Vivre dans le passé ne parviendra qu’à te foutre en l’air (luke)

J'avais atterri ce matin à Minneapolis, mes lunettes vissées sur mon nez, je regardais les alentours, pour essayer tant bien que mal de m'imprégner des lieux qui m'entouraient, qui allaient être mon chez moi pour les mois à venir, voir peut-être plus, c'était la première fois que j'arrivais quelque part sans avoir de date approximative de départ, normalement je m'engageais sur des missions pour quelques mois, entre quatre et six en général, mais là, je n'en avais pas la moindre idée et je ne savais pas encore si ça m'angoissait ou m'excitait, finalement l'inconnu était peut-être une bonne chose, ça me changeait de ma routine habituelle, même si clairement, il n'y avait aucune routine dans mon boulot. Il fallait que je me rende assez rapidement à l'endroit où se trouvait mon nouveau bureau, j'interpellais un taxi, juste le temps de passer à mon hôtel pour déposer les quelques affaires que j'avais embarquées avec moi, je passais un peu d'eau sur mon visage et repartais sans regarder derrière moi. J'arrivais au siège de l'u. am, pas plus impressionnée que ça, j'en avais vu d'autre, mon métier m'envoyait partout et nulle part à la fois, je changeais souvent de collègue, je rencontrais beaucoup de monde, alors, je n'avais pas peur de ça, de la première impression, de toute façon je n'étais pas là pour ça, même si je devais avouer que faire bonne impression pouvait aider, au moins pour travailler dans de bonnes conditions. J'entrais, me présentais et une jeune femme, habillé d'un tailleur gris et coiffé d'un chignon m'accompagna jusqu'à une pièce, un bureau, plutôt grand, dans lequel se trouvait déjà quelqu'un qui se trouvait être dos à moi, il semblait agacé, je pouvais le voir à sa jambe qui tremblait, il en avait marre de m'attendre ? J'avais deux minutes d'avance sur l'heure du rendez-vous et il était seul alors que j'attendais un minimum de cinq personnes, alors je n'étais clairement pas en retard. Je soufflais et m'approchais malgré tout, j'allais me présenter et tout irait bien. « Bonjour, je... » Ma voix se coupa, tout comme mon corps qui arrêta d'avancer dans sa direction au moment où il se tourna dans ma direction, je m'étais attendu à beaucoup de choses en arrivant ici, mais clairement pas celle de retrouver mon ex. « Luke ? » J'avais soufflé son prénom, la surprise se lisait clairement sur mon visage, j'aurais presque pu chercher la foutue caméra cachée, je ne comprenais pas ce qu'il faisait là, j'avais demandé à mes supérieurs de ne plus me retrouver en mission avec lui, alors pourquoi ? Huit mois, il n'avait pas changé et de toute évidence moi non plus, parce que le revoir me fit ressentir ces sentiments que je pensais enfouis bien au fond de mon coeur, malgré tout, je ne pouvais pas les laisser ressortir, je n'étais pas là pour ça, j'avais une mission et après, je repartirais, comme toujours. Je n'avais pas la place pour autre chose.

Bon, je me rassurais en me disant qu'il n'était pas plus au courant de ma présence ici, que moi de la sienne, au moins nous étions logés à la même enseigne. Mais en même temps ça ne me rassurait pas plus que ça, parce que je ne savais pas vraiment comment il allait réagir, comment il allait être avec moi, surtout avec la nouvelle de ma "promotion". Je fronce les sourcils à son sourire, de toute évidence il pense à quelque chose, je ne suis pas la raison de son sourire, du moins ma présence ne l'est pas, j'étais quand même surprise de sa réaction, je pensais qu'il le prendrait bien plus mal que ça. « De toute évidence...Le destin a un humour que je ne comprends pas. » C'était une blague, une foutue blague franchement pas drôle, du tout, j'hésitais entre pleurer, rire ou partir en courant, je ne savais pas quoi faire, quoi dire, j'allais devoir être sa supérieure sur cette mission, il n'allait clairement pas l'accepter. Devoir suivre mes ordres après tout ce temps, être celui qui pour une fois devrait écouter, il n'aurait pas le choix, il devrait suivre mes instructions sans rechigner et clairement, ça je savais que jamais ça ne le ferait. Malgré tout, j'étais contente de le voir, de voir qu'il semblait plutôt en forme, en apparence du moins. Je haussais doucement les épaules et le contournais pour aller jusqu'au bureau, pour me poser sur la chaise qui lui faisait face, j'en avais besoin, mes jambes ne me tenaient plus, beaucoup trop d'émotions pour une seule personne, pour une seule journée. Je soupirais doucement et me laissais tomber sur le gros fauteuil. « Comment tu vas ? » Après huit mois sans nouvelle, sans un coup de fil, sans une lettre, c'était surement la première question que je devais lui poser, surtout après la façon dont nous nous étions quittés. Et aujourd'hui, nous étions là ensemble, l'un en face de l'autre, près à retravailler ensemble, alors que j'avais tenté d'éviter cette situation le plus longtemps possible, de toute évidence le destin avait décidé que huit mois c'était suffisant. J'aurais préféré plus de temps ou au moins être au courant du fait que nous allions travailler ensemble, parce que là je trouvais sur le fait accompli, je n'avais pas le choix et je devais faire avec, même si je savais que nous étions bons pour travailler ensemble, s'il y avait bien quelque chose pour laquelle nous étions bons ensemble, c'était bien ça, alors au moins, je pourrais peut-être boucler ça très vite, je l'espérais du moins. « Je ne savais pas que tu serais ici... » Qu'il comprenne que si ça avait été le cas, jamais je n'aurais accepté le fait de venir, je n'aurais jamais dit "oui" à ce post.

Je levais les yeux au ciel, plus ou moins malgré moi, nous étions ensemble, dans la même pièce depuis moins de vingt minutes et déjà, nous commencions très mal, voilà pourquoi je ne voulais pas le revoir, travailler avec lui à nouveau, parce que je savais que ça serait trop compliqué pour nous, que nous n'arriverions pas à passer au-dessus de notre histoire, de notre rupture. « Je vois que tu n'as pas perdu ton humour, ça fait chaud au coeur. » Je détournais le regard et fixais un point sur le mur à ma gauche. « Parce que j'ai pris du galon tu penses que je vais bien ? » Soit il se moquait totalement de moi, soit il ne me connaissait réellement pas, de toute évidence, il y avait un problème quelque part, s'il pensait que ces huit derniers mois avaient été une balade de santé, il se foutait le doigt dans l'oeil et jusqu'au coude. Je m'étais littéralement noyé dans le boulot, perdu dans ces missions qu'on me donnait pour essayer de l'oublier, pour ne plus penser à la façon dont je l'avais laissé, non je n'allais pas bien, non tout n'était pas facile ou beau, mais en même temps comment lui en vouloir de croire le contraire. J'avais fait le choix de partir, de le quitter, alors dans sa tête, il était logique que j'avais tourné la page très vite, que j'avais réussi à passer à autre chose en un claquement de doigts, mais ce n'était pas le cas et j'en étais même très loin, mais quelle importance après tout. Un léger souffle d'agacement m'échappa, de toute évidence Luke voulait jouer avec mes nerfs, son sarcasme m'agaçait, mais je ne voulais pas le laisser m'avoir, je ne pouvais pas sortir de mes gongs le premier jour, je n'étais même pas là depuis une heure. Je glissais une main sur ma veste pour y retirer les poussières imaginaires qui s'étaient posés dessus. « De toute évidence nous sommes tous les deux remplis d'une joie incommensurable. » Un sarcasme pour un sarcasme, voilà comment ça allait fonctionner maintenant ? Si c'était ce qu'il voulait, soit, grand bien lui fasse. « Au moins pas d'inquiétude là dessus, nous savons tous les deux que c'est la folie, feeling et tout et tout... » Je croisais distraitement mes bras sous ma poitrine un petit pincement au coeur en voyant ce que nous étions devenus, ce qu'il restait de nous, de la rancoeur, du sarcasme et beaucoup de tristesse, caché derrière une colère non feinte. « On ne va pas avoir le choix que de travailler ensemble Luke, donc soit on fait les choses bien comme on sait si bien le faire, au moins sur ce terrain-là, soit on envoie tout valser et on fait tout foiré. » Je lui laissais le choix, pour une fois il pouvait prendre la décision. J'encrais mon regard dans le sien, du moins j'essayais pour lui laisser le temps de répondre, de réfléchir.

L'entendre ricaner me fit lever les yeux au ciel, j'allais finir par rester bloqué comme ça à force de faire ce geste, mais depuis le début de cette conversation, je ne pouvais pas avoir d'autre réaction. « Je suis ravie de voir que mon bonheur et ma satisfaction sont largement partagés. » Je le regarde glisser dans la chaise, mon regard analysant le moindre de ses gestes, comme si je m'attendais à quelque chose de précis venant de sa part. « Déjà c'est mademoiselle Clarke et ne commence pas à jouer à ça avec moi Luke, parce que clairement je me ferais un plaisir de te rappeler mon statut et surtout le tien. » Je ne voulais pas le menacer ou jouer sur mon grade dans cette affaire, mais pour le coup il m'agaçait réellement, royalement et je n'en pouvais plus, ma patience était mise à très rude épreuve. Gérer des hommes et des femmes, je savais faire, il n'y avait aucun soucis là dessus. Gérer Luke Douglas, c'était une autre affaire, je n'étais pas sûre d'y arriver, je n'avais pas réussi, huit mois plus tôt, alors comment y arriver maintenant, surtout alors que j'allais devoir lui donner des ordres qu'il se ferait un plaisir de ne surtout pas suivre. J'allais devoir gérer des adultes et un gosse à qui j'aurais envie de filer des gifles. Je soufflais, si j'arrivais à ressortir de cet entretien sans l'avoir frappé, c'était déjà un très bon point. Je pouvais le faire, même si ce n'était pas l'envie qui me manquait. Je venais doucement me masser les tempes, je sentais la migraine arriver, elle se pointait tranquillement pour que j'anticipe la chose, que je puisse au moins avoir le temps de prendre un cachet et surtout de laisser la pression retomber, partir, seulement la fameuse pression semblait bien décidé à me gonfler royalement et surtout elle ne semblait pas prête à partir. « C'est réellement hilarant, je vois que tu as évolué en huit mois, tu es passé de quatre à six ans d'âge mentale, c'est bien, tu dois être fier de tes progrès. » Je ne savais pas pourquoi je rentrais dans son jeu, mais j'étais foutue maintenant, j'étais dedans jusqu'au cou et il savait comment m'enfoncer un peu plus, pour que je réplique, pour que je ne le laisse pas seul dans cette joute verbale. Je le regardais, pas forcement sûre qu'il était sincère et en même temps, je connaissais l'homme qui me faisait face, du moins, un peu, peut-être pas assez, peut-être plus, mais j'aimais croire qu'il restait quelque chose chez lui qui me restait familier. « Oui, il faudrait. » Soufflais-je un léger soulagement dans la voix, je savais que rien ne serait facile, nous allions vivre des moments compliqués, des moments surement violents, je le connaissais assez pour savoir que son envie était réelle, qu'il voulait surement vraiment faire les choses bien, mais sa véritable nature reprendrait vite le dessus, comme toujours. « Elles ne sont pas prises au sérieux ou tu as simplement peur que j'attire un peu trop l'attention ? » Un conseil d'ami, bien sûr. Je n'y crois pas une seule fichue seconde.

Je ne pensais pas que cette conversation serait si compliquée, en même temps, en étant honnête quelques secondes, je ne pensais jamais avoir cette conversation, je ne pensais pas le revoir un jour, alors comment pouvoir anticiper tout ça, non, c'était impossible. Alors, oui, c'était compliqué, oui, je devais faire avec, même si je voulais être loin, très loin, à des milliers de kilomètres de lui et de ce fichu bureau dans lequel nous étions coincés. Il était jaloux, encore et toujours, je le savais, je le sentais, je n'étais pas dupe, mais en même temps il ne le devait pas, il n'en avait pas le droit, nous n'avions plus ce genre de relation. « On ne se doit rien toi et moi. » Je n'avais pas à choisir mes vêtements simplement par peur de le voir se mettre dans tout ses états, avec la peur de le voir cogner le premier qui oserait poser mon regard sur moi, non, je ne pouvais pas vivre comme ça. Nous n'étions plus ensemble. Un léger rire narquois s'échappa d'entre mes lèvres, je décroisais mes bras et me levais de mon fauteuil, avant de lui tourner le dos pour regarder par la fenêtre, je n'avais pas encore pris le temps de regarder la vue, qui n'avait pas grand intérêt, mais là tout de suite elle m'intéressait particulièrement. « J'ai l'impression que tu penses que je débarque dans le métier. Je sais comment ça se passe Luke, n'oublie pas que j'ai passé plus de temps entouré d'hommes que de femme et surtout que ce milieu est bien plus macho qu'on ne pourrait le croire...Alors, oui, j'imagine que de savoir qu'une femme arrivait à du faire mouiller quelques caleçons. » Et encore, aucun d'eux ne savaient à quoi je ressemblais, ils ne m'avaient pas vu, ils s'attendaient surement à voir une femme d'un certain âge, avec une grosse carrière derrière elle débarquer. Mais ils allaient m'avoir moi. Je me retournais pour lui faire à nouveau face, mes sourcils étaient froncés et je penchais doucement la tête sur le côté, l'idée était tentante, je pourrais dire oui, faire en sorte qu'on ne se croise pas ou très peu. « Tu te sens incapable de travailler avec moi ou pour moi ? » L'un dans l'autre je pouvais comprendre que la situation puisse être compliquée, parce que déjà travailler ensemble, je n'étais pas sûre que nous en soyons capables, tout simplement parce qu'il y avait encore trop de rancoeur entre nous, mais alors devoir travailler pour moi, ça je savais qu'il aurait du mal, qu'il n'arriverait sans doute pas à digérer la situation. Je soupirais doucement et venais me poser sur le rebord du bureau, nous étions maintenant à quelques centimètres l'un de l'autre. « Tu as le choix Luke, la décision t'appartient, je ne veux pas t'imposer ma présence. » Je ne voulais clairement pas qu'il se sente mal à l'aise ou qu'il bloque dans son travail à cause de moi. « Je t'avoue malgré tout que ça serait dommage, on était plutôt bons ensemble. » Et cette phrase à double sens voulait dire tellement de choses.

Je ne voulais pas qu'on se déteste, je ne voulais pas qu'on en arrive à ne même plus pouvoir être dans la même pièce, parce que nous avions vécus de jolies choses ensemble et nous devions garder le meilleur, même si c'était un peu plus compliqué que prévu. Et je devais avouer que je ne pensais pas que nos chemins allaient se recroiser si tôt, que nous devrions à nouveau travailler ensemble, seulement après huit mois sans se voir, j'aurais aimé avoir plus de temps, juste un peu plus de temps, mais maintenant nous étions ensemble, dans cette galère et nous allions devoir le faire, même si nous n'en avions pas envie, même si ça nous paraissait trop dur, trop compliqué, juste trop. Et en même temps pourquoi ne pas tenter le coup, juste essayer et si ça ne fonctionnait pas alors, on laisserait tomber. Je soupirais doucement, je savais que nous allions en chier et de toute évidence Luke ne voulait pas travailler avec moi, j'allais devoir faire avec. « Je vois, donc on ne va pas réussir à trouver un terrain d'entente ? » J'aurais aimé que les choses soient différentes, qu'on puisse travailler ensemble comme avant, malgré notre passé commun, mais de toute évidence ce n'était juste pas possible, alors soit. J'allais donc devoir faire comme si de rien, comme si nous n'avions pas ce passé qui nous reliait, faire comme si je n'étais rien de plus que sa chef. Je me rapprochais et l'écoutais parler, une lueur étrange au fond des yeux, je ne savais pas encore quoi dire, comment réagir, de toute évidence il n'avait absolument pas changé en huit mois, pire que ça, il avait même changé en pire et ça, ça me faisait vraiment mal au coeur, parce que la base de notre séparation était le fait que je voulais lui faire un déclic, le faire changer, qu'il se rende compte de l'homme qu'il était à ce moment-là, qu'il avait besoin de devenir quelqu'un d'autre, quelqu'un de meilleur, mais de toute évidence je m'étais trompée, royalement, violemment et ça me revenait en pleine tête. Franchement ce n'était pas agréable, ça ne me faisait vraiment pas plaisir, parce que j'aurais voulu qu'il s'en sorte, qu'il puisse vraiment faire en sorte d'avoir de l'aide. « Je pensais, sans doute naïvement que partir, te quitter, te ferais du bien, mais apparemment je me suis royalement trompée. » Il était réellement pire que ce que j'aurais pu imaginer, pire que tout ce que j'aurais pu rêver ou penser. « Tu ne veux pas changer, bien, je ne suis pas sûre d'avoir le temps et la patience pour ça de toute façon. » Je ne voulais pas lui faire de mal, je me disais peut-être simplement qu'en lui parlant de cette manière, ça le ferait réagir, un peu, peut-être. « Je ne suis pas là pour t'aider Luke, mais pour aider cette ville. » Je me redressais de mon bureau et fit le tour pour me reposer sur mon fauteuil. « Je ne sais pas ce que tu es devenu, mais je suis là aujourd'hui, que tu le veuilles ou non, alors maintenant, soit tu bosses avec moi, soit tu le fais contre moi. »

Non, je n'allais clairement pas le lancer sur le sujet, tout simplement parce que je ne voulais pas parler de ça, je ne voulais pas parler de nous, enfin, non, il n'y avait plus de nous, je ne voulais pas parler de ce que nous avions eu, ce qui pouvait nous lier avant, dans un passé pas si loin et qui pourtant aujourd'hui me semblait se trouver à des années lumières, nous avions passé huit mois l'un de l'autre et pourtant j'avais l'impression que dix ans c'était écoulé. Je soufflais, levant mes mains en signe d'abnégation, autant abandonner, de toute façon, je ne voulais pas qu'on se prenne la tête maintenant, pas pour ce sujet là en tout cas, nous avions mieux à faire. « Peu importe. » Je ne savais plus quoi faire, de toute évidence j'avais fait une erreur en le quittant, mais en même temps, qu'est-ce que ça m'aurait apporté de rester ? Le voir sombrer un peu plus chaque jour pour devenir la personne sans coeur et sans âme qu'il était aujourd'hui ? Non, même si aujourd'hui je faisais face à cet homme là, au moins, je m'étais épargnée huit mois de souffrance, de pleurs, de cris, de douleur et même si c'était très égoïste et que j'en avais conscience, je préférais que les choses soient comme ça, je m'étais au moins protégée, un peu. Je le regardais, mes sourcils froncé, commençaient à me faire mal, à force j'allais rester bloquer comme ça, je n'avais pas autant froncé les sourcils depuis des semaines et en quelques minutes, les mauvaises habitudes étaient de retour en un claquement de doigts. « Je sais que tu n'en veux pas, tu n'en as jamais voulu, donc pourquoi est-ce que ça changerait ? » Je commençais, doucement, mais surement à m'agacer et je sentais que de son côté c'était la même chose, non allions finir par vraiment nous prendre la tête au point de dire des choses qu'on ne voudrait surement pas dire en temps normal, mais c'était nous, trop têtus, trop impulsifs, nous étions comme ça et en même temps c'était surement pour cette raison qu'on s'aimait autant, qu'on s'aimait si mal. « Tu ne bois pas au boulot, félicitations Luke, tu veux que je t'offre une médaille ? » Le sarcasme bien présent dans ma voix, lui montrait mon état de colère, comment pouvait il me dire une telle chose, sans pression. Il me rendait folle, comme il savait si bien le faire. La façon dont il s'adressa à moi, ne me plaisais pas du tout, il voulait se lancer sur ce terrain-là, bien. « Nous avons toujours le choix, monsieur Douglas. Pas forcement des choix qui nous font plaisir, mais nous avons toujours le choix... » Je balayais distraitement mon bureau encore totalement vide, qui ne le resterait clairement pas longtemps, je m'attendais à avoir toute une pile de dossier arriver très vite. « Malheureusement je sors de l'avion, alors je n'ai pas plus d'infos, je vais devoir aller prendre la température... »

Je ne laissais rien paraitre, rien voir, mais il m'avait blessée, c'était le but, il le voulait et il avait réussi. Il savait que son alcoolisme était un sujet très sensible, la raison de notre séparation, la raison de tous nos maux, alors jouer la dessus était franchement décevant, mais j'encaissais, une fois de plus. « Ne t'excuse pas de dire ce que tu as sur le coeur. De toute façon, ça n'a pas d'importance n'est-ce pas ? » Je soufflais doucement, nous devions arrêter de nous prendre la tête, de nous comporter comme deux enfants, même si ça semblait trop compliqué pour nous, nous allions travailler ensemble à partir de maintenant et il fallait bien qu'on arrive à passer outre notre passé commun. Il fallait qu'on arrive à faire les choses bien pour ne pas tout foirer. Même si je savais que ça n'allait pas être facile parce que même si je voulais faire les choses bien, même si je voulais qu'on puisse travailler ensemble sans se prendre la tête, il y avait toujours ce lourd passé entre nous, cet homme me rendait dingue, dans tous les sens du terme, je ne pouvais pas dire que mes sentiments pour lui était partis ces derniers moi, loin de là, je l'aimais toujours et je savais qu'il serait le seul, il n'y avait que lui, mais ce n'était pas possible, nous n'étions pas doués pour être ensemble, pour faire les choses correctement, malgré tout l'amour qui pouvait nous unir. J'acquiesçais à sa proposition, c'était plutôt sympa et d'arriver avec quelques informations, qu'importe la nature, ça pouvait toujours servir. Je croisais doucement mes bras sous ma poitrine. « Je vois et je suppose que tu ne vas pas me donner de nom ? » J'allais donc devoir chercher ses fameux noms toute seule, mais ça, ce n'était pas très grave. Un petit sourire étira mes lèvres, le premier depuis un long moment et ça faisait du bien, parce que malgré tout nous avions aussi besoin d'un peu de calme, d'être simplement les collègues que nous étions au tout début de notre relation, lorsque nous étions simplement deux personnes qui travaillaient ensemble et non deux personnes qui avaient une relation en dehors du travail. « Merci. Je ferais attention. » Je soufflais doucement, mon petit sourire ne me lâchais pas, un peu d'accalmie. « Et tu arrives vraiment à faire confiance aux gens ? » Ce n'était pas un reproche loin de là, mais Luke était d'un naturel tellement méfiant que je trouvais ça étrange et en même temps c'était un bon début, une avancé, du moins si c'était vraiment le cas. « Je te promets de faire en sorte que tout se passe bien et de te laisser la liberté dont tu as besoin, mais il faudra que tu sois totalement transparent avec moi Luke, tu devras tout me dire. » J'avais simplement besoin de sa confiance, de son entière confiance et surtout qu'il comprenne qu'il avait la mienne, que je serais toujours là pour le soutenir, tant qu'il serait droit avec moi.

Je haussais les épaules distraitement, ça n'avait pas d'importance pour l'instant, je comprenais qu'il ne puisse pas me dire quoi que ce soit, après tout, j'étais sa chef, mais pas la seule et de toute façon, j'aurais ces noms, d'une façon ou d'autre, alors je préférais ne pas trop m'attarder là dessus pour l'instant. « Je comprends, ne t'en fais pas pour ça, j'aurais ce qu'il me faut en temps et en heure. » Je ne voulais pas me formaliser pour si peu, je n'étais pas là depuis une heure, je ne m'attendais pas à ce que tout me tombe directement dans les mains, j'allais devoir aller à la pêche aux informations, faire ce pourquoi j'étais venue si rapidement. Je savais parfaitement que question confiance, il fallait ramer avec Luke, après je pouvais le comprendre, nous avions de base des métiers pas forcement très facile, alors accorder sa confiance était un luxe que nous ne pouvions pas forcement nous permettre, même si de mon côté ça restait aussi assez compliqué, j'étais tout de même un peu plus ouverte que mon ex. Quitte à parfois tomber de haut, me faire avoir, mais je voulais croire qu'il y avait du bon en chaque être humain, du moins je pensais comme ça, mais aujourd'hui j'étais un peu plus méfiante, bien plus sur la réserve qu'avant. J'aimerais être insouciante, pouvoir faire confiance en un claquement de doigts, mais j'avais appris, à mes dépens malheureusement, que l'être humain pour la plupart était pourri jusqu'à la moelle, alors, aujourd'hui j'étais un peu plus mitigé. « Je sais, on en ait tous là non ? » Comment faire autrement, le monde dans lequel nous vivions ne laissait pas beaucoup de place pour la confiance, mais j'avais besoin de la sienne, nous nous connaissions assez pour pouvoir nous faire confiance les yeux fermés, du moins je l'espérais vraiment. Je l'écoutais parler de cette fille, cette Willow et un froncement de sourcils barra mon visage, une sensation désagréable s'empara de mon coeur, de la jalousie ? Non, je ne pouvais pas être jalouse, nous n'étions plus rien l'un pour l'autre, je l'avais dit, je lui avais balancé en pleine tête sans aucun remord et pourtant, bordel ça faisait mal et le voir sourire pour cette fille, non, clairement, je ne le supportais pas. Je tentais tant bien que mal de canaliser cette jalousie qui me rongeait doucement. « Je vois, bien, très bien... » Soufflais-je soudainement agacée, je ne savais pas quoi lui répondre d'autre, je n'avais pas le droit d'être jalouse, après tout, j'étais celle qui était partie et pourtant, je n'arrivais pas à m'en empêcher, le savoir avec une autre, savoir qu'il s'entendait si bien avec une autre, une autre qui un jour avait été...moi ! C'était juste insupportable. Je détournais le regard, simplement pour qu'il ne voit pas à quel point j'étais déstabilisée par cette femme que je ne connaissais même pas. « Je sais Luke et je ne te demande pas de tout me dire, simplement d'être honnête avec moi, comme je le serais avec toi. C'est du donnant donnant. »

Bizarrement l'entendre me dire que cette fille ne remplacerait jamais notre duo me fit du bien, évidemment ça ne devrait pas me toucher, ça ne devrait pas avoir de l'importance, mais ça en avait, je ne pouvais pas faire autrement parce que mon coeur battait toujours pour cet homme et il battrait toujours pour lui, quoi qu'il puisse arriver, quoi qu'on puisse faire ou se dire, il resterait ma plus belle histoire et ça rien ne pourrait l'effacer alors, oui, savoir qu'il était proche d'une autre, ça me faisait mal au coeur. Mais je ne voulais pas qu'il voit à quel point ça pouvait me toucher, parce que je ne voulais pas que ça me touche, je ne voulais pas en arriver là, parce que ma jalousie pouvait me faire faire n'importe quoi et là, nous allions devoir travailler ensemble, alors je ne pouvais pas laisser mes sentiments, mes émotions prendre le dessus sur tout le reste. « Il n'y a pas de soucis, tu fais ce que tu veux de ta vie Luke. » Être détachée, voilà ce que je devais faire, je tournais la tête pour éviter de le regarder, parce que s'il plongeait mon regard dans le sien il verrait à quel point je pouvais mentir, à quel point je pouvais me mentir, parce que j'étais ridicule au final. Un léger sourire étira mes lèvres au moment où il m'assura qu'il allait être sincère et honnête avec moi. Je me sentais d'un coup un peu plus légère, pas que je doutais de lui, loin de là, mais parfois je préférais me montrer un peu plus sur la réserve, juste au cas où. Je lui adressais un signe de tête en guise de remerciements, nous allions enfin pouvoir travailler ensemble dans une atmosphère plus ou moins détendu. Je tournais à nouveau mon regard vers lui, plongeant mon regard dans le sien, cette fois je l'écoutais très attentivement, secouant la tête de temps à autre, pour lui montrer que j'étais très attentive à ses paroles, j'enregistrais les informations, le nom de ce club pour pouvoir aller y faire un tour plus tard, du moins jusqu'au moment où Luke me proposa d'y aller avec lui. Enfin non, ce n'était pas vraiment ce qu'il avait fait, il ne l'avait pas formulé de cette façon là, mais en même temps, c'était entré de cette façon dans mon cerveau. Je restais quelques secondes sans parler, réfléchissant à cette option. « On peut aller y faire un tour demain soir si tu veux, je pense que ce soir je n'en aurais pas la force, mais après une bonne nuit de sommeil, je serais totalement opérationnelle. » Finalement, c'était peut-être moi qui lui proposais cette sortie, s'il le voulait c'était une bonne chose, sinon, tant pis, je m'y rendrais seule, ce n'était pas vraiment comme si j'avais peur ou besoin de soutien. Je fronce à nouveau les sourcils, mais pas dans une démarche d'interrogation ou autre, simplement par habitude. « Et c'est une bonne ou une mauvaise chose ? » Je savais qu'il parlait de moi, de ma venue ici, de sa surprise et comme je le comprenais, plus que n'importe qui.

J'étais assez curieuse de découvrir cet endroit, de comprendre ce qu'il pouvait avoir de si exceptionnel pour qu'ils aillent tous là bas, que ça en devienne un reperd à mutant et surtout, est-ce que c'était réellement le cas, personnellement si j'en étais un, je n'irais pas toujours dans le même endroit de risque qu'on me tombe dessus, de peur d'être découverte, mais après tout, peut-être que c'était ce qu'ils voulaient, une façon de déclarer la guerre, je n'en avais aucune idée pour la simple et bonne raison que je débarquais et je ne savais pas du tout dans quoi je m'embarquais, le dossier qu'on m'avait fait parvenir était bien trop mince pour que je puisse le faire une réelle opinion de ce qui pouvait se passer en ville, alors aller un peu sur le terrain ne me ferait pas de mal et encore moins accompagné de Luke, parce que lui savait, je le connaissais assez pour savoir qu'il n'avait pas dû y aller qu'une seule fois, qu'il avait surement fait ses petites recherches sans rien dire à personne et comment lui en vouloir, parce que si j'avais pu être à sa place, j'aurais clairement fait la même chose. « Très bien, on se retrouve là bas pour vingt heure, ça te va ? » Je ne savais pas à quelle heure il fallait aller dans ce genre d'endroit, mais plus nous y allions tôt, mieux c'était, du moins j'osais l'espérer, après tout, nous aurions la soirée entière pour pouvoir faire nos petites recherches. J'étais complètement perdue dans mes pensées, réfléchissant à tout ce qui allait nous attendre dans le futur, cette mission n'avait rien de normale, elle ne ressemblait en rien à ce que j'avais pu vivre dans le passé et malgré tout, je trouvais ça réellement intéressant, c'était peut-être un peu glauque de penser comme ça, mais je n'arrivais pas à m'en empêcher, j'espérais juste qu'on s'en sortirait pas trop mal pour pouvoir dire que nous y étions et la voix de Luke me ramena sur terre. « Hein, de quoi...Oh oui, désolée, mauvaise habitude. » Je haussais distraitement les épaules avant de lui adresser un léger sourire, je devais arrêter de froncer les sourcils, ça me donnait un air sévère, je le savais, ma mère n'arrêtait pas de me le dire, mais je ne pouvais pas vraiment faire autrement, c'était presque devenu un tic. Je regardais ma montre et ouvrais les yeux en grand, il avait raison, j'avais passé beaucoup plus de temps avec lui que prévu, en même temps comment faire autrement, nous avions beaucoup de choses à nous dire et malheureusement nous n'en avions pas dit le quart. « Oui, mince, tu as raison, je vais devoir te mettre dehors, mais on se retrouve demain, ne m'oublie pas. » J'étais sûre qu'il ne le pourrait pas, mais c'était juste par principe finalement.