it's been a long time (willow)

Les rues sont plus silencieuses depuis quelques jours, et quand le jour commence à chuter, les gens se pressent de rentrer un peu plus vite. Il faut dire que le 4 juillet a marqué les esprits, les enterrements qui ont suivit aussi, et les visites à l’hôpital. Minneapolis, une ville en guerre, et pourtant qui essaye de faire comme si tout allait bien, l’hypocrisie générale te fait soupirer un peu trop fort.
Toi ça t’a ouvert les yeux, un peu plus, sur la gravité de la situation, sur le bordel internet, sur les incohérences et un état incapable d’assurer un semblant de paix. Conflits intestins, entre mutants et non mutants, entre citoyens et politiciens, entre soldats et policiers qui se pensent sur-humains. T’as encore dans ton corps la douleur de l’affrontement. T’aurais jamais pensé être aussi heureuse que de sentir chaque parcelle de peau, les bleus qui s’étalent, devenus aujourd’hui jaunâtres, mais c’est toujours mieux que l’absence complète de sensation lors de l’action.
T’en frissonne encore, du néant que t’as pu ressentir à cet instant, alors qu’autour de toi les gens perdaient la vue ou bien l’audition, toi tu perdais toute sensation de toucher. Comme un besoin encore et encore, de te pincer la peau, t’assurer que tu t’en es bien sortie, tu ne pensais pas pouvoir être impressionnée. Et pourtant.
T’es pas la seule à avoir été amochée, t’as lu les divers rapports, vu les gueules éclatées au QG, t’as vu Luke aussi, et puis le corps de Mani. Et la gamine de Mani.
Putain.
Les images qui se succèdent, alors que t’avance dans la rue trop silencieuse, ton injure qui résonne contre les murs. Au coin un soldat t’arrête, tu lui montre ton badge, il te fait un salue que tu lui rends vaguement. Tes déambulations ne durent pas trop longtemps, l’air moite du mois de juillet te fait transpirer légèrement, quelques perles de sueur sur ton front lorsque tu rentre dans l’hotel, hochement de tête à l’hôtesse d’accueil alors que tu grimpe les escaliers. T’as quitté ton uniforme pour un ensemble noir, débardeur qui laisse tes bras libres et dévoilent tes tatouages : un serpent gravé à l’encre noire, et trop de traits qui se succèdent, pour les tiens morts au combat. Un pantalon en lin, des bottines qui claquent contre le bois des marches d’escalier. C’est rares que tu délaisse l’uniforme formel, mais ce soir c’est plus une visite informelle qu’autre chose, t’as le cœur trop lourd pour vouloir bosser.
C’est ouvert
La voix de Douglas qui résonne alors que tu frappes, tu pousse la porte, te laisse entrer sans te faire prier. T’es jamais venue chez lui, tu savais même pas qu’il vivait dans un hôtel. Au final vous êtes pas si différent même si tu préfère l’intimité d’une chambre de bonne sous louée à un hôtel trop exposé.
tu viens pour prendre des nouvelles ou bien on t'envoie pour savoir si je ne deviens pas fou à planifier un plan diabolique?
Le sourire qui s’étale sur ton visage, t’avais pas menti à Mikhaïl quand tu lui avais dit que tu ne supportais pas grand monde dans cette équipe, mais que Luke faisait surement parti des rares exceptions. La porte qui claque derrière toi alors que tu te laisse tomber à ses côtés, le cuir du canapé qui grince un instant, brisant le silence.
Toi ? Planifier un plan diabolique ? T’aurais le cerveau assez développé pour ça ?
T’as le rire léger alors que tu lui donne un léger coup de coude, avant de sortir la bouteille de ton sac.
Ma mère me tuerait si elle savait que je viens chez toi les mains vides. Ca sera plus pour toi que pour moi mais il parait qu’il est très bon
Un whisky écossais, du genre de ceux que buvaient ton père, accompagnés d’un cigare, pendant que tu finissais tes devoirs sur la table du salon. Ça te rend sentimentale, un instant. Juste un instant.
Plus sérieusement, comment ça va ?
Parce qu’au fond t’es quand même un peu inquiète. Parce que tu sais qu’il a ses démons un peu trop voraces, tu les connais les gars comme lui. Tu peux le vois dans la lueur de son regard, qu’il a du mal a dormir, et que ce n’est pas qu’à cause de la douleur dans sa cheville.

Faut il vraiment un cerveau très développé pour foutre un peu plus la merde dans cette ville ? Je ne pense pas ! J’ai donc toutes mes chances !
Il rigole, tu rigole, comme une vieille blague entre vous, quelques mois de complicité, il a fallut d'abord s'apprivoiser, et vous voilà aujourd'hui ce qu'on peut qualifier d'amis. Tu ne le relance pas sur son cerveau, t'as finis par le comprendre depuis le temps, qu'il renvoi cette image de mec un peu trop bourru pour dissuader le reste de la terre d'essayer de chercher plus loin, derrière ses failles. Luke est loin d'être con, mais ça, tu ne le lui diras pas, pas vraiment envie de l'entendre se vanter d'un compliment pas mérité.
Un sourire qui s'étale sur tes lèvres, quand tu le vois attraper la bouteille que tu lui à ramené, t'es certaine d'avoir visé juste. Tu ne devrais pas encourager son vice, mais la situation est plus compliquée, et le traumatisme du 4 juillet mérite bien une bouteille ou trois pour panser les plaies visibles ou non.
whouooo ! Ta mère t’a très bien éduqué ! whisky écossais ! Merci, il ne fallait pas.
Avec une mère indienne, tu peux savoir que l'éducation ça file droit
Le sourire nostalgique, tu t'es jamais plainte de ta famille, de ton enfance, tout ce qu'il y a de plus banal. C'est après que ça s'est corsé, que les trauma sont arrivés.
Lentement tu te laisse aller contre le dossier du canapé, le regard qui suit Luke, sa jambe, son plâtre. Une belle saloperie tout ça, mais au moins vous êtes en vie. Ce n'est pas le cas de tout le monde. T'as encore surement, des resqtes de sang sur ton uniforme abandonné dans un coin de bureau, les enterrements qui s'enchainent et les discours à la mémoire des héros qui te laissent indifférente. Non pas que tu sois hermétique au deuil, c'est juste qu'après tout ce temps, ça se fait plus facilement.
Oh bah comme tu peux le voir, je suis prêt à courir un marathon !
Un coup de poing léger dans son bras, pour lui montrer que tu prends pas à la blague, tu secoues ta tête. L'humour comme protection, t'as jamais été très douée là dedans.
Plus sérieusement, je m’ennuie, j’ai mal donc la bouteille va être vraiment très utile ! Je fais tout ce que je déteste, me reposer… du coup je suis heureux d'avoir un peu de compagnie.
Heureusement que je suis là alors
Moqueuse, tu te donne une fausse importance, comme si le fait que tu sois là puisse corriger ses pensées parasites et sa jambe abimée.
Je connais tu sais, je suis passée par là aussi, rien de plus frustrant que d'être cloué au banc quand l'action se déroule ailleurs
Un léger frisson qui te parcours, des souvenirs d'il y a bien 20 ans maintenant, de ta chute presque mortelle et du bruit que tes os ont fait quand tu a rencontré le sol un peu trop rapidement. cette année bloquée, coincée dans un lit ou dans un fauteuil, à entendre la terre entière spéculer sur si tu pourrais remarcher ou non. Tu chasses les souvenirs désagréables.
Si tu veux que je t'occupe, dis moi, j'ai un super programme de remise en forme...Mais je sais pas si ça conviendrais à une crevette comme toi
De nouveau tu rigole, le sourire moqueur, parce que tu adore le piquer dans son égo, les soldats sont toujours si facile à pousser à bout quand tu les critique sur leur physique ou leurs capacités, jeu vilain que t'as maitrisé depuis un certains temps maintenant.
Sourire qui s'évapore doucement quand Luke devient soudain un peu trop sérieux, quand il te pose la question te concernant toi. T'as plus l'habitude de parler de tout ça, malaise visible alors que tu te referme un peu trop vite. la confiance difficile et le partage douloureux
J'ai vu pire tu sais. Mais c'était quelque chose
Instinctivement ta main qui se porte à ton cou, la trace de strangulation encore présente, quand cette mutante à utiliser son don pour t'étrangler avec ton propre dog tag.
Quelque chose de différent. Pour la première fois je me suis sentie vraiment.... Impuissante ?
Et ton regard qui accroche celui de Luke, sincère, brut, juste un tourbillon d'émotion dans tes pupilles, que tu lui montre peut être pour la première fois. Ca t'as fais quelque chose, la mort de Mani, la mort au bout du canon, et puis l'impression qu'ils pourraient te tuer sans que tu puisse faire quoi que ce soit. t'as rarement peur Willow, mais pour une fois....Peut être que tu t'autorise à trembler un peu.

Oui, faut faire attention à ce petit corps fragile ! Mais ça m’intéresse ! Si ça peut me permettre de sortir d’ici plus vite !
T'inquiète avec le programme Greenbriar, t'auras rien à envier aux plus musclés de l'unité terrain j'te promet
Le sourire qui t'échappe, qui lui échappe aussi, l'humour plutôt que le sérieux, c'est plus simple comme ça. Comme un besoin d'oublier le reste, la situation trop pesante, l'impression d'étouffer entre les murs de la ville et de ne rien pouvoir faire pour y remédier. De se sentir trop humains. T'as pas l'habitude d'être de ce côté là de l'action. La dernière fois que t'as perdu autant pieds t'as perdu la personne la plus importante pour toi, comme une peur bien ancrée en toi que ça recommence encore une fois.

Luke et sa façon de te toucher, contact fugace qui te ramène un peu à la réalité, t'es plus vraiment habituée à tout ça, juste une main sur l'avant-bras tu le dévisage jusqu'à ce qu'il la retire, première fois qu'il se montre aussi proche depuis votre rencontre. Pourtant tu ne l'as pas rejeté. Ca aurait été un autre tu te serais surement dégagée, mais pas avec Luke. Il te rappel tes frères d'armes un peu trop, même regard, même dégaine, même aura. Ils te manquent tes serpents, encore plus maintenant, alors que le monde semble soudain exploser.
et pour ma part je le ressens encore aujourd’hui..
L'amertume dans la bouche et ton regard qui dévie vers sa jambe plâtrée, tu regrette de ne pas avoir été là pour l'aider, mais t'étais déjà bien occupée. Doucement tu secoue ta tête comme pour lui montrer que tu comprends ce qu'il veut dire, toi t'es déjà passée à autre chose, compartimentant ta peur et tes pensées parasites, pour rester efficace au possible.
Mais la nuit ça revient.
En boucle.
Encore et encore.
Juste la nuit.
je suis quand même content de te voir en un seul morceau..  
Pareil. Tu peux pas savoir.
Parce que t'as du mal, encore plus à chaque fois, que tu dois tatouer une barre sur ton bras, pour honorer un de tes frères tombés au combat. Luke n'est pas un Serpent mais c'est tout comme, la situation qui vous lie malgré vous, s'il venait à clamser demain, t'es certaine que tu l'encrerais sur ta peau, pour ne jamais l'oublier.

je crois qu'on va l'ouvrir cette bouteille.
Tu t'exécute quand il te demande d'aller chercher des verres, il sait surement que tu ne bois pas (( ou très peu )) pourtant ce soir tu feras peut être une impasse. La situation oblige. Deux verres que tu pose sur la table, faire sauter le sceaux en cire autour du bouchon de la bouteille, le léger pop nostalgique de l'ouverture. T'as comme une envie d'appeler ton père. Tu remplis vos deux verres, sans glaçon, un whisky pareil ça se boit pur, puis tu tends le sien à Luke avant de venir cogner le tien au sien. Le bruit du verre qui s'entrechoque.
j'ai l'impression que tout ça, ça va mal finir.. putain mais qu'est ce qu'on est venu se foutre dans cette merde..
Hm. J'ai pas de nouvelles de mes supérieurs et ça commence à m'inquiéter un peu. Et de ce que j'ai vu à Central, c'était vraiment pas beau... Y a un soucis dans l'organisation de cette putain d'armée. Faudrait tout réformer. Mais je pense pas que Richardson y soit favorable
C'est plus pour toi que pour lui que tu marmonne tes idées. T'as passé suffisamment de temps à fouiner un peu partout pour comprendre que rien n'est vraiment assez solide et que la ville est construite comme un château de carte. A la prochaine bourrasque, surement qu'elle s'effondrera.
T'en pense quoi de ce qu'elle a dit Persephone toi ?
Parce que vous l'avez entendu tous les deux, comme tout le monde présent à Central, ses menaces, ses paroles, et puis la tempête. T'as senti les éclairs te frôler, et ça t'as fait quelque chose.