Ombre & Lumière / Bo-ra "Bonnie" Queen

“Il était une fois” :  Mes parents m’ont eu jeune, peut-être un peu trop d’ailleurs. C’est sûrement pour ça que je n’ai pas eu de frère ou de soeur par la suite. Bref, en tout cas, c’était il y a vingt ans, à une époque qui n’a rien à voir avec ce que nous vivons aujourd’hui.

Une étoile: Faire plaisir, bien se comporter, être parfaite, souriante, appliquée, impliquée… J’ai été ce genre de gamine à vouloir briller dans les yeux de mes parents, dans tous les domaines, à longueur de journée. La fille dont toutes les familles pouvaient rêver car en plus de ça, j’étais docile et on pouvait tout me demander. Pour le coup, mon père était fier, par contre, avec ma mère, c’était bien différent. Jamais je n’ai eu son attention, jamais j’ai eu le droit à des mots ou des sourires pour venir m’apaiser… Alors l’étoile a cessé de briller.

Le déclin : Tant d’effort pour rien… La tristesse de voir cette mère imperturbable, le mal-être de ne pas se sentir aimer, l’angoisse d’échouer… Tout ça a fini par se transformer en colère. Envolée la fillette parfaite, j’ai sombré littéralement, pour me laisser dominer par ce sentiment si douloureux mais bienfaiteur à la fois. Je n’avais plus envie de faire d’effort, ni de faire plaisir à qui que ce soit. Il n’était plus question de réfléchir, ni de trimer à l’école pour le peu de reconnaissance qu’il y avait à la clé. Le chaos était bien plus agréable finalement.

Colère contrôlée : Il fallait que j’extériorise tout ça, autant pour mon bien que pour celui de ma famille. Alors j’ai fini par faire de la boxe… Une véritable révélation. Les styles différents m’intriguaient, le fait d’être vidée de toutes mes forces me calmait… J’avais enfin trouvé le moyen de contrôler cette envie irrésistible d’éclater pour tout et n’importe quoi.

Brisure : Mes parents ont décidé de divorcer. Étonnée sans l’être vraiment, j’ai écouté mon père, car pour moi, seul lui avait de l’importance à mes yeux tant j’en avais jamais eu dans ceux de ma mère. Cette mère qui, selon lui, avait osé le tromper, dilapider de l’argent, mentir toutes ces années car elle ne l’avait jamais aimé… La colère a été rude, je venais de terminer le Lycée. Alors j’ai suivi mon père, le seul qui semblait se soucier de me trouver un travail dans mon domaine de prédilection, le sport. Je n’ai eu aucun mot ni aucun regard pour ma mère au moment de partir, car au final, c’était bien tout ce qu’elle méritait. Ou du moins, je le pensais fortement.

Le doute : La colère a fini par retomber, et j’ai commencé à entrevoir la vérité. Mon père m’avait un peu baladée, je n’étais pas une sportive de haut niveau en devenir, et je me chargeais juste de l’aider lui dans son boulot de romancier. Un job que je n’aimais pas vraiment d’ailleurs… Alors j’ai douté… De moi, de lui, de tout. Il me manquait la défense de ma mère dans cette histoire de séparation qui était bancale. Pourquoi était-elle restée? Pourquoi ne pas être partie avec quelqu’un d’autre plus tôt vu son comportement avec nous ? Quelque chose clochait, et je devais savoir quoi.

La fugue : J’étais partie. Envolée. Laissant mon père seul avec sa paperasse et sans doute ses remords. Enfin de retour à Minneapolis avec le minimum pour survivre le temps d’un court séjour, je comptais bien vider mon sac et mettre un bon coup de pied dans la fourmilière pour savoir enfin le pourquoi du comment. Mais voilà, c’était plus facile de l’imaginer que de le faire, et j’ai été incapable de frapper à la porte de la maison. Ma maison.

Samir : Je n’avais pas la force, j’étais en colère, mais heureusement, Samir a été là pour moi. Il m’a accueilli chez lui suite à mon échec, et a su me remettre un peu les idées en place. Mais comme toujours, toutes les bonnes choses ont une fin, et il a fallu qu’une pluie de météorites vienne nous chahuter… L’événement étrange nous a fait rire avec le recul. Mais pas Longtemps non. Vraiment pas.

Ange déchu : C’était fini, le temps du répit. Je ne savais pas pourquoi mais suite à un ultime excès de colère refoulée, des ailes noires et fragiles étaient nées dans mon dos, dans la douleur et le sang, alors que j’étais chez Samir. D’ailleurs, je ne pouvais pas rester avec lui, je n’avais pas le droit de lui faire vivre ça. Alors j’ai fui, après avoir coupé une de ces abominations à plumes, le corps blessé emmitouflé dans un gros gilet pour affronter la pluie.


엄마: « J’ai besoin de toi, Maman. »
J’ai réussi. Je suis face à elle. Perdue, blessée, trempée, désemparée. Elle me demande ce que je fais là, pourquoi je ne suis pas avec mon père, à New-York. Alors je l’écoute, je rentre dans cette maison que je connais si bien pour ne pas attraper froid… Les autres mots, je ne les entends plus… « J’ai peur »  J’ai du mal à parler, les larmes finissent par couler… Elle est la seule en qui j’ai confiance, et le fait de la voir me prendre dans ses bras me donne clairement l’impression de m’être trompée pendant des années…

alors que je ne suis plus qu’une étoile brisée.


En savoir plus ? :

-Bo-ra est appelée Bonnie, prénom choisi par ses parents pour que cela soit plus simple pour elle en société.
-Elle a testé plusieurs styles de boxe et a toujours pris plaisir à apprendre de nouvelle techniques
-Elle a le profil d’une très bonne élève mais les aléas de la vie ont fait qu’elle a littéralement envoyé balader sa vie scolaire parfaite. A présent, moins elle en fait pour s’en tirer, mieux elle se porte.
-Elle n’a jamais eu une discussion franche avec sa mère, pourtant, en faisant voler en éclat les bases de sa colère, elle serait en paix avec elle-même.
-Elle ne sait pas encore la vérité sur les raisons du divorce de ses parents.