Broken doll at your door | Neide

Vous divisez le chèque en 3 : la première moitié en cash, les deux quarts sur mon compte crédit et sur mon compte courant. Maureen, la quadragénaire qui était à l’accueil de sa banque de quartier, fascinait Neide par sa nonchalance. C’était une femme à l’apparence guindée, au teint à la fois livide et fardé. Pourtant, elle se comportait souvent comme une lycéenne, insolente au point de claquer ses bulles de chewing-gum à la trogne des clients. Vous n’avez pas peur de sortir avec autant de cash sur vous ? Ce n’est pas le quartier le mieux famé de la ville. Neide la regarda avec un air las et empocha le fric sans demander son reste. Elle avait besoin de l’argent pour un but bien précis et ne souhaitait pas que son achat figure sur ses relevés bancaires.

Tu veux acheter un second congélateur pour stocker mes morceaux ??? avait éructé Richie, absolument scandalisé. Neide ne se voyait pas jeter les morceaux de son ami en pleine nature – quand bien même il n’y aurait eu aucun moyen de remonter jusqu’à William, elle ne souhaitait pas prendre le risque de les amener à fourrer leur nez là où il ne fallait pas. Almeida n’était pas du genre complotiste mais suivait tout de même toutes ces histoires d’empreintes génétiques avec grand intérêt. Si ça se trouve, dans quelques années, on serait à même d’identifier Richie grâce à un bout de pied et là, ce serait la putain de grosse merde.

Il voulait qu’elle fasse quoi, Richie ? Qu’elle laisse ses morceaux de chair traîner dans l’appart ? Qu’elle les fasse cuire et qu’elle les distribue aux affamés dehors ? Sans déconner, qu’est-ce qu’elle était supposée faire, à part les congeler, en attendant de trouver un moyen de s’en débarrasser ? Lorsqu’elle rentrait de garde, Neide effectuait des expériences sur les « morceaux » de Richie, comme ils les appelaient : ceux-ci ne semblaient pas moisir ou se détériorer au cours du temps. Rien que cette observation terrifiait la jeune femme. Si ça se trouve, ils en oublieraient un sous un meuble et une nuit, l’une des mues de son colocataire viendrait l’étouffer dans son sommeil. De même, ils ne semblaient pas être reliés au corps de Richie d’une quelconque manière : bien qu’ils aient eu les caractéristiques du corps de Richie, os fins, peau noire, structure de mâle, il n’empêche qu’ils semblaient être… à part.

Faut que j’aille taffer Neide… Oui, mais non… Elle n’avait pas su le convaincre et était seule à l’appartement. Bon, elle allait brancher ce congélo et y entreposer tous les… morceaux. Elle répugnait à leur attribuait un autre nom. Quoi d’autre pourrait bien les qualifier, de toute façon ? Les morceaux étaient éparpillés sur la table de leur cuisine américaine, laquelle était protégée par un tissu chirurgical que Neide avait dérobé sur son lieu de travail. N'importe qui pénétrant l'appartement aurait pu les voir et surtout, sentir l'odeur de viande crue. Soudain, le bruit de la sonnette vint la déranger au moment même où les prises allaient entrer en contact. C'est quoi ce bordel ? Quel genre d'individu irait sonner en semaine, à une heure aussi tardive ? Néanmoins, les appels continuaient sans discontinuer et Neide, bizarrement, sentit ses intestins faire une cabriole.

Récemment, elle avait développé une sorte de sixième sens pour sentir les emmerdes.

Elle ouvrit la porte à la volée, sans se rendre compte qu'elle avait omis de cacher les morceaux que Richie perdait à longueur de journée.

- Ah bah Jaden tu viens enfin t'ex... Putain qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?? T'as encore fait des conneries, c'est ça ?? Merde. Viens t'asseoir, elle lui tend un linge et lui fait renverser sa tête, j'appelle une ambulance. T'aurais dû aller directement à l'hôpital, ça va pas la tête...

C’est son ami qui s’effondre sur elle comme un château de sable. Jaden est un grand gaillard, qui mesure au moins 25 centimètres de plus que Neide et qui pourrait faire des pompes en la portant sur ses épaules, alors, Almeida invoque ses misérables muscles et tente tant bien que de mal de rattraper son ami. Dans l’état où il se trouve, il ne manquerait plus qu’il se cogne la tête au sol et qu’il devienne idiot pour le restant de ses jours. Déjà qu’en temps normal, malgré son intellect indéniable, il n’a pas toujours les idées les plus brillantes…

Elle sent son effort pour ne pas flancher et elle reconnait là la fougue qui lui est propre. Les secondes où elle le soutient sont d’une longueur… Elle murmure « tiens bon », mais ça s’adresse autant qu’à lui qu’à elle. Oui Neide est médecin. Oui, elle dispose d’un sang-froid inégalable. Cependant, le lieu de Neide est un endroit bien éclairé et surtout, désinfecté. Pas une cuisine dont le sol et les meubles sont souillés de restes humains.

Elle espère que Jaden sera suffisamment à l’ouest pour remarquer sa nouvelle déco inspirée par Hannibal Lecter. Quand la fiction dépasse la réalité… Les amis de Neide savent qu’elle est parfois bizarre et obnubilée par des choses légèrement hors du commun, mais elle n’a jamais présenté de passion ostentatoire pour la charcuterie. Jaden s’asseoit où il peut, ne proteste pas, renverse sa tête en arrière. Neide humidifie un second linge qu’elle vient passer sur le visage ruisselant de sueur de son ami. Doucement, elle caresse son front avant de passer le linge sur la nuque.

- Je vais appeler les secours, répète-t-elle dans le vide, tétanisée devant la silhouette de son vieux pote qui ressemble à un puzzle abandonné par un enfant ingrat.

Il se tient de travers, penchant lamentablement à droite, comme un arbre prêt à s’effondrer. Malgré la veste, qui est déchirée par endroit, elle voit bien que son épaule n’est plus droite… Comment ça, pas d’ambulance ? Et pas de police ? Elle comprenait l’appréhension de Jaden, mais bizarrement, son instinct lui disait que la véhémence de sa protestation n’était pas liée à la peur d’un traitement injuste. C’était plus inhabituel que ça.

- Je peux appeler Bax… Elle s’interrompt.

Toujours le même problème. Comment justifier les blessures de Jaden ?

- Mais putain, qu’est-ce qu’il t’est arrivé ?? Arrête de bouger, ça suffit maintenant. Ok. Je reviens.

Neide détale vers la salle de bain, où elle récupère des anti-douleurs et un verre d’eau, ainsi qu’un ciseau, du désinfectant et une bassine d’eau propre.

- Ouvre la bouche, ordonne-t-elle sans sourciller, avant de placer deux comprimés sur la langue rose de son ami. Avale et bois, poursuit-elle en lui tenant le verre.

Même Jaden n’oserait pas la contredire.

- J’espère que tu tiens pas à ton sweat, ironise-t-elle avant de commencer à le découper, pour avoir accès au torse et aux bras de son ami.

Neide se devait de cacher sa terreur : le tee-shirt était collé à la chair carbonisée. Même sous anti-douleurs et même si Neide pouvait enlever le vêtement de façon indolore, à certains endroits, la chair et le tissu formaient un marasme peu ragoutant. Jaden allait souffrir le martyr.

- Je vais t’allonger sur le canapé, déclare-t-elle en aidant son ami à se relever. Je vais te remettre l’épaule en place. Plus tôt ce sera fait, mieux ce sera. Ok. Tu vas respirer. Un, deux… De grandes inspirations et expirations, ok ? Elle lui tend un linge. Je suis désolée, mais ma voisine est une fouine. Je ne veux pas qu’elle vienne nous emmerder, s’excuse-t-elle en glissant le tissu entre les mâchoires de son ami. T’es prêt ? Elle empoigne le bras de son ami et commence à le tirer lentement mais fermement, jusqu’à ce que l’épaule reprenne sa place. Ok. Je vais te chercher de la glace. Enième aller-retour, un linge rempli de glace se pose délicatement sur l’épaule du jeune homme. Neide retire le linge imbibé de salive de la bouche du blessé. On va faire une pause de quelques secondes et je vais m’occuper de tes brûlures, ok ? Tu me dis quand c’est bon, ajoute-t-elle avec un sourire las.

Un silence s’abat et Neide prend le temps de penser. Elle avait agi comme un robot, mais la situation l’exigeait. A présent, elle n’avait qu’une seule envie. Savoir ce que son ami avait bien pu faire. Elle était loyale et l’aiderait peu importe les circonstances, mais… Merde ! Que son ami et son regard aiguisé aillent se faire foutre !

- Même blessé tu trouves le moyen de dire des conneries... c’est vrai que vu comme ça, c’est sanglant mais… J’essayais une recette de ma mamie, c’est avec des abats, c’est parti en vrille… murmure t-elle.

Dieu merci, la cuisine était plongée dans la pénombre. Elle pouvait prétexter qu’il ne s’agissait que de morceaux d’animaux. Dans le cas contraire, comment expliquer la situation à Jaden ? Vite. Opération camouflage.

- J’aimerais avoir de l’alcool à te proposer… Tu es prêt pour que je m’occupe de tes brûlures, maintenant ? Est-ce que tu as d’autres blessures que je ne vois pas ? questionne t-elle.

Sa blouse est à l’hosto, mais c’est tout comme.

L'odeur de chair brûlée la prend à la gorge, comme deux grandes mains qui viennent enserrer sa trachée jusqu'à la suffocation. C'est horrible à dire, mais l'odeur de la chair humaine brûlée ressemble à celle du porc qui flambe sur une grille de métal. Bien évidemment, Neide serait dans l'incapacité de la trouver alléchante, mais l'odeur qui se répand lentement dans le salon lui rappelle celle d'un barbecue de banlieue qui tourne à la catastrophe, gâché par les disputes amères et ridicules des mères au foyer qui se chicanent à propos de leurs enfants, de leurs maris, de leurs rêves éventrés. D'un coup Neide a envie de gerber, elle réalise qu'elle ne s'est pas lavé les mains et que si ça se trouve, les plaies de Jaden vont s'infecter et la situation deviendra encore plus cauchemardesque qu'elle ne l'est déjà et...

Il est vraiment désolé ? C'est Neide qui se sent terriblement, indéniablement désolée, car elle est dépassée, avec ses mèches brunes qui obstruent sa vue et ses paluches sales dont les ongles sont incrustés de sang et de viande et de bout de peau et de sueur... Et si elle se plantait ? Jaden n'était vraisemblablement pas en danger de mort, mais si elle se plantait ? Si elle aggravait les choses ? Elle a l'impression qu'elle va s'étouffer, avec son mensonge qu'elle sert sur un plateau d'argent à son ami de longue date. Une recette de famille tu parles, sa mère n'avait jamais aimé cuisiner et les souvenirs brésiliens de Neide remontaient à bien trop longtemps pour qu'elle puisse se rappeler à la perfection des recettes apparemment délicieuses de l'aïeule.

- Je ne voudrais pas t'empoisonner, Jaden. T'es suffisamment en mauvais état comme ça, s'amuse t-elle en oubliant momentanément l'incroyable situation dans laquelle ils s'étaient fourrés.  

Merde, mais quand est-ce que leur vie insouciante d'étudiants fauchés s'était transformée en ce monstre protéiforme à l’œil divin qu'il fallait nourrir de chagrin et d'incertitudes à chaque pas en avant ?

- Je ne sais pas comment faire, admet t-elle en se grattant la tête. Tu te sens de marcher jusqu'à la salle de bain ? Il faudrait que j'immerge ton torse dans de l'eau froide pendant un bon quart d'heure. Merde. Je ne suis même pas sûre que des soins "maison" suffisent à guérir ça, Jaden. Je peux me procurer de la morphine ou de la kétamine mais devine quoi, de la peau, c'est un peu plus compliqué !

Elle attrape un ciseau pour commencer à se débarrasser du tee-shirt du jeune homme. Elle ignorait si sa dernière phrase s'interpréterait comme cassante ou désespérée, mais à vrai dire, elle n'en avait cure. Que se passerait t-il si la peau de Jaden ne cicatrisait pas ? Une brûlure était un traumatisme grave et... Elle ignorait comment on effectuait une greffe de peau sous le manteau. Il n'y avait plus qu'à prier pour que Jaden n'en ait pas besoin.

- Par pitié, rassure-moi, personne de bizarre va débarquer à mon appart ? s'inquiéta t-elle, submergée par un ensemble de théories foireuses dont la seule ambition était de justifier l'état de son ami.

Elle continuait de parler pour stimuler Jaden - c'était primordial, agiter la conscience, la conscience toujours supérieure à la substance soit-disant, faire en sorte que le patient s'exprime et garde le cap, sans vouloir faire de la psychologie de comptoir, tant que Jaden voudrait vivre, ils auraient toujours un peu plus de chance dans leur camp que s'il s'abandonnait au grand sommeil. Neide faisait le vide - pour oublier que si Jaden mourrait dans son canapé, même si c'était assez peu probable, elle aurait pour toujours la mort de son ami sur la conscience.

Neide n'était pas spécialiste des brûlures, elle osait espérer que Jaden n'aurait pas besoin de soins supplémentaires et que sa ferveur suffirait. Les habits du garçon, d'une piètre qualité, n'avait nullement protégé sa peau, à l'exception du jean, qui avait pris cher, mais dont le tissu était encore intact. L'avantage, c'était que le visage du jeune homme n'avait pas été exposé à la chaleur, Dieu, s'il y en avait un, seul savait comment, comme disait sa grand-mère.

- Bien sûr, qu'elle sera froide. Allez, mobilise moi ces muscles de dieu grec. , ordonne t-elle non sans un humour quelque peu malvenu au vu de la gravité de la scène.

Peut-être que galvaniser l'ego du jeune homme, dont elle connaissait les tendances à déborder, lui permettrait d'effectuer les douloureux pas qui les séparaient tous les deux de la salle de bain. Alors qu'elle le soutenait, ce qui n'était pas une mince affaire, au vu de leur différence de taille et de poids, Jaden commença à évoquer l'idée d'aller chercher Seth, que Neide balaya immédiatement :

- Seth ? T'es complètement allumé, mon pauvre. Je suis désolée, mais ton ami devra attendre.


Elle avait cloisonné : ne connaissait pas ledit Seth mais savait que si elle abandonnait Jaden, celui-ci risquait d'y passer et qu'il valait mieux un mort que deux. Si l'autre garçon n'avait pas reçu des soins immédiats, Neide ne pouvait que douter de son éventuelle survie. Une fois dans la salle d'eau, Neide aida son ami à rentrer sous la douche, sans oser lui retirer son pantalon. Tout en réglant l'eau sur une température avoisinant les treize degrés, elle commença à balayer doucement le torse du garçon, le robinet réglé sur l'intensité la plus basse, consciente que le prochain quart d'heure allait être très long.

- Si on a de la chance, c'est une brûlure de second degré grave. C'est à dire que tu n'auras pas besoin de greffe. J'espère vraiment que ce sera le cas. Après ça, il faudra que je te désinfecte et que je te bande le torse... il faudra que tu sois extrêmement vigilant pendant au moins un mois, tu comprends ça ? qu'elle débite, autant pour lui que pour elle.

Être sûre de ne manquer aucune étape. Après tout, elle n'était qu'une débutante.

- Quinze minutes... ce sera long... Jaden. Si tu as des ennuis, tu peux m'en parler, toujours. Je suis parfois conne mais je reste ton amie, murmure t-elle en refusant l'émotion et les quelques larmes qui menacent de perler.

Maintenant que la peau ocre de Jaden était éclairée crûment par les néons de sa salle de bain, Neide était prête à parier que son ami s’en sortirait indemne. Il faudrait qu’elle gruge à l’hôpital pour obtenir de la morphine, car Jaden vivrait un véritable calvaire s’il en était réduit aux anti-douleurs classiques. La jeune femme se tût alors qu’elle balayait le corps de son ami d’un jet à température ambiante, suffisamment léger pour ne pas abîmer encore plus la couenne suffisamment martyrisée par ses aventures nocturnes. Qu’est-ce que Jaden ne lui dit pas ? Comment il s’est retrouvé dans un incendie ? Elle le sait, au-delà de sa peau cramoisie, ses cheveux et ses sourcils sont poussiéreux et il sent la cendre. Neide ne pose pas de questions ultérieures car elle sait pertinemment que le jeune homme l’ignorera, sans doute aveuglé par la prétention de vouloir la protéger, elle, la demoiselle en détresse.

En attendant, il semble plongé dans une torpeur pleine de félicité, alors, cela la conforte dans l’idée de ne pas insister et de se taire. Le fait qu’ils se taisent tous les deux, c’était rare. Leur relation était malicieuse, dénuée de sentiments, de lubricité ou ambiguïté. Ils étaient amis, cela s’arrêtait là. Et c’était pour cela que jamais Neide ne se serait imaginée doucher son ami, tard dans la nuit. Les minutes passent rapidement, car elle aussi sent la fatigue accabler ses épaules maigrelettes. Elle a envie de s’endormir et se sent tanguer, en avant puis en arrière, décide alors de poser ses fesses sur le carrelage de la salle de bain, tenant à bout de bras la douchette. Même avachi, Jaden la dominait d’une bonne vingtaine de centimètres, Neide aurait même avancé une trentaine, mais ne l’aurait jamais admis devant lui.

- Garde à l’esprit que je serais toujours là pour toi, c’est tout.

Jaden se perd en longs silences et en points de suspension et en promesses vides de sens, mais Neide sait pertinemment que même un grand gaillard débordant de bonne volonté comme son ami ne pourrait la protéger de son plus grand ennemi, qui n’est autre qu’elle-même. La jeune femme se frotte le menton face à la suggestion de Jaden, comment faire pour retirer le coton qui a adhéré à la peau tout en causant le moins de douleur possible ? Elle a encore plein de choses à apprendre, néanmoins, il est temps de confronter théorie et pratique. Elle a déjà découpé tout ce qu’elle pouvait et là, ça va faire mal.

Elle s'empare d'un couteau plat et retire avec le plus de douceur possible le tissu restant à l'extrémité de chaque plaie, avant de se résoudre à arracher, un à un, chaque pan de tee-shirt collé à la peau de son ami. Elle serre les dents en l'entendant geindre, faisant des pauses lorsqu'il semble submergé. Sans attendre, elle badigeonne les plaies d'une pommade à base d'acide, peut-être périmée mais ils n'étaient pas en mesure de faire la fine bouche, avant d'entourer la chair à vif de pansements interface.

- Voilà, soupire t-elle. On y est arrivés, bravo. Tu te sens comment ?

En ce qui la concerne, elle se sent épuisée.

- Tu veux dormir dans mon lit ? Ici les invités ne dorment pas dans la douche, haha... je prendrai le canapé, ça me remettra le dos en place comme on dit.

Elle a encore la force de plaisanter, car elle a l'impression d'être dans un rêve. Qu'elle s'éveillerait demain matin, qu'elle appellera Jaden et qu'il serait bien tranquille, en sécurité, chez lui. Il se moquerait d'elle et lui demanderait à quel degré de nudité ils se situaient dans le songe de l'urgentiste et tout serait en concordance avec l'ordre implacable de leur univers si routinier.