(shey) waste my time

T’étais littéralement sur les rotules. Cette journée avait été éprouvante à plus d’un égard. Tu n’étais de retour au boulot que depuis une semaine et tout le monde continuait de te traiter comme si tu étais en sucre, ça te rendait dingue. Tu n’étais pas une fragile petite chose, tu croyais l’avoir démontré depuis le temps, à croire que ton incident avait ruiné plusieurs années d’efforts. Ton incident. Tu passais ton temps à guetter le moindre signe qui annoncerait une crise, une situation imminente où tu allais perdre le contrôle. C’était ça le plus épuisant : la vigilance constante, la peur, l’angoisse… Tu coupes le moteur avant de te passer les mains dans les cheveux. Tu vas pouvoir dormir, tu es en congés, et tu as le sentiment qu’une éternité de sommeil ne suffirait pas à étancher ta fatigue. Dommage. C’était déjà assez compliqué en temps normal de dormir avec le boulot que tu faisais et les horaires souvent aléatoires mais là, c’était pire, et tu n’arrivais pas à te trouver de dérivatifs assez puissants pour te détendre. Ton amie te dirait sûrement qu’une bonne partie de jambes en l’air te ferait du bien mais tu n'étais pas de ce genre-là. Oh, tu n'étais plus vierge mais tu avais toujours accordé une grande importance aux rapports sexuels, conformément à ta religion. Tu n'avais pas la cuisse légère du tout. Loin de là.

Le soleil est un train de se coucher lorsque tu arrives à la porte de ton immeuble. Tu es prête à rentrer dedans lorsqu'un bruit d'obstructeur attire ton attention. Tu pivotes et ton regard épouse une silhouette massive. C'était le mot. Plus d'un mètre quatre-vingt dix de muscles, de peau hâlée et de tatouage. Tu ne vois pas grand chose de son visage, manger par un objectif d'appareil photo. Tu passes de l'intérêt surpris à la suspicion hargneuse. « Hey, vous ! » Tu t'approches de lui, d'une démarche énergique, pas intimidée du tout. T'as l'habitude de frayer avec des hommes plus imposants que toi, aussi séduisants soient-ils. Il fallait plus que ça pour t'impressionner. « Je peux vous aider ? » Tu le fusilles du regard, bras croisés, prête à en découdre. Un peu d'action ferait partir un peu de ta morosité à n'en pas douter.

Le travail était plutôt prenant ces derniers temps. Il fallait avouer qu'avec toute la crise liée a la pluie de météorite et aux derniers événements, ils avaient eu fort a faire pour le journal et depuis quelques temps déjà, il repoussait les demandes pour son autre passion, la photographie. Plusieurs personnes lui avaient envoyés des lettres ou même appelés pour avoir une séances avec lui et il avait du refuser, repousser les dates. Ce n'était ni l'envie, ni le plaisir qu'il lui faisait défaut, car il avait bien des lieux ou il voulait immortaliser les moments, les émotions, mais c'était bel et bien le temps qui lui faisait défaut. Alors cette semaine, il avait décidé de prendre trois demandes au hasard dans sa liste et avec contacté toutes les personnes concernées, trouvant une heure assez tardive ainsi qu'un lieu définit.  

Les deux premiers furent a la hauteur de ses attentes. Un couple de mariés qui désiraient prendre des photos d'eux dans leurs beaux habits quarante années plus tard. C'était de l'amour ça ! Il pensa a ce qu'il serait devenu si sa femme n'était pas morte et comment ils auraient étés quarante ans après leur mariage. Le second était un pompier qui désirait faire un calendrier avec toute sa caserne pour les revendre plus tard, pour les fêtes par exemple. Ce fut une expérience très enrichissante et il promit même de revenir pour faire une reportage sur ces hommes qui luttaient contre le feu, mais pas que. Ce soir, il était la pour une jeune femme qui avaient des idées elle aussi, mais surtout pas froid aux yeux. Surement avait elle appréciée les "photos volées" de son épouse. Plusieurs photographie dans son quotidien, prises sans qu'elle ne s'en rende compte. Ca lui avait valu un franc succès a l'époque. Peneloppe Rodriguez lui avait donnée l'adresse de son appartement et lorsqu'il vit une jeune femme approcher avec des traits hispanique, il commença a la prendre en photo, mais... la réaction ne semblait pas être la bonne.

Déja qu'elle avait une heure de retard, la voila qui l'agresse. « Mlle Rodriguez ? » Il tend la main vers elle, soutenant le regard de la personne. « Je suis Mr Flynn. Vous savez le photographe, nous nous sommes parlés en il y a trois jours de cela. » Il lui tend sa carte. « Mais j'ai l'impression que vous avez oubliée, vu l'heure.  »