broken bones // TAISIYA

Les War Dogs, c'est ta famille, en quelque sorte. Ils t'ont aidé à te mettre sur pieds, quand t'es arrivé en ville. Et puis la violence, elle te gêne pas. T'es né avec et tu vas surement mourir avec. Tu prends les coups que tu mérites et tu rends ceux qu'ils méritent.
Et puis, t'as été célèbre, pendant un temps. Jeune, nouveau, l'accent italien, les cheveux flamboyant, y avait quelque chose en toi qui soulevait les foules. Ton personnage, le Don que tu avais inventé spécialement pour les combats, plaisait énormément. C'était facile, de vivre, à ce moment là, parce que l'argent tombait à foison et tu avais de quoi bien vivre. Et puis t'étais pas contre les combats arrangés, perdre ou gagner n'était pas réellement le but. Les combats, ce sont des spectacles. Tu es là pour amuser la galerie, pas pour gagner, pas pour perdre. T'aurais pu être le mec en string qui présente les pancartes "round 1" que ça aurait été la même chose dans ta tête.
Mais t'es plus célèbre, maintenant. Parce que t'es là depuis trop longtemps, les gens se sont habitués à toi et ton stupide accent, toi et tes cris, toi et tes cheveux. Et il y a une petite nouvelle, qui a un peu prit ta place. Taisiya. Tu lèves les yeux au ciel en pensant à elle, avant de grimacer, parce que t'as oublié le coquard du combat de la veille. Jeunette, c'est elle qui soulève les foules. Et elle est douée, même si un peu trop orgueilleuse. Elle croit encore que gagner est le but de tout ça.

Les entraînements sont fréquents, entre vous. Et t'es en face de la petite jeune, encore une fois, prêt à la mettre au sol. Tu roules des épaules. Le coquard, c'est de sa faute ; et même si c'était prévu que tu perdes, tu comptes bien te venger.
Certains diront que frapper sur une enfant, une femme en plus, c'est cruel ; tu leur répondras que si ton nez n'est pas droit, c'est principalement à cause des femmes dans ta vie, qui prennent un mâlin plaisir à te péter le piffe une fois toutes les semaines. "Ragazzina, tu attends quoi là ?" ton sourire est satisfait, condescendant, et malgré ton coquard, t'as l'air de poser une couronne sur ta tête, la prendre de haut. "Je savais bien qu'il fallait pas accepter les enfants ici." tu lèves les yeux au ciel.

Elle sourit. Orgueilleuse et fière comme si le monde lui appartenait. Un à un, Taisiya fait craquer ses doigts. Lentement. Elle savoure cet instant. Cette sensation de toute-puissance, c’est sa drogue quotidienne. Celle d’être au sommet, imbattable, régente depuis peu. Quand on a goûté à la gloire, à l’adoration du public, à l’argent remplissant les poches de son jean usé, comment pourrait-elle revenir à sa vie d’avant ? Celle de l’ombre et de l’ennui. Le monde invisible. Celui de Don. L’ancienne coqueluche des War Dogs qui n’a plus aujourd’hui que les cicatrices pour lui rappeler qu’il était à sa place il n’y a pas si longtemps que ça.

Ce qu’il n’était pas assez bon, pense-t-elle. Il manquait de hargne, d’envie de gagner. Un perdant qui a eu de la chance. Qu’il est facile de se faire apprécier des foules quand on a le verbe étranger. Taisiya, elle n’a que ses poings et sa rage. Rien de spécial ne la différenciait des autres gamines de son âge, si ce n’est qu’elle a grandi dans le rouge de la mafia. Élevée dans la violence, c’est la haine qui coule dans ses veines. Les War Dogs, c’est ce qu’il lui fallait, comme si c’était écrit qu’elle finirait par casser des gueules pour quelques dollars. Le pire, c’est qu’elle ne fait même pas ça pour l’argent. Enfin, pas entièrement. Taisiya fait ça pour rassasier son ambition dévorante, son besoin viscéral d’être au sommet et d’écraser ses adversaires. Ouais, la meilleure, la n°1, et rien d’autre.

Don, ce raté dépassé qui n’est plus que l’ombre du combattant qu’il était. La Russe le garde tout de même à l’œil. Ce n’est pourtant pas son genre de s’inquiéter de la concurrence. D’ordinaire, elle étouffe bien vite les rumeurs de sa future défaite à coups de poing dans la trachée. Mais Don, il a cette aura un peu spéciale qui l’entoure. Celle des personnes déchues dont il faut toujours se méfier. Celle de l’animal blessé qui peut mordre à tout instant. Taisiya, c’est une grosse brute et la prudence était en option à sa conception, mais entre deux bravades, il lui arrive de se poser, et de réfléchir. Des moments rares. Presque précieux.

Un calme qui vole en éclats dès que l’autre ouvre la bouche. Qu’elle aime ce moment où il se pense intouchable, peu effrayant par une ado. Pourtant, les balafres sur son corps devraient annoncer la couleur. C’est plus une gamine depuis qu’elle est montée pour la première fois sur ce ring. Taisiya sourit à son tour, impatiente que l’entraînement débute. Peut-être abîmera-t-elle l’autre œil, cette fois-ci, histoire d’égaliser. « Tu parles trop, l’perdant. T’es là pour discuter ou te prendre une branlée ? »

Ses muscles se tendent, et dans un mouvement devenu instinctif, la combattante ouvre les hostilités. Elle répond à ses sourires. Furieuse, enragée, prête à blesser son opposant, comme si sa vie en dépendait. Parce qu’au fond, c’est un peu le cas.

C'est une gamine, une ado ; t'as pas vraiment peur. C'est pas sa condition de rejeton qui te met en confiance, mais tu te dis qu'aujourd'hui, tu vas y arriver, la mettre au tapis. Le coquard, il se trouvera sur son visage, tu peux déjà le sentir dans tes veines. Peut-être que si t'étais un peu moins con, tu sentirais, que c'est pas naturel. Que cette force dans tes bras, tes muscles qui se bandent, c'est pas toi, c'est quelque chose qui vient des météorites, cette force que tu as encore un peu du mal à maîtriser.
T'as pas peur mais peut-être que tu devrais parce que t'es pas le seul qui possède un don venant tout droit des étoiles.

Et elle fait la maligne, marche avec une confiance qui miroite la tienne, comme si elle marchait en territoire conquis, reine d'un pays qu'elle ne connaît pas et qui risque de bien de lui retomber dessus ; petite princesse va rapidement tomber. Tu sens bien, qu'il y a plus, que derrière cette couronne se cache un monstre, capable de t'écraser, une guerrière aux griffes acérées. Mais tu n'as pas peur. Tu n'as peur de rien.
Et elle s’élance, rapide, douée, bien entraînée. Tu évites le premier coup sans difficulté, tu te permets même un petit sourire, mauvais, supérieur.
Vous êtes seuls, t'as pu voir la dernière personne quitter la salle quelques minutes avant. Ce n'est pas un spectacle ce soir. C'est un massacre organisé.
"Je peux parler et te mettre une branlée en même temps, c'est même ma spécialité." parce que tu aimes un peu trop le son de ta voix. C'est ton tour et tu l'attaques ; souples sur tes pieds, tu mises surtout sur ta force. T'es clairement pas le plus rapide, surtout pas après le combat de la veille qui t'a laissé courbaturé.
Tu tentes de lui mettre un coup de genoux dans le ventre avant d'éclater ton poing contre son nez. Tu veux la voir chialer.

face 1. Taisiya évite tout
face 2. Coup de genoux oui, mais pas le coup de poing
face 3. Coup de genoux non, mais le coup de poing oui
face 4. Taisiya se prend tout

La danse débute dans un sursaut, sans prévenir, comme si l’on craquait une allumette. Une explosion d’énergie qui la propulse en avant, toutes griffes dehors, prête à en découdre jusqu’au bout. Pourtant, ce n’est qu’un entraînement, une simple répétition avant le grand soir, mais l’ambiance est fébrile. Électrique, comme un mauvais présage. En effet, affronter Don, c’est presque comme un événement spécial. Cet ancien qui partage ses techniques, ses méthodes et son expérience. Taisiya n’en rate pas une miette. Elle a toujours été bonne élève quand il s’agit d’écraser son adversaire. Comme si elle était née pour ça.

Mais Don, elle le sous-estime parfois. Elle en oublie qu’il fut à sa place et ne voit plus que le loser qu’il est devenu. Ce raté qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Un invisible bon à rien, un gros bras parmi tant d’autres. Méprisante, un coup dans le nez lui fait ravaler le rire mauvais qui lui siégeait au bord des lèvres. Pourtant, elle sait que son adversaire est physiquement plus fort qu’elle. Elle sait qu’un seul coup de sa part peut faire beaucoup de dégâts, mais la fierté rend stupide et la rage aveugle. La Russe n’a pas la force de Don, mais elle est agile, rapide et sans pitié. Sans se soucier un instant du bruit caractéristique du cartilage broyé, elle envoie son pied vers la gorge de l’Européen. Qu’elle touche ou non importe peu, le but est de le faire reculer.

Elle éponge distraitement le sang avec ses mains bandées. La douleur irradie dans son visage tout entier. Elle frappe, cogne, tel un tambour dans son crâne. Le combat n’a jamais vraiment commencé tant que le premier sang n’a pas été versé, n’est-ce pas ? Soudain, l’attitude de la rousse change. Le sourire narquois qu’elle arborait laisse place à un air des plus déterminé, une colère sourde nourrie par une ambition dévorante. Prendre le premier coup, Taisiya le vit généralement comme une défaite personnelle. Il faut croire qu’elle se laisse emporter par leu jeu des joutes verbales au point d’en oublier sa prudence. Une erreur que l’ancien n°1 s’est chargé de corriger. C’est une bonne chose. Après tout, elle est là pour apprendre.

L’assaut reprend. La Russe enchaîne plusieurs coups de poings et de pieds. Lorsqu’elle aperçoit une ouverture, elle vise la gorge. Elle veut lui foutre la trouille, qu’il s’étouffe avec sa propre salive. Au fond d’elle, l’envie de remettre Don à sa place, l’envie de lui briser les os et de le voir agoniser face contre terre.

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Face 1 : Coup de poing dans le visage, mais rien de cassé

Face 2 : Coup de poing dans la gorge

Face 3 : Coup de poing dans la gorge et coup de pied dans le genou (Don peut esquiver l’un des deux)

Face 4 : Coup de poing dans la gorge, coup de pied dans le genou et coup de griffes dans la cuisse (Don peut esquiver l’un des trois)