui m'entoure devient pesante. James pourrait me donner n'importe quel papier à l'heure actuelle, je suis bien incapable de lire une seule ligne. Est-ce que cette situation me stressait ? Un peu oui je dois l'admettre. C'était la deuxième fois que ma vision se décidaient à disparaitre. Devenir aveugle signifierait la fin pour moi. On sait où finissent les hommes qui n'ont plus aucune utilité pour la bratva, qu'est-ce qu'ils feraient d'un infirme ? Je donnerais même l'arme chargée à Kazimir pour qu'il m'élimine. God. Et si cette fois ça ne revenait pas ? Si James avait vraiment fini par me mettre KO malgré lui ? Non. Non ça reviendra, ça reviendra, je suis le mouvement de l'américain à l'ouïe et devine qu'il est revenu au comptoir. Bonne chose, la lumière était bien plus douce par là-bas. Je tourne les talons pour lui faire à nouveau face, j'arrive encore à distinguer, très vaguement, sa silhouette.

“Mais il fait si froid soudainement, non ? Est-ce que c’est ça qui semble vous mettre mal en point ? Vous souhaitez que je baisse la température ?”

Non mais il se fiche de moi. You think the cold is your ally? You merely adopted the cold. I was born in it, molded by it. I didn't feel warm until I was already a man ! . Si mes dents grincent de nouveau c'est autant d'agacement que de la soudaine angoisse qui vient naitre au creux de mon estomac. Va falloir partir maintenant. Si James faisait le rapprochement froid – moi-même, je ne donnais pas cher de ma peau. Alors je profite du peu de vision qu'il me reste pour tenter une fuite jusqu'à la porte.

" Non. Ecoutez James, je n’avais pas vu l’heure je suis attendu ailleurs. Faite quelque chose pour ce papier rapidement. Merci.  "

Écourter la conversation au maximum, ne pas lui laisser l'occasion de répondre, prendre de grandes enjambés jusqu'à la porte. La problématique ? En fait je ne vois que la source de lumière de la porte, j'arrive à peine à distinguer les allées de bouquins, donc forcément je loupe totalement le petit présentoir qui était pourtant droit sur mon chemin. Qu'est-ce qu'il se passe quand un objet immuable rencontre une force irrésistible ? Tout casse. Oui voilà. Le présentoir, les livres qui volent, mon équilibre ... J'arrive, par un petit miracle, à ne pas m'étaler au sol. Je ne donnerais pas à James ce plaisir. Mais ça y est.

Voilà.
On y est arrivé.
Je ne vois plus rien. Plus rien du tout.

" blyat..."

Le libraire farfouilla quelques livres, l’air vraiment occupé à chercher. Décernez un césar à cet homme, il sait si bien jouer la comédie, c’en est presque comique, d’un point de vu extérieur. Afféré, il ne prêtait plus vraiment attention à son invité, il prenait son rôle de recherche fictive très au sérieux. Quitte à mentir de façon si effrontée, autant se donner les moyens à fond. James ne fait pas les choses à moitié, voyez-vous. Alors le voilà soulever de la paperasse, ouvrir des dossiers fournisseurs au hasard, ah oui, il devait repasser commande pour certains livres qui étaient en rupture de stock depuis quelque temps...
Et puis cette commande qui n’était toujours pas arrivée pour Madame Silverston, elle attendait ce bouquin érotico-romantique depuis des semaines. Il avait eu grande honte à prendre cette commande, honnêtement. Au départ il avait envie de refuser ... Puis Jessie lui avait lancé un regard meurtrier de l’autre côté de la librairie...

" Non. Ecoutez James, je n’avais pas vu l’heure je suis attendu ailleurs. Faite quelque chose pour ce papier rapidement. Merci. " Bouh c’était vraiment dommage, il y était presque (ou pas). Mais il semblerait que sa revanche était plutôt bien en place. Cela dit, le manque de réaction soudain de la part de Stan le rendait suspicieux. Qu’est-ce qu’il cachait, celui-là encore ?
Et le cours de ses pensées vola en fracas en même temps que le bruit que fit Stan. Il releva les yeux immédiatement. Le Russe qui chancèle, le présentoir qui vole en éclat, les livres éparpillés... " blyat..." En quelques instants, James se retrouva à côté de lui.

“Eh bien dis donc, on dirait que quelqu’un a du mal avec le concept d'espace.” Le ton de James était étrangement plutôt posé. Il ne lui en voulait pas. La scène était assez drôle, mais en vrai, notre prétentieux n’allait pas en rire. Non parce que bon, il ne pouvait pas oublier que Stan était plus âgé... Peut-être que la vieillesse était en train de le rattraper... Bien qu’il n’eût franchement pas l’air d’approcher de la quarantaine. Il était même plutôt bien conservé, pour son âge, de l’avis de James. Et s’il n’était pas aussi con, le libraire l’aurait presque dragué... Mais tu t’égares, mon cher James. Là n’est pas la question.

“Vous avez l’air perdu un peu quand même... Un petit souci de santé, peut-être ? Un dysfonctionnement cognitif ?” Enfin moi je dis ça, je ne dis rien hein... Et puis, pourquoi il ne bougeait plus ?
Well, si James était un peu moins autocentré, peut-être qu’il aurait remarqué la cécité de son collègue occasionnel. Peut-être qu’il aurait remarqué, aussi, le froid qui émanait de lui. Mais non, là le plus important, c’était le bordel que l’avocat avait provoqué dans sa librairie. James allait encore devoir passer des heures à ranger et nettoyer. Il ne te remercie pas hein Stan !

Je m’attendais à des cris, à une éventuelle tornade qui débarque en m’insultant, à tout un tas de chose plus dramatique les unes que les autres, on parle de James après tout. La théâtralité du personnage n’était plus à démontrer mais non, “Eh bien dis donc, on dirait que quelqu’un a du mal avec le concept d'espace.”  C’est certes une pique qui sort de la bouche de l’Américain mais rien de bien méchant. Rien de pire qu’à l’habitude, finalement. En un sens, ouf, je ne sais pas comment j’aurai pu gérer un James partiellement énervé à l’heure actuelle. Je n’arrive même pas à me situer vis-à-vis de la porte. Est-ce qu’elle est devant moi ? Derrière moi ? Et lui, je l’ai senti arrivé je sais qu’il est là, sa voix est trop proche pour qu’il soit resté derrière le comptoir, mais où est-il exactement ?


“Vous avez l’air perdu un peu quand même... Un petit souci de santé, peut-être ? Un dysfonctionnement cognitif ?” Droite. Il est sur ma droite. Instinctivement, je tends l’oreille vers lui plutôt que de tourner mon regard. J’ai les yeux grands ouverts, mais totalement incapable de se fixer sur quoique se soit. Les irritations sont toujours présentes me donnant l’impression d’avoir du verre pilé dans les yeux. Qu’est-ce que je peux lui dire ? Je ne peux pas faire comme si tout aller bien. Il n’est peut-être pas très observateur mais pour le coup, lui, n’est pas aveugle. Alors je passe une main sur mon visage en soupirant.


« C’est très aimable à vous de vous inquiéter de mon état James. J’ai, en effet, quelques soucis de santé. » l’envie de rajouter qu’ils ne m’empêcheraient pas de lui démolir la tronche est forte, toutefois jouer à l’idiot maintenant serait comme signer mon arrêt de mort. Je ne pouvais plus lui mentir aussi, on avait dépassé ce cap dès l’instant où j’avais touché ce foutu présentoir. Je devais absolument réussir à me repérer d’une façon ou d’une autre. J’aurai dû faire une carte mentale de la chaleur qui traverse les vitres quand j’en avais l’occasion. Merde ! Mes doigts s’engourdissent pour ne rien arranger, ce foutu prétendu « don » aura ma peau. Le bruit de la rue, oui, c’est ça qui va me permettre de me repérer. J’entends les voitures, parfait. « Si vous voulez bien m’excuser. » Sans réfléchir plus et toujours dans l’optique de partir, je me tourne vers la droite, là d’où viennent les bruits. Je fais un pas, avant que mon cerveau veuille bien se souvenir, que James se trouve pile à cet endroit. Quelques millisecondes plus tard, je réagis mais c’est déjà trop tard. Mon épaule rencontre le corps de l’Américain avec force, par réflexe je tends la main et lui attrape le bras pour éviter qu’il ne bascule.

"C’est très aimable à vous de vous inquiéter de mon état James. J’ai, en effet, quelques soucis de santé." James avait donc deviné juste, Stan avait vraiment des petits soucis de santé. Le pauvre, il allait presque le plaindre… Fort heureusement il ne s’embarqua pas dans une colère noire à la vue des bouquins éparpillés. Il a fait preuve de contenance, et il était franchement fier de lui-même. Bravo James, tu accomplis une bonne action aujourd’hui, voila une étoile de bonne conduite pour toi. "Si vous voulez bien m’excuser."

Mais passons, là maintenant, ce n’était pas vraiment le plus important… Le plus important, c’est le Russe qui semblait complètement à l’ouest, à regarder le vide, puis à foncer comme un timbré sur lui. James n’eut pas le temps de s’écarter, il ne s’attendait pas à un tel choc, comme si… Comme s’il ne l’avait pas vu. Alors soit il était devenu invisible, soit il y avait un vraiment problème avec la vue de l’avocat. Well captain obvious, on dirait que tu touches du bout des doigts la vérité.
Ses doigts étaient littéralement… glacés. Un frisson parcouru le corps de James. Lui qui avait toujours trop chaud, c’était presque agréable d’avoir ce touché frais… James le rattrapa de justesse, son réflexe lui fit tendre son autre bras autour de la taille de Stan, le faisait légèrement valser contre lui. Ça, ce n’était pas prévu.
"Alors si vous vouliez la chaleur de mes bras, il suffisait de demander plutôt que de me foncer dessus tel un taureau…" en rut. Bien sûr qu’il se doutait bien que Stan ne voulait pas se retrouver entre ses bras. Mais le fait est qu’il y était, là. Et plutôt que de rendre la chose désagréable et bizarre, en tout cas pas plus qu’elle ne l’était déjà, il valait mieux sortir une connerie pour détendre l’atmosphère. A la James, comme d’habitude… "Et vous avez l’air d’avoir très froid. Je comprends mieux le souci de santé." Non mais là c’était chelou quand même. Très bizarre… Est-ce que ce serait un pouvoir ? Noooon. Certainement pas. De l’expérience de James, les personnes ayant un pouvoir étaient beaucoup plus jeunes. Maximum 32 ans. Stanislas n’était pas dans la tranche d’âge. Pourquoi tout ce froid, alors ?
Mais une petite voix dans son crâne persistait, ce n’est pas impossible James… D’ailleurs, tout, et littéralement tout est possible, depuis cette pluie de météorites. Ce n’est pas parce que tu en as jamais connu, qu’il n’en existe pas, n’est-ce pas ?

Être aveugle, c’est une chose désagréable certes, mais dans un environnement contrôlé éventuellement ça se passe plutôt pas mal. Être aveugle avec un collègue que vous n’appréciez pas forcement est un peu plus complexe mais à la limite ça passe encore. Être aveugle dans les bras d’une personne que vous haïssez du plus profond de votre âme. Boy oh boy.

Mon cerveau est un moteur bien rodé, il peut aller dans les tours sans trop de difficulté, réagit rapidement… Mais comme pour beaucoup de mécanique, il suffit d’un grain de sable pour que tout se désynchronise. Et le grain de sable là, il était plutôt grand, aux cheveux châtains, avec un sourire dédaigneux, et un corps dont la chaleur n’était pas forcément désagréable, mais c’était trop. Beaucoup trop pour moi. S’il y a une chose que je déteste par-dessus le reste, c’est qu’on entre dans mon espace vital, alors entrer dans mon espace vital quand je suis vulnérable. Il a dû le sentir, absolument tout mon corps s’est tendu à l’instant où son bras a encerclé ma taille, mon instinct me hurlait de passer mes bras derrière sa nuque pour le faire voler vers l’avant dans une prise de judo.

"Alors si vous vouliez la chaleur de mes bras, il suffisait de demander plutôt que de me foncer dessus tel un taureau…" Mais quoi ? Mais … Sa bêtise suffit à me faire revenir sur les rails. James était James, un homme, certes ennuyant, mais pas dangereux au demeurant, moins dangereux que n’importe qui de la bratva par exemple. Je prends ma première respiration depuis l’incident. "Et vous avez l’air d’avoir très froid. Je comprends mieux le souci de santé." Je ne sais pas si c’est le malaise, la fatigue, ou le fait d’être au paroxysme du stress, mais ces mots là… Ils me font rire. Non pas seulement rire, éclater de rire. Oh James. Tu n’as pas idée. Je secoue la tête, toujours le sourire aux lèvres, c’est nerveux. Ma main passe sur mon visage tout en quittant son étreinte. La chaleur disparaissant automatique au profit du gel contre ma peau, un frisson en profite pour me parcourir des orteils à la pointe de mes cheveux. Taisant au passage, le rire qui occupait ma gorge, la glace était oppressante. Il me fallait une excuse, il ne me laissera pas partir comme ça.

" Vous avez découvert ma faiblesse James, les climatiseurs un peu trop fort, mes yeux ne supportent pas j’en deviendrai presque aveugle. » "

Toujours plus stressé d’avoir à « avouer » ce genre de chose, j’en déclenche mon tic qui me pousse à aller chercher une cigarette au fond d’un paquet présent dans ma poche. D’un geste maîtrisé, je la place entre mes lèvres. Je doute que fumer soit autorisé au milieu des bouquins, toutefois mes mains ne semblent pas enregistrer cette information puisque mes doigts trouvent mon briquet.

Le rire de Stan le surprend. Comprenez, il a plus tendance à le voir lui aboyer dessus qu’à rire en sa présence. Il était persuadé qu’une de ses gencives allait éclater. Mais finalement, aussi surprenant que cela puisse paraitre, l’avocat semblait prendre la chose... à la légère ? Evidemment, James décolla son bras au moment où il se rendit compte de sa connerie, s’éloignant du froid glacial qui émanait de Stan.  

Je devrais sans doute en apprendre en plus, je devrais lui poser des questions... Peut-être a-t-il vraiment été une personne touchée par les météorites, avec réception d’un don à la clé... Et dans ce cas, bien qu’il était déjà peu (voire pas du tout même) apprécié par le libraire, il allait définitivement entrer dans sa liste noire. Et qui dit mutant, dit : arrêt, torture, et possible mort.  
Ce serait dommage, il était pourtant si... amusant. James n’aura plus de petite poupée russe avec laquelle jouer... Il était triste d’avance à cette idée. Qui allait-il emmerder avec ses bêtises, après ça ?  
Enfin, si tout cela était vrai, bien entendu. Le ninja de la nuit n’avait aucune envie de tirer des conclusions hâtives sur le cas de Stan. Car après tout, James pensait toujours qu’il était trop âgé pour avoir un pouvoir.  

"Vous avez découvert ma faiblesse James, les climatiseurs un peu trop fort, mes yeux ne supportent pas j’en deviendrai presque aveugle. " Les climatiseurs, bien sûr, prenez-moi pour un imbécile. Ils nous glacent tous hein, à nous rendre si vulnérables... Vous en devenez presque aveugle, ou bien... vous êtes aveugle ? Il y a tout de même une grande différence entre ces deux suggestions. Car selon l’observation de James, et votre regard fixe, vous êtes complètement aveugle, très cher.  
“Bien sûr les climatiseurs. Le mal de notre siècle, vraiment.”  
Mais peut-être marquait-il un point, le Stan. Il était vrai que les climatiseurs avaient tendance à assécher les yeux, à les rendre moins performants...  

Ou peut-être que Stan cachait autre chose. Une maladie ? Un cancer ? Peut-être était-il en phase terminale d'une quelconque souffrance irrévocable. Alors ça, par contre, c’était cruellement triste, et ça ressemblait étrangement à vérité à laquelle James était prêt à croire.  
Puisque l’avocat semblait changer soudainement de comportement, ses humeurs qui sautaient, son état lunatique (ahem, réflexion venant de James). Il traversait forcément une mauvaise passe, une acceptation difficile d’une maladie incurable...  Est-ce que les points se reliaient entre eux ?
Peut-être que notre cher James devrait, du coup, moins jouer avec lui et être plus sympathique, à l’avenir ? Histoire de lui offrir une meilleure fin de vie ? C’est probablement pour cette raison qu’il s’approcha du fighter pour saisir son briquet, lui offrant la flamme pour allumer sa cigarette. “Laissez-moi au moins vous aider pour ça. Est-ce que vous souhaitez un café ? Un thé ? Pour vous réchauffer.” Oui, il s’adressait à lui avec un peu plus de considération, plus de sympathie... Certes James était un connard fini, mais si effectivement, comme il le supputait depuis quelques secondes, Stan traversait un court chemin douloureux et affligeant qui le menait tout droit vers une mort certaine... Il valait mieux mettre son égo de côté. Il est avec toi, Stan !

“Bien sûr les climatiseurs. Le mal de notre siècle, vraiment.”  
Oui James, les climatiseurs sont le mal du siècle. Si je ne le vois pas, j’entends le doute dans sa voix. C’était ma faute, ne pas prévoir que ce genre de situation pouvait arriver .. Mais qui fait ça ? Il y a de quoi mourir de honte. Je devais me ressaisir, et vite, ou ce foutu don aura ma peau. Si le cancer causé par ma bien trop grande consommation de cigarette ne la réclame pas avant. À nouveau, un frisson me parcourt l’échine lorsque la main de James s’empare de mon briquet. Lors d’un bref instant il me vient à l’idée que fumer dans une librairie n’était évidement pas l’idée du siècle et que le geste de l’Américain visait juste à m’empêcher de m’adonner à mon anti-stress préféré. Quelle ne fut pas ma surprise quand la chaleur de la flamme vient caresser un instant mon visage, rapidement remplacé par la fumée rassurante qui emplit mes poumons.

“Laissez-moi au moins vous aider pour ça. Est-ce que vous souhaitez un café ? Un thé ? Pour vous réchauffer.”

… D’où venait cette soudaine sympathie ? Cette voix presque mielleuse ? Était-ce vraiment James ? Quelqu’un d’autre est il entré dans la boutique et je ne l’ai pas entendu ? Oh non Stan, c’est tellement pire. James a pitié. Voilà. On en est arrivé là. Je ne sais pas si mon ego se relèvera un jour de cet affront. Dieu merci la nicotine, par son effet pervers, me permet de ne pas monter encore un peu plus dans les tours. Je devais me ressaisir avant de foutre définitivement en l’air le peu de réputation qu’il me reste. James avait mon briquet, autant à l’accoutumé ça ne me dérangerait pas, néanmoins, c’était une marque de faiblesse. Quel homme ne sait pas allumer sa propre cigarette ? Si je le pouvais, je gratifierais l’Américain d’un regard noir. Cela dit, plus rien n’est noir au niveau de mes pupilles, au contraire un voile blanchâtre couvre mon œil, témoin de ma cécité passagère. Pour autant, piqué dans ma fierté je réponds quelque peu sur la défensive.

“ Merci James, mais je ne souhaite rien venant de vous hormis le contrat.”

Mais il n’est pas là n’est-ce pas ? Il n’a jamais été là et puis maintenant que je ne peux pas te menacer dans les règles, je ne risque pas de mettre ma main dessus.

“ Si vous voulez vraiment m’aider, indiquez-moi la sortie et un arrêt de bus. ”

Oui, j’étais pourri de fierté, mais pas idiot, s’il ne m’aidait pas à me repérer, je risquais de : me blesser, perdre un temps fou, attirer l’attention de mauvaise personne, etc. De toute façon, là, malheureusement pour moi, je n’ai pas le choix. Je dois compter sur James fuckin’ Walton.

C’était triste. Si James avait un cœur, à cet instant, il aurait certainement lâché une petite larme et aurait senti (le fameux cœur) se fendre en deux. Mais comme il n’en a pas vraiment, ça exclu ce genre de réactions niaises. Cela dit, son cerveau est quand même capable de comprendre quand lâcher prise et laisser la personne qu’il tourmente un peu de répit... Surtout lorsque celle-ci semble en proie à une souffrance intolérable. (Imaginez une souris avec un chat tortionnaire...)
Mais, bien entendu, il n’avait nullement pitié de Stan. Il avait juste un peu mal pour lui, on va dire. Et sa raison lui dictait de se comporter tel un gentleman qu’il est parfois. Rarement. Mais quand même. Pour un malade en phase terminale, il allait faire un effort. Même s'il s'agissait d'un ennemi.

“ Merci James, mais je ne souhaite rien venant de vous hormis le contrat.” Ben voyons. Stan, franchement, est-ce vraiment le moment de te comporter ainsi ? D’avoir de la fierté ? Tu es dans une position de faiblesse, mais tu veux quand même te la jouer égo surdimensionné ? Tu as tant à apprendre de la part de James... Cet être supérieur. Heureusement qu’il te permet d’exister dans sa vie, ça t’apprend des choses. “ Si vous voulez vraiment m’aider, indiquez-moi la sortie et un arrêt de bus. ” Par contre, ça, c’était hors de question. James glissa le briquet entre les mains glacées du Russe, avant de reculer.  

“Le contrat bien sûr, écoutez je n’arrive pas à mettre la main dessus.” Hors de question de lui dire qu’il ne se trouve pas en ces lieux. James préfère passer pour un bordélique que de froisser encore plus ce cher malade. “Mais ne vous inquiétez pas, je vous l’apporterais au plus vite.”  
Well well well, il était vraiment complètement aveugle, ce voile blanc qui s’était installé n’augurait franchement rien de bon. C’était bizarre, étrange, et si soudain... Peut-être une tumeur maligne au cerveau ? Un caillot de sang ? Non vraiment, James était perplexe par la situation. Et il était franchement impensable qu’il laisse Stan partir dans cet état, tout seul, à un arrêt de bus, puis à prendre le bus, comme s’il pouvait gérer cette situation tout seul. “Et il est hors de question que je vous laisse repartir tout seul dans votre état. Je peux, au mieux vous raccompagner, au pire vous devrez patienter, jusqu’à aller mieux ? S’il est possible que vous alliez mieux.” C’était deux options plutôt logiques, en vue de la situation. De toute façon, ce n’est pas comme si Stan avait le choix, concrètement. “Et je ne vais pas vous manger. Ça ne vous tuera pas d’accepter mon aide.” Tuera... non, pourquoi avoir utilisé ce terme James ? Pourquoi remuer le couteau dans la plaie de ce pauvre avocat ?  

“Le contrat bien sûr, écoutez je n’arrive pas à mettre la main dessus. Mais ne vous inquiétez pas, je vous l’apporterais au plus vite. ”
Qu’est-ce que ce son ? Oh, celui de la bullshit oui. Il doit vraiment me prendre pour le dernier des idiots, je sais très bien que j’allais devoir revenir à un moment ou un autre ici. J’essaierais juste d’être plus calme… Ou alors je viendrai repérer les lieux plusieurs fois histoire de ne plus être mis à mal par un événement perturbateur mais ça impliquerait de croiser James plus régulièrement… Quel dilemme. “Et il est hors de question que je vous laisse repartir tout seul dans votre état. ” Oh excusez-moi je croyais être un adulte capable de prendre ces propres décisions. ”Je peux, au mieux vous raccompagner, au pire vous devrez patienter, jusqu’à aller mieux ? S’il est possible que vous alliez mieux.” How about … No ? No way. Non. Nope. Niet. Je secoue la tête pour marquer ma désapprobation tout en tirant sur ma cigarette. Où est le cendrier d’ailleurs ? Je n’ai pas envie de salir le sol. Elle était quand même propre cette librairie avant que j’arrive. Je ne suis pas un sauvage. “Et je ne vais pas vous manger. ” Obviously not James. C’est quoi cette expression ? ”Ça ne vous tuera pas d’accepter mon aide.” Oh dans la situation inverse James tu ne diras pas la même chose. Je suis même presque sûr que tu serais déjà dehors à dire à tous les paysans de dégager de ton passage.

Réfléchissons Stan. La porte, elle était où la dernière fois que je l’ai vu, droit devant, sauf que maintenant droit devant c’est James, James qui est arrivé à ma droite, donc la porte est probablement sur ma gauche ? Pourquoi, mais pourquoi je n’ai pas fait un repérage avant. Gosh et ces foutus yeux qui continuent de m’irriter ! Attendre ici n’était absolument pas une option viable. La dernière fois, j’ai retrouvé partiellement la vue au bout de 6h, je ne supporterais pas James Walton 6 heures. Fuck. ” Ecoutez James, vous êtes très aimable, mais je suis parfaitement capable de me débrouiller seul. ” On reviendra sur le mot parfaitement. ”  Mon état est passagé et comme je vous l’ai dit plus tôt, je suis attendu. ” L’idée stupide que je pourrais avoir là c’est de tenter de partir vers la porte et j’admets j’hésite l’espace d’une seconde, juste histoire de lui faire un doigt d’honneur virtuel, mais non, je n’étais pas complètement idiot, je savais reconnaître une situation pour le moins désespérer. ”  Juste montrez moi où est la porte. Cela nous fera gagner du temps à tous les deux. ” Je baisse même mes exigences James, see, tu gagnes. Laisse moi partir maintenant.

 

Bien sûr, comme toujours, Stan allait jouer aux garçons têtus, à celui qui saura s’en sortir tout seul comme un grand, tout ça parce qu’il préfère se débrouiller seul que d’accepter la main tendue, si gentiment, avec du cœur et beaucoup de considération, de la part de James. Ce dernier ne comprenait vraiment pas pourquoi c’était si difficile pour le Russe d’accepter son aide. Après tout, il s’était toujours comporté avec sympathie et politesse envers lui ?  
Alors oui, certes, la première fois ils se sont battus, il ne manque jamais de lui mentir ou de lui jouer de mauvais tours, ni de le sortir un peu de ses gonds... Mais c’était un simple jeu, bon enfant, non ?  
James pensait vraiment que Stan s’amusait autant que lui lors de leurs entrevus. Même lorsqu’il s’agissait de travail pur. Du coup, c’était presque blessant ce rejet total de son aide. Offerte si généreusement. Ces gueux vraiment... toujours un égo mal placé.  

"Ecoutez James, vous êtes très aimable, mais je suis parfaitement capable de me débrouiller seul." Mais bien sûr oui. Allez-y Stan. Je vous regarde partir. "Mon état est passagé et comme je vous l’ai dit plus tôt, je suis attendu.” Ah oui? Attendu ? Dans cet état ? Comment allez-vous expliquer à vos clients que vous avez perdu la vue, rien de bien grave, asseyez-vous et puis hop, vous vous retrouvez à les bousculer ? Enfin, si on considère que vous réussissiez à aller jusqu’à votre tanière. "Juste montrez moi où est la porte. Cela nous fera gagner du temps à tous les deux."  
Concrètement, James n’allait pas lâcher le morceau. Pour une fois qu’il voulait se montrer aimable, la personne allait devoir l’accepter. Même si elle avait une forte tête, comme celle de Stan. Aussi dur que du béton.  

“Alors si vous êtes si parfaitement capable de vous débrouiller seul, vous devriez retrouver la sortie par vous-même ? Nul besoin de vous montrer la porte.”  James commença à ramasser les livres par terre tout en lui parlant, à défaut de faire autre chose. Il avait toujours du boulot. Et comme Stan avait l’air de vouloir bouger de lui-même... Il ramassa le présentoir pour le remettre à sa place. Il déposa trois livres dessus puis, Stan étant sur son passage, il l’attrapa par les épaules pour l’obliger à se décaler à gauche. “Vous me gênez, merci de vous décaler.” Il le relâcha instantanément. Il n’avait pas l’air de se réchauffer celui-là.  
D’ailleurs, en parlant de ramassage de livres... T’as pas l’impression de partir comme un sale petit rat Stan ? James va te pardonner juste parce qu’il suppute que tu es gravement malade. Autrement, il t’aurait sans doute attaché à l’un des rayons, jusqu’à ce que tu recouvres la vue, et à ce moment-là t’aurais demandé de ranger le bordel provoqué. Et puis en plus, il foutait de la cendre partout. Ben bravo. “Donnez-moi ça.” James lui prit la cigarette des mains avant d’aller au comptoir récupérer son cendrier. Ces fumeurs vraiment, aucune retenue. Il revint auprès de lui pour lui rendre la clope. “Tenez.” Vous allez me foutre le feu partout, avec ces conneries.  

“Alors si vous êtes si parfaitement capable de vous débrouiller seul, vous devriez retrouver la sortie par vous-même ? Nul besoin de vous montrer la porte.” Oh c’est comme ça que tu veux jouer maintenant James. Tu comprends maintenant pourquoi il était absolument hors de question que je monte en voiture avec toi. Être à la merci de ton humeur ? Très peu pour moi. Autant habituellement c’était frustrant, mais gérable mais aveugle, non, tout simplement non. Et si seulement ça ne pouvait s’arrêter qu’à ces petites paroles de poux vexés, mais non, non, deux mains se posent sur mes épaules et me décale vigoureusement vers la gauche. “Vous me gênez, merci de vous décaler.” … … … … ………………………..

Qu’est-ce qu’il vient de se passer là ? Est-ce qu’il vient de me « déplacer » ? Comme un vulgaire meuble ? Est-ce qu’il vient littéralement de me dire que je le gêner ? Oh god James, je te jure qu’à la seconde où je retrouve la vue, c’est ton portrait que je vais refaire, mais l’audace, l’impudence, le CULOT de cet homme ! Bien sûr, ça ne pouvait pas s’arrêter là. Oh non. Bien sûr que non. “Donnez-moi ça.” Un ordre suivi d’un geste, enfin un geste. Un nouvel affront. Je dois admettre que je reste totalement interdit, parfaitement interloqué par l’aplomb de Walton. Il venait de prendre ma cigarette ? “Tenez.” … Et il me la rend.

Stan.
Stan tu as déjà vécu des situations bien plus ubuesque que celle-ci.
Stan.
Tu dois rester calme.
Stan.
Respire. Respire avant de transformer cette boutique en igloo. Respire.


Si je ne fumais pas, on pourrait croire que la buée qui sort de ma bouche est uniquement liée au drop de température autour de moi. Je ferme les yeux une demi seconde en prenant une longue respiration avant de me redresser, je sais bien que je fais une demi-tête de moins que l’Américain, mais qu’importe. Je garde ma cigarette au bout de mes lèvres, je tourne vers la droite, à l’exact opposé de là où il venait et utilise ma main pour me guider grâce au rayonnage. Tu peux cordialement aller te faire foutre James. Je tombe rapidement à nouveau sur le présentoir que j’évite cette fois adroitement, le bras droit toujours tendus, je finis par arrivé à un vide, vide qui m’annonce que la porte n’est plus très loin, mon ouïe fait le reste, la rue est juste derrière.

J’ouvre la porte avec force, l’arrachant presque de ces gongs, et quitte la librairie de l’Américain sans un mot de plus. La rage, oui parce qu’on a passé un niveau-là, guide mes pas, inondant mon système nerveux avec de l’adrénaline. Mon bras droit est toujours tendu, et je suis le mur, tendant l’oreille pour trouver, SEUL, un arrêt de bus.  

Bon, il semblerait qu’il avait cassé la machine Stan. Parce qu’il était resté figé quelques instants sans bouger l’air... Hm, l’air quoi, au juste ? Pourquoi son visage se tordait comme ça ? Peut-être qu’il avait envie de pisser ? Non, il l’aurait sinon, s’il voulait aller aux toilettes non ? Mais voilà que l’autre tend sa main, touchant les rayons, il semblait se guider vers la sortie. C’était assez drôle à regarder du point de vue du libraire, sincèrement. Surtout parce que ça concernait Stan, évidemment. Si cela avait été quelqu’un d’autre, il aurait probablement guidé la personne et n’y aurait pas attaché plus d’importance. Mais puisque c’était l’avocat...  
Mais il décida de garder son rire pour lui. Enfin, ce n’est pas comme si l’aveugle allait le voir, de toute façon. C’était affligeant. Et bien sûr, la porta manqua de partir à la volée... Ce mec allait franchement massacrer sa librairie. Et Jessie allait certainement faire un drôle de commentaire.  
…..
Le silence retomba soudainement.  
Froncement de sourcils, incompréhension.  
…..
Vraiment ? Il comptait partir comme ça ? Pour aller où ? Et comment ?
James savait que Stan était un mec fier, borné, têtu... Mais là, ça dépassait l’entendement. Il allait risquait sa vie juste pour ne pas accepter l’aide de l’américain.
Ce dernier sentit une sensation étrange le gagner... Et merde. C’était horrible. Satané russe. Quelques noms de piaffent traversèrent son esprit, qu’il tut rapidement. Politesse avant tout. Même si, franchement, le russe ne méritait pas son respect.

Il soupira avant de balancer le livre qu’il tenait entre les mains sur le comptoir et ouvrir la porte de la librairie.  
Fait chier.
Est-ce qu’il devait le suivre ?  

James, s’il est vraiment mourant, ce serait dommage que ses derniers instants soient dans la rue, à chercher son chemin à l’aveugle... Imagine un bus qui le percute ? Une voiture lui roulant dessus ? Une petite voix se fit entendre : ce sera bien fait pour lui. Il n'avait qu’à accepter notre aide. (Oui, ils sont plusieurs dans sa tête, un comité).
En vrai, si ses derniers instants avaient été dans la librairie, le libraire (et le comité dans sa tête) n’y aurait vu aucun problème : qui ne rêverait pas de mourir juste après avoir croisé le beau James Walton ? Meilleur souvenir de la terre entière. Un ange dans la vraie vie, avant d’en rencontrer un dans l’au-delà.  Combinaison parfaite.  
Bon, si on part du principe que l’avocat soit propulsé au paradis. Ce dont James doutait, très fortement. Rien qu’à cause de cette décision stupide qui le mettait en danger. Il ferma la porte de la librairie, maudissant son être, sa vie, mais en se consolant : peut-être que Stan se prendra des klaxons, des insultes, trébuchera et s’étalera comme une merde sur le trottoir.  
Au moins, il y aurait un côté “fun” dans tout ça.

James Walton était décidément la personne la plus détestable qui soit. Mais pour qui se prenait il ? Mais pour qui se prenait il ??? Le niveau de suffisance de cet homme ! Non mais ça dépasser l’entendement ! Il me rendait furieux. Au point que je termine ma première cigarette en un temps record, elle est toutefois vite remplacée par sa petite sœur. Peu après avoir quitté la librairie, je manque de tomber dû à une marche face à un palier de porte, l’envie d’insulter les passants est alors très forte mais ils ne m’ont rien fait. Personne n’est responsable de cette situation si ce n’est moi, et James fuckin Walton, je devrai me calmer, si je ne me calme pas j’allais finir par créer une averse de neige et mes problèmes risquent de doubler. Les bruits environnants, de circulation et de conversation, ne me permettaient pas de me repérer comme je le voudrais. Je pense que la colère n’aide pas non plus.

Il faut que je me calme. Il faut que j’oublie les derniers événements, que j’arrête de penser à la façon dont il a posé ses mainssurmesépaulespourmedéplacercomme …… Ok Stan, on a dit qu’on oubliait. On oublie. Je me pince l’arête du nez de ma main gauche et respire un grand coup. La droite est toujours appuyée contre un mur. Je ne sais pas quel bâtiment, je ne sais même pas où je suis, je sais juste que j’ai tourné une fois à droite, que j’ai traversé deux rues sans même savoir si c’était le moment pour les piétons, et que par conséquent, James Walton et son attitude irritante et désagréable étaient forcement au moins à un ou deux kilomètres vu mes enjambés. Bien. C’était très bien.
Bon.
Le problème d’avancer à l’aveugle dans un quartier qu’on connaît mal, c’est que maintenant, j’étais complètement et totalement perdu.
Je ferme les yeux et soupir avant de m’allumer encore une nouvelle cigarette, je me tourne vers la rue pour m’adosser au mur derrière moi. Je regarde vers le ciel, espérant vainement apercevoir quelque chose, une lumière, un signe… Je fume ma cigarette dans un calme relatif, je ne peux définitivement pas compter sur un miracle, ma vue ne reviendra pas avant plusieurs heures, voir plusieurs jours vu l’état dans lequel je me suis mis pour cet idiot. Gosh que je ne suis énervé contre moi-même. J’entends des bruits de voiture, de bus aussi, un arrêt n’était peut-être pas loin ? A partir de là je pourrais me débrouiller non ? Ok. La seule chose à faire c’est de demander. D’un geste vif, je quitte le mur pour rejoindre le milieu du trottoir, enfin ce que j’espère être au milieu du trottoir et j’arrête d’un bras la première personne qui passe.

« Pardonnez-moi pour cette intrusion. Pouvez vous s’il vous plaît m’amener à l’arrêt de bus le plus proche ? »

Pas besoin de signaler que j’étais aveugle, le voile trouble au-dessus de mes pupilles parlaient pour moi.