way down we go (( heroes ))

C'est chez toi que vous avez rendez-vous, chez toi et pas ailleurs, t'aurais bien voulu déplacer, décaler chez Joseph ou Hiram, quelque part qui n'est pas ici au milieu d'un champ de guerre invisible. T'es épuisée, une journée intenable à gérer le prochain combat d'Asher, discuter des comptes, serrer des mains à la pelle en frémissant à chaque contact.
Mais t'avais promis.
Avant la pluie.
T'avais promis que la prochaine fois ça serait chez toi, dans ton palace d'appartement, les feuilles de musique et les instruments disséminés un peu partout, des vêtements mal rangés, t'as plus le temps vraiment pour t'occuper. C'est une apocalypse permanente, dans ta tête, dans ton corps, et dans ta vie. Alors héberger la prochaine session au milieu de ton bordel ambiant, t'étais pas vraiment parfaite.
Pas vraiment partante pour la réunion tout simplement.
T'angoisse, de les revoir, là comme ça, depuis que trop de choses ont changé, depuis que le ciel s'est illuminé et qu'il a commencé à se fissurer.
Tu fais le vide sur ta table de travail, c'est Joseph qui ramènera le plateau comme toujours, à vous trimballer votre univers de poche de lieux en lieux, le sourire un instant sur ton visage.
t'as beau râler, t'es quand même impatiente, de reprendre là où vous vous êtes arrêter, reprendre votre épopée, te perdre un instant dans l'histoire narrée par Joseph, votre histoire à vous. Oui, t'as beau râler, t'as quand même envie (( besoin )) de te libérer un peu plus, de mieux respirer.
T'as à peu près rangé les lieux, on dirait presque pas que t'as cette tempête qui te visite trop souvent, quand tu hurle la nuit, à t'en briser les cordes vocales, tes terreurs bien ancrées, dans ta tête, tourmentée.
Les escaliers dévalés, t'attend devant l'entrée sagement, tu préfère être celle qui accueil, pour éviter les malentendu, depuis ton altercation dans la rue avec l'unité am, ta sécurité est triplée, ça t'étouffe un peu plus. Ce soir t'as renvoyé tout le monde - du moins t'as essayé - les gros bras qui se cachent ailleurs, silencieux, discrets, t'as pas envie qu'ils viennent perturber, ton seul instant de normalité.

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Spoiler:

Il n’en mène pas large, Hiram, planté devant la porte de Tallula, à deux doigts de sonner mais paralysé par l’indécision. Ce n’est pas qu’il ne veut pas la voir, les voir, c’est juste que tellement de choses se sont passées ces dernières semaines, bousculant son monde, qu’il n’est plus sûr de savoir comment être insouciant. Sourire, se laisser aller à des plaisanteries. Faire vivre son personnage à travers les mots de Joseph, les enrichir des siens, s’enfoncer dans un autre univers comme dans un nuage. Tout oublier. Il y a le dehors qui s’accroche à sa manche, refuse de le laisser partir, lui susurre à l’oreille qu’il a mieux à faire, des ouailles à convaincre, des prêches à donner, tant que les foules leur ouvrent les bras.

Mais c’est plus fort que lui, ils lui manquent, leur complicité lui manque, leurs aventures lui manquent. Se priver de leur présence, c’est comme enlever le sol sous ses pieds. Ses jambes se balancent désespérément dans le vide et il a beau s’agripper aux mains de Dieu pour ne pas tomber, ça ne suffit pas. Joe, Lula, Rula, Paladin, ils sont de ceux pour qui il est prêt à mettre ses idéaux de côté, à taire ses sermons intransigeants le temps d’une soirée, d’une partie.
Rassemblant son courage, Hiram se décide à sonner et la porte s’ouvre à la volée, le faisant presque sursauter. Tallula apparaît derrière celle-ci, sa longue chevelure rousse flottant comme un étendard. Il est surpris par sa vivacité, Hiram, peut-être qu’elle était en train de guetter leur arrivée, peut-être pas, mais dans tous les cas, un sourire se glisse sur son visage, un brin timide, comme honteux d’être heureux de la voir. « Bonjour, souffle-t-il, un peu intimidé par le décor qui se dessine sous ses yeux par-dessus l’épaule de son amie. » C’est grand. Il n’ose pas penser que c’est majestueux, parce que cela ne correspond pas à son image de Tallula. Lula créative, Lula rêveuse, Lula généreuse. Lula mafieuse. Parfois, le non-dit le grignote de l’intérieur mais après tout, chacun ses secrets.
Dieu sait qu’il a les siens.

« Tu vas bien ? demande-t-il et si la question semble avoir plus de poids à cause des événements récents, du désordre qui règne un peu partout dans l’entrée et vraisemblablement au-delà, comme un champ de bataille, il s’efforce de ne pas y songer. »

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